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Des photos et des jours

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mercredi 9 juin 2004

Vive le sport !

... et notamment le footing sous le soleil avec deux sacs à dos.


Je m'explique, en image :



Les plus avisés d'entre vous l'auront déja compris : c'est une gare de chemin de fer. Et la petite Molly, gentille lectrice de [.....]*, qui connait les lieux, l'aura sans doute reconnue comme étant celle de Rochefort.


Une gare donc. Même pas privatisée, pour le moment. A Rochefort. Et sans train. MAIS avec des voyageurs qui attendent un train. Il était 14h12, quatre minutes donc avant l'arrivée du train de 14h14 à destination de La Rochelle-ville, correspondance pour Paris-Montparnasse départ 14h44 voie A, veuillez emprunter les passage souterrain s'il vous plait.


Reconstituons le timing :
- 13h05 : je décide que j'aime mieux voir ma chère moitié trois heures plut tôt que prévu plutôt que de passer mon après-midi sur des registres qui ne m'aprendrons probablement pas grand chose, et puis après tout j'ai déja largement la doc suffisante pour mon mémoire, donc, bye bye le service historique de la marine ;


- 13h18 : passage à l'hôtel où m'attend mon sac à dos pour y déposer temporairement le sac à ordi ;


-  13h25 : toujours sur mon pesant vélo de location, passage à la gare, échange du billet, j'apprend que le train n'est pas à 14h42 comme je le pensais mais à 14h14. Bien.


- 13h40 : arrivée chez mon loueur de bicyclette, place de la poste (on peut être plus loin de la gare tout en restant dans le centre ville, mais pas tant que ça, surtout en se paumant un peu) ; là, un écriteau me rappelle qu'il est fermé de 12h à 14h, évidemment ("ah, ces parisiens", me direz vous...) ;


- 13h50 : absorption rapide d'un ersatz de vittel-menthe dans un rade des environs pour compenser le déficit hydrique croissant ;


- 13h56 : arrivée du loueur avec 4 minutes d'avance, j'ai toujours dit que les charentais maritimes n'étaient pas des vrais charentais, mais sur ce coup là, le l'aurais embrassé ;


- 13h58 : ma caution récupérée, je file à l'hôtel chercher mes sacs, en prenant soin de ne pas commencer à courir avant d'avoir tourné le coin de la rue pour ne pas faire naître des soupçons chez le commerçant susdit, puis passage au trot enlevé à travers le quadrillage des rues de Rochefort (théorème de la vie urbaine : si vous devez traverser rapidement un quartier dont les rues forment un damier, votre destination et votre point de départ forment une diagonale de ce damier) ;


- 14h04 : passage à l'hôtel ; beau score, je trouve, en tongs et avec les courbatures de la virée en vélo de la veille. Afin d'expliquer mon état de transpiration, donne l'heure de mon train : l'hôtelier court chercher mon sac à dos de base et le sac à dos de l'ordi et m'aide à charger le mulet, me souhaite bon courage pour le reste de mon trajet ;


- les 8 minutes qui suivent sont consacrées à une interminable ligne droite se terminant sur la façade art nouveau de la gare, avec sa pendule en plein milieu qui avance inexorablement.


Bref, j'ai eu mon train. Et s'il avait été à l'heure, je l'aurais eu quand même. Et du coup il ne me manque plus que la natation pour courir l'Iron Man.


Le Plume vous salue bien.


 


* compléter les pointillés avec la mention appropriée


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lundi 12 décembre 2005

Optimisme

Lu dans l'histoire de l'académie royale des sciences pour l'année 1779 :

« La guerre est un fléau, mais c'est la guerre elle-même, & non l'art de la guerre, qui est funeste : à mesure que l'art se perfectionne, les maux qu'elle enfante deviennent moins cruels ; car, plus les succès dépendent de la science & du talent, moins les passions & la fureur multiplient les massacres & la dévastation. Ainsi, en même temps que les progrès des lumières en morale rendront les guerres plus sages & moins acharnées, les progrès des lumières en physique les rendront moins sanglantes & moins destructives. Il est donc permis, sans blesser l'humanité, de louer des travaux qui ont pour objet la perfection d'un art destructeur. »

Condorcet, « Éloge de M. le comte d'Arci », Hist. Acad. Roy. Sci., 1779, pp. 54-90.

Comme quoi tout le monde peut se tromper.


Un instrument pacifique utilisé pour la perfection d'un art destructeur : l'avion d'instruction Fouga Magister, Rochefort, juin 2004.

Au fait, ce M. d'Arci (ou d'Arcy) est un militaire, savant et homme d'affaire d'origine irlandaise, né à Galloway en 1725 et mort à Paris en 1779. Il a fait quelques expériences ratées en matière d'artillerie, ce qui lui vaut ces réflexions de Condorcet, et était par ailleurs un des principaux actionnaires de la compagnie des mines de Basse-Bretagne, où les Jacobites exilés en France avait pas mal investi. Il était aussi un bon vivant, si l'on en croit un autre passage, assez peu élogieux somme toute, de l'éloge sus-cité :

« D'ailleurs, M. d'Arci vivoit dans le monde, & avec une belle figure, une taille avantageuse, un caractère ardent, une ame active, il étoit difficile qu'il ne se laissât point antraîner à une dissipation dont la constitution lui permettoit d'oublier la fatigue pour n'en sentir que les plaisirs ; & l'emploi de ses talens pour les Sciences a dû souffrir quelque-fois des autres avantages que la Nature lui avoit donné. »,

Condorcet, op.cit..

Sur ce, je rentre en vitesse faire souffrir la science des autres avantages que la nature m'a donné... Euh... Enfin, bref, je file.

Le Plume vous salue bien.



lundi 19 décembre 2005

Si par un soir d'hiver un voyageur

Un quai de gare en hiver. Au delà du passage souterrain, une ville que je ne connais presque pas - mais de toute façon, je ne fais que passer. Vu depuis la gare, elle parait un peu triste, mais toutes les villes ont l'air triste vues depuis les emprises des chemins de fer - et toutes les villes ont l'air triste pendant les dix journées les plus courtes de l'année.


Gare de Poitiers, ce matin, entre 12h17 et 12h27.

Pourquoi Poitiers, alors que c'est à Angoulême que je me rendais ? Parce que, si le TGV 8417, qui part à 10h45 à destination de Bordeaux, quoi que limité aujourd'hui à Libourne pour travaux, dessert bien Angoulême, le TGV 8319 à destination de La Rochelle part, lui, à 10h50 de Paris et arrive à 12h17 à Poitiers d'où part à 12h27 le TGV 8417 dont on parlait plus haut. On gagne donc cinq minutes au départ, ce qui, quand on est à la bourre fait un monde de différence. Même si là je ne l'étais pas, à la bourre.

Un quai de gare en hiver ; on ne fait que passer. No business here. Dix minutes sans rien du tout - finalement, pourquoi pas ? Par contre j'aurais dû mettre des mouffles.

le Plume vous salue bien.


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mercredi 2 mai 2007

Débat

Comme le chantaient Paul Simon et Art Garfunkel pas très longtemps après Mai 68 :

Watching the candidates debates, Yeah
Laugh about it, shout about it, when you've got to choose
Anyway you look at it you lose!
Alors que le débat suit son cours, mon pessimisme reprend nettement le dessus. Va falloir trouver les bonnes puissances à invoquer...


La Montagne Saint-Victoire depuis Le Tholonet (Bouches-du-Rhône), mars 2003.

Sainte Victoire, tiens, ça pourrait peut-être le faire ? Ah, non, c'est censé être des trucs de droite, ces machins-là.

Nous voilà bien, tiens. Va donc falloir compter sur le fameux « sursaut citoyen ». On était si bien, hier, à Charléty !

Le Plume vous salue bien.



vendredi 12 août 2005

Back to Briançon

Non, je ne suis pas reparti dans les Alpes ; c'est juste ce blog qui revient un petit peu en arrière. Je me rends en effet compte que je n'ai pas mis de photos de Briançon dans ces pages, ce qui est un manque cruel. Il s'agit tout de même de la sous-prefecture la plus haute de France. Enfin je crois. En tout cas, la ville haute et sa citadelle, fortifiés par Vauban pour défendre la route du Montgenèvre, vallent franchement le coup d'œil.


Briançon : l'accès à la citadelle depuis la porte de Pignerol.

Sur ce, moi, je vais mettre la viande dans le sac sans tarder. Passé une bonne partie de l'après-midi à débiter à la scie du sycomore tombé il y a quatre ou cinq ans, résultat, je suis rincé.

Le Plume vous salue bien.



mardi 11 octobre 2005

À propos de montagnes

Comme me l'ont presque fait remarquer mes gentils lecteurs (ou plutôt dans ce cas d'espèce mes gentilles lectrices), la Suisse n'a pas le monopole des montagnes. Mais même dans les contrées où la monnaie, la langue et les timbres-poste me sont familliers, les paysages de montagne me dépaysent et me laissent le souffle court.


Briançon (Hautes-Alpes), la ville haute et la collégiale, 5 juillet 2005.

Le Plume vous salue bien.



jeudi 2 février 2006

Vauban

Pas beaucoup d'architectes en France qui ont laissés autant d'œuvres derrière eux que Vauban (1633-1707). Enfin, architecte, je ne pense pas qu'il se serait désigné comme ça. Ingénieur militaire, plutôt, probablement. Enfin, si j'en crois le bouquin de Langins sur la question, il a fortifié 160 sites en tout, l'animal. Pas étonnant qu'à la fin de sa vie il ait longuement médité les moyens de remédier à la crise des finances royales : l'avait un peu contribué à la chose... Bref, du Vauban, il y en a un peu partout, de Camaret (Finistère) à Neuf-Brisach (Haut-Rhin). Et la ville haute de Briançon :


la porte de Pignerol à Briançon (Hautes-Alpes), juillet 2005.

Pignerol, j'en ai déjà parlé, c'est Pinerolo, au Piémont, l'un des débouchés sur la plaine du Pô des vallées qui descendent du Montgenèvre. Et la route du Montgenèvre, elle part précisément de là. Enfin, partait : maintenant, elle passe un peu à côté, parce que les rues de la ville haute, elles sont un peu justes pour ce genre de trafic.

Voici donc une porte de ville qui est restée une véritable porte - d'ailleurs une inscription sur le mur précise qu'« il est interdit de trotter sous la porte. » Et qui est en même temps la porte d'un col, vu de l'intérieur, et la porte du pays, vu de l'extérieur. Tout ça méritait bien fronton et pilastres, non ?

Le Plume vous salue bien.



lundi 13 février 2006

Ingénions-nous

J'avais écris une longue entrée à propos du concept d'ingénieur en histoire des techniques, illustrée par cette photo des environs de la porte de Pignerol, à Briançon, que je vous avez déjà montrée.


Briançon : travaux d'adduction de la ville haute, cliché de juillet 2005.

À la réflexion, l'entrée est bien trop longue pour ces pages et est donc partie dans la rubrique histoire de dire où vous pourez la retrouver. J'y ajoute tout de même que je tombe à l'instant sur un passage du bouquin d'Hélène Vérin qui cite en exemple de la naissance du corps des ingénieurs des Ponts-et-Chaussées les travaux de la route de Briançon à Pignerol, entrepris en 1679 (Hélène Vérin, La gloire des ingénieurs, p.201). Comme quoi mon illustration n'était pas mal choisie, ah, mais !

Le Plume vous salue bien.



samedi 19 mai 2007

Allegro ma non troppo

Rédaction, toujours. Réévaluation des objectifs aussi. Les paris stupides ont leurs limites ; je tiens à boucler ce travail mais pas en y laissant ma santé, mentale et physique.


La porte de Pignerol à Briançon, juillet 2005.

Le Plume vous salue bien.



lundi 23 juillet 2007

Ombre et lumière

Juste une image pour ce soir : ombre et lumière avec un coin de ciel bleu.


Briançon (Hautes-Alpes), matin du 5 juillet 2005.

En passant, cette photo est l'exact opposé de mes élucubrations de ces derniers jours sur le charme des réglages subtils des reflex argentiques en mode manuel : du point and click pur avec le compact numérique Canon. Et j'aime ça, en plus.

Le Plume vous salue bien.



lundi 9 janvier 2006

altitude

Allons, allons, plus de photos de routes de montagne, moi ? J'aurais dû vérifier mes archives avant de dire une chose pareille !


Route du Montgenèvre, Hautes-Alpes, juillet 2005.

J'ai la vague idée que le paysage au dessus de Briançon est un petit peu différent en cette saison, mais allez savoir...

Le Plume vous salue bien.


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jeudi 7 juillet 2005

Ma campagne d'Italie

Se rendre en Italie par voie de terre, c'est suivre une route chargée d'histoire, d'histoire-batailles : des siècles de rêves italiens du pouvoir français, des derniers capétiens à Bonaparte.

Ça commence, comme il ce doit, par une traversée des Alpes. On n'est pas forcé de sortir de Paris par la place et la porte d'Italie (je suis passé par Denfert sous une pluie battante) mais ensuite il faut bien traverser la Bourgogne avant de sentir, du Beaujolais aux confins du Dauphiné, le paysage se refermer peu à peu avant d'aboutir, passé Grenoble, dans les obscures valées où sévissait naguère le divin Marquis et certains de ses plus sinistres personages.

Parfois, au détour d'une route impossible, on tombe sur une retenue d'eau où se reflète la lumière d'un ciel tumultueux :


Barrage du Chambon, Isère (ou est-ce déjà les Hautes-Alpes),km680, lundi 4 juillet 2005 vers 19h.

Ensuite ce sont les cols : le Lautaret et son herbe encore jaune de la récente fonte des neiges, puis le Montgenêvre après une escale, comme vous le savez, dans la presque italienne Briançon - le tout avec, en complément de la sauvagerie des paysages de haute montagne, des dizaines de semi-remorques en guise de dragons, qui préfèrent une amende somme toute modeste à l'attente pour passer l'unique tunnel alpin en service...

Après, ce sera la descente vers le Piémont, mais ça, ce sera pour une autre entrée.

Le Plume vous salue bien depuis les hauteurs de Rapallo.

P.S. : par pitié, permettez-moi d'ignorer encore quelque jours la folie meurtrière des hommes...



jeudi 20 octobre 2005

Brumes

Aujourd'hui brumes matinales persistant jusqu'en soirée. Dans mon crâne en tout cas.


L'autoroute A48 près de Grenoble par temps de pluie, le 4 juillet 2005.

Vais me pieuter moi. Deux dafalgan et au lit.

Le Plume vous salue bien.



samedi 22 mai 2004

En réponse à la demande populaire...

...et malgré la fraîcheur de l'air ce matin, le retour des glaçons.

Ici, le passage au nord de l'Arve Prinsen Eijland, une île longiligne proche de l'Eqip Sermia (cf. ma photo de l'autre jour). C'était pas complètement gagné à l'avance qu'on puisse passer, mais finalement, pas de problème.

Eclairage de fin de journée, ce qui début août par 70° degrés nord veut dire tard le soir..

Pour une meilleure compréhension de ces photos, voir les cartes tirées du bouquin de de Cayeux dans la rubrique "histoire de dire" !

Le Plume vous salue bien.


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dimanche 19 novembre 2006

Détour nordique

Hasard de mes archives photographiques : pour aller un peu à l'Est, on se déplace nettement au Nord. Une plage, toujours, mais ce n'est pas tout à fait le même genre.


Arve Prinsen Eijland, Groenland, août 1993.

Une plage de gros galets ; derrière, des cabanes de chasseurs - on vient par là en été de la ville voisine chasser le phoque dans les détroits et le fjords des environs. Un bon coin, semble-t-il.

De l'autre côté des cabanes, les fragments d'icebergs, venus directement du grand glacier Eqip Sermia, fondent doucement au pâle soleil de l'été arctique.

Le Plume vous salue bien.

P.S. : pas de carte assez détaillée de ce coin pour une entrée cartographique - j'en ai commandé une, je vous en montrerai un morceau quand elle sera arrivée. En attendant, vous avez droit au centre de Washington, D.C. : plus à l'Est, mais plus au Sud.



mercredi 14 septembre 2005

À la fenêtre (les p'tits bateaux, 7)

Une ligne maritime régulière de transport de passagers, c'est comme un train : on a tout le temps de regarder par la fenêtre. C'est le cas si l'on emprunte le M/S Sarpik Ittuk, des Arctic Umiaq Lines (qui d'ailleurs ne devaient pas s'appeler comme ça à l'époque), qui parcours la côte groenlandaise en desservant les villes et les principaux villages qui s'y trouvent. Bien sûr, on ne risque pas de voir des vaches qui regardent passer le train :


par la fenêtre du Sarpik Ittuk, fin août 1993.

Ce bateau, c'était la première étape du retour après un voyage quelque peu mouvementé. Retour vers quoi ? Vers les incertitudes d'une vie adulte qui n'arrivait pas à démarrer - elle a pris un tournant favorable peu après mais je ne pouvais bien sûr pas le savoir. C'était, au bout du compte, la continuation d'une longue série de départs, sans qu'il y ait d'arrivée en vue. Point positif : j'avais évité un nauffrage réel sur le bateau précédent, nettement moins adapté que celui-ci à la navigation dans la région et qui avait par conséquent été victime d'une sérieuse voie d'eau. Je n'avais pas apprécié à l'époque la portée métaphorique de ces événements et c'est sans doute tant mieux.

À partir de là, tout était à reconstruire. Ça a pris du temps, beaucoup de temps ; sans doute est-on encore loin du compte - mais tout de même, il y a eu du chemin de fait.

Le Plume vous salue bien.



lundi 27 juin 2005

Sortons les glaçons

Par le temps qu'il fait, quelques glaçons, ça s'impose. Pas trop, juste histoire de raffraîchir un peu...


En descendant le détroit de Davis, Groenland, août 1993, dix heure du soir environ.

Ce petit glaçon, juste sous la poulie de bastaque et qui fond doucement au soleil boréal, dérivait tranquilement vers le sud. Quelques dizaines de mètres de long, sans doute ; peut-être un peu plus : avec le contre-jour, diffficile d'évaluer les distances. Nous le dépassions, route au sud-ouest, vers la suite des événements.

Un jour peut-être je retournerai naviguer dans ce coin - qui sait, sur ma propre coque ? Il y a en mer des moments comme ça, qui gomment les coups de vents, le pain rassis et les bottes humides...

Le Plume vous salue bien.



samedi 19 novembre 2005

Aglagla

Comme disait le vieux marin de Gotlib dans un vieux Rubrique-à-brac (ou était-ce un Truc-en-vrac ?) « j'l'avions bien dit que ça allait fraîchir ! »


Plutôt frisquet pour un dix août : détroit de Davis, Groenland, août 1993.

En plus de la météo, deux rencontres avec le Grand Nord aujourd'hui : discussion fort intéressante avec une étudiante qui étudie les baleiniers basques su la côte du Labrador au XVIème siècle ce matin et une émission de télévision un petit peu décevante sur le passage du Nord-Ouest ce soir. Pas facile de rendre l'ambiance très particulière de ces coins-là.

Côté soleil : la Madame est rentrée ce soir d'un raid express à Perpignan, avec une cargaison d'huiles en direct du marché aux olives. Du coup, il fait nettement moins froid.

Le Plume vous salue bien.



dimanche 3 juin 2007

Voyage d'été

Quand on a une correspondance entre deux avions, on prend rarement le temps d'aller faire de la marche autour de l'aéroport. À Detroit, ça se comprend ; dans d'autres coins, ça peut valoir la peine.


Les environs de l'aéroport de Kangerlussuaq/Sondre Strömfjord, Groenland, été 1993.

J'avais le temps, il faut dire : douze heures entre le jet qui m'amenait de Copenhague et l'avion à hélice des lignes intérieures qui devait me conduire à ma destination. Et les journées sont longues, en été, à ces lattitudes. Alors, petite marche dans les collines qui dominent le fjord, à la lisière de nulle part. En amont, les rivières déboulent de l'inlandsis tout proche qui illumine les nuages. En aval, 170 km de bras de mer pour rejoindre la baie de Baffin...

Le Plume vous salue bien.



lundi 7 mars 2005

Vu du ciel

Alors que mon P.C. est en pleine crisede virus, je me raffraîchis rapidement les méninges avec une petite photo d'un de mes paysages préférés, le Groenland vu du ciel :


le Sud-Est du Groenland, vol UA943 Paris-Chicago, 7 août 2004.

Au risque de me tordre le cou et de me coucher sur les genoux de mon voisin, c'est un spectacle que je ne rate pas, dès lors qu'un avion me fait passer par ses régions (ce qui est le cas de tous les vols au départ de l'Europe et à destination de l'ouest ou du middle-ouest américain).

Tout ceci n'ayant bien sûr rien à voir avec le temps précieux que je perds ces derniers temps à jouer à Flight Simulator. Ou disons que ceci est une conséquence de cela.

De toute façon, ce soir, l'informatique a décidé de me faire perdre mon temps autrement. Groumpf.

Le Plume vous salue bien.


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dimanche 10 décembre 2006

Rivages arctiques

Un vendredi crevant, un samedi épouvantable, un dimanche à tenter de refaire surface... J'ai au moins réussi à remettre en état notre installation électrique, merci Monsieur BHV d'avoir ouvert aujourd'hui.

Résultat, pas de blog hier, pas d'entrée historique vendredi, et pas d'entrée cartographique ce soir. Top vanné. En échange, une illustration de l'entrée cartographique de la semaine dernière :


La côte sud du Groenland aux environs de Julianhåb, fin août 1993.

C'était des journées en suspension, à bord du ferry MS Sarpik Ittuk, de la compagnie de navigation côtière groenlandaise - principal moyen de transport, en été, dans ce pays dont la surface habitable se réduit à une longue bande côtière. En suspension, entre un quasi-nauffrage et le retour vers un avenir qui se dérobait.

Il y a eu du chemin de parcouru, depuis. Et c'est tant mieux.

Le Plume vous salue bien.



mercredi 19 mai 2004

Encore des glaçons ?

Même température -- même tarif, même punition.

Toujours août 1993, toujours le Groënland, toujours à bord de Nozas Sklaz, vaillant armagnac mauve (enfin, il est resté vaillant jusqu'à ce qu'il y ait un trou dedans, mais ça c'est produit 10 jours plus tard). Ici, dans l'Isfjord (le fjord glacé quoi) d'Illulissat, anciennement Jakobshavn, le plus gros fournisseur d'icebergs de l'hémisphère nord. Navigation déconseillée. Mais bon, par calme plat...

Le Plume vous salue bien.


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mardi 8 mars 2005

Un peu plus bas, le ciel

Pour compléter l'entrée d'hier, une vue de la côte groenlandaise opposée (nord-ouest donc, enfin, plutôt ouest, somme toute : on n'est pas à Thulé, non plus) ; vue du ciel aussi, mais moins haut. Les De Havilland Dash-7 de la compagnie Grønlandsfly sont des quadrimoteurs à hélices étudiés pour décoller et aterrir sur des pistes qui seraient beaucoup trop courtes pour des appareils de même taille ; par contre, du coup, ils volent pas bien haut.


L'Ilulissat Isfjord vu d'un DHC-7 de la Grønlandsfly, 4 août 1993.

Tant mieux : ça permets d'apprécier les paysages hallucinants des marges de la calotte glaciaire et, juste avant l'arrivée à Ilulissat/Jakobshåvn (*), le survol de l'Isfjord, le plus gros producteur d'icebergs de l'hémisphère nord. Pour donner l'échelle, il fait plusieurs kilomètres à son point le plus étroit. J'avais dû vous montrer quelques photo du même endroit prises au niveau de la mer, non ?

Sinon, le temps se réchauffe, ne trouvez-vous pas ?

Le Plume vous salue bien.

(*) car si les noms de lieux danois avaient déjà été remplacés par des noms groenlandais, ce n'était pas encore clair pour les systèmes de réservations aériennes. D'où flottement, à l'aéroport de Sondre Strømfjord, ou plutôt Kangerlussuaq : mon billet était pour Jakobshåvn mais mon avion était pour Ilulissat...


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mercredi 29 juin 2005

La partie immergée de l'iceberg

Proverbialement cachée mais bien visible sur cette photo :


Dans l'Isfjord d'Ilulissat/Jakobshåvn.

On voit très bien, en bleu plus clair, un petit éperon de glace vicelard qui dépasse sur la gauche. On distingue aussi une ligne de pêche, amarrée à une sorte de bosse près du bord droit de la photo et qui plonge dans l'eau de l'autre côté. Comme quoi, ce n'est pas si dangereux, ces glaçons, on peut grimper dessus si on veut... D'un autre côté, il y beaucoup de veuves de pêcheurs dans les villes groenlandaises.

Ce qu'on voit moins bien, c'est la limite entre la glace et le ciel : si l'on excepte les maisons multicolores, importées du Danemark, le Groenland est souvent un monde en noir et blanc, et en nuances de gris. Même si la glace elle-même a des teintes bien plus variées qu'on l'imagine : bleu pour les eaux de fonte superficielle qui ont regelé par la suite, toute les nuances de gris et de rouge lorsque la glace est teintée par la poussière amenée par le vent, carrément noire pour la glace de moraine saturée de sédiments... De la couleur là où on l'attend le moins.

Le Plume vous salue bien.



lundi 12 septembre 2005

Les p'tits bateaux, 6 ou « Pourquoi pas ? »

Cette série pourrait continuer indéfiniment - je crois avoir un nombre de bateaux, navires et autres embarcations plutôt conséquent dans mes archives. Mais cette rubrique ne s'appelle pas le bateau du jour ; il y en aura encore un ou deux dans cette série, histoire toujours d'oublier la rentrée, puis nous passerons à autre chose. Il est vrai que, n'ayant pris pratiquement aucunes photos pendant ces trois dernières semaines, je n'ai pas beaucoup de nouveautés à montrer... Là encore, c'est une question de réadaptation - sans compter les questions d'éclairage, bien sûr.

Il n'aura échappé à aucun de mes lecteurs que je n'ai jamais défini la nature de ce blog (ou plutôt de cette rubrique) autrement que par sa contrainte initiale : une note par jour illustrée d'une photo de mon cru. Est-ce un blog de photographies ? Est-ce un journal personnel illustré ? Je n'ai pas de réponse à ça, bien sûr. Ceci dit, même si j'aime les belles images et que je suis particulièrement content lorsque par extraordinaire j'arrive à en produire, j'aime à croire que l'objet de ce blog n'est pas les photos que j'y affichent, ni bien sûr leur auteur, mais ce qu'elles montrent - le plus de choses possibles, le plus de lieux possibles. Parce que, comme disait l'explorateur Charcot, « il faut aller voir, aller voir, aller voir. »


Groenland, Ilulissat Isfjord, août 1993.

Sur ce j'arrête là l'introspection pour me préparer à une douche raffraîchissante sur la route du retour.

Le Plume vous salue bien.



mercredi 30 mai 2007

En long

Pour
changer
une entrée
toute en longueur
et qui ne nous réchauffe pas.


Ilulissat Isfjord,
Groenland,
été 1993.

Le Plume vous salue bien.



samedi 26 juin 2004

A propos d'un documentaire-catastrophe diffusé hier soir

...et ce n'est pas du foot que je parle, mais d'un documentaire anglais mal fichu de 90 (longues) minutes intitulé "coup de froid sur l'Europe" (je crois) et diffusé sur la 2ème chaîne en fin de soirée. En plus de m'avoir cassé les bottes avec ses images grandiloquentes et sa réalisation digne du club vidéo de la MJC du coin, il m'a laissé extrêmement perplexe du point de vue scientifique. Je ne peux donc que vous faire part de ma perplexité, en espérant que tous les climatologues et océanographes qui me lisent (ha!) pourront m'aider à y voir clair.

Je résume l'argument :

Et là, j'avoue que je ne suis plus, pour plusieurs raisons : d'abord, sur l'apport d'eau douce. Il suffit de regarder une carte pour se rendre compte que la quasi-totalité des écoulements d'eau douce issus d'une diminution de l'inlandsis groënlandais s'écoulerait vers l'ouest, la côte est du Groënland étant bordée presque partout d'une sorte de cordillière. D'ailleurs, l'exemple pris pour montrer l'accélération des emissions d'eau douce est celui du glacier de Jakobshavn (on dit Illulissat maintenant, M. le réalisateur), situé à peu près au milieu de la côte ouest. Et un courant froid peu salé descendant de la côte ouest du Groënland par le détroit de Davis, ça s'appelle le courant de Terre-Neuve et ça n'a rien de nouveau.

De même, les grands fleuves sibériens : tous trois (Ob, Iénnissei et Léna) se jettent dans l'Arctique à l'est de la Nouvelle Zemble. Or, les courants marins dans l'arctique allant plutôt à ma connaissance d'ouest en est, je ne vois pas plus de raison pour que cette eau arrive en mer de Norvège plutôt que n'importe où ailleurs.

Mais ce n'est pas là qu'est mon principal problème. Une des bases de l'océanographie, c'est que les masses d'eau se mélangent très peu, surtout si leur propriétés physico-chimiques sont éloignées. Par conséquent, à supposer qu'arrivent dans le Nord-Ouest de l'Atlantique des masses d'eau froide et faiblement salée, succeptibles de faire baisser la salinité moyenne de l'ensemble, on les voit mal se mélanger avec les eaux du Gulf Stream au propriétés opposées. Au contraire, elles tendraient à passer au dessus du Gulf Stream, renfoçant l'enfincement -- ou, si l'on préfère, le Gulf Stream, arrivant dans un "milieu" encore moins salé qu'avant, "perdrait pied" encore plus vite. L'enfoncement des eaux du Gulf Stream en mer de Norvège ne serait pas ralenti, voir stoppé, mais au contraire accéléré...

Deux possibilités : Je n'ai rien compris, soit à leurs arguments, soit aux grands principes de la dynamique des océans ; ou alors, ce documentaire est une vaste foutaise. Y a-t-il un océanographe dans la salle ?


Un glacier dans la région de l'Eqe, proche de l'Eqip Sermia, août 1993.
Noter le recul visible de cette langue de glace issue directement de l'Inlandsis, qui commence juste à gauche de la photo.
Cf. cartes de la région issues du bouquin de Cayeux dans ma rubrique "histoire de dire", 22 mai 2004. Il s'agit, je pense, de la pointe de glace sur laquelle est écrit "camp 2" sur la troisième carte.

Je sais, par rapport à la photo d'hier, on change d'ambiance, gaffe au choc thermique. Ceci dit, je cous rassure : le Groënland en août, côté climat, c'est plus proche de la banlieue de Quimper un dimanche de janvier (comme dirait Léandri) que du pôle sud à la mauvaise saison.

Le Plume vous salue bien.


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samedi 28 janvier 2006

Hivernal

Attention, ceci n'est pas un scoop : à nos latitudes, en hiver, il arrive qu'il fasse froid. À en croire la radio et la télévision, ce serait pratiquement inouï... Bon, d'un autre côté, ce sont les mêmes qui avaient l'air d'être surpris par la prévisible victoire du Hamas aux élections palestiniennes - quand en on est là, finalement, quoi de plus naturel que de faire un événement de ce qu'il neige en janvier.

Cette introduction pour arriver à une photo plutôt glaciale elle aussi, bien que prise aux environs du quinze août. Et pas dans l'hémisphère sud, non, loin de là...


Les confins de l'inlandsis groenlandais, août 1993.

Étrange paysage que celui des moraines de la calotte glaciaire : les débris de roche sont noirs comme l'encre, la glace est blanche, avec toutes les nuances de gris - pratiquement pas la moindre couleur. De l'autre côté de la limite, avant la glace, on est dans les bruyères et les schistes cryoclastés, avec toutes les nuances de vert, de brun, d'ocre, de mauve. Et là, d'un seul coup, on est transporté dans un monde en noir et blanc. Et si l'on avançait un peu, au delà de cette frange bicolore, il n'y aurait plus que le blanc, sur des centaines et des centaines de kilomètres.

Mais nous n'avons pas été plus loin, bien sûr, n'ayant ni l'expérience, ni l'équipement nécessaire. Et la dizaine de kilomètres de terrain montagneux qu'il fallait faire pour retourner au bateau était déjà bien suffisante.

Tout ça ne nous réchauffe pas, en tout cas !

Le Plume vous salue bien.



mardi 6 mars 2007

Année polaire

À partir de jeudi, dans le bel amphithéatre du Muséum d'histoire naturel, un colloque plutôt prometteur sur les sociétés arctiques, dans le cadre de l'année polaire internationale. C'est présidé par Malaurie et organisé par un copain, c'est dire à quel point c'est prometteur.


Un petit lac de fonte à la lisière de la calotte glaciaire, Groenland, août 1993.

Je vais y aller, au moins un petit peu. J'ai toujours un petit bout de Groenland dans la tête.

Le Plume vous salue bien.



dimanche 28 novembre 2004

Points cardinaux 1 : Nord

Etant donné que ce dimanche a vu la réalisation intégrale du programme dont je parlais hier (à savoir, rien), je ne suis pas parti sur mon vélo en safari photo comme je l'avais envisagé dans un moment de folie ce matin. Alors du coup, je commence une série dominicale des points cardinaux : des lieux où j'ai été trainer mes guêtres, aux quatre coins.

Côté Nord, ce serait le glacier Eqip Sermia, sur la côte ouest du Groenland, où l'Inlandsis est tout près de la mer, un petit bras de mer qui donne sur la baie de Disko.


69°40' N, 50°20'W, Groenland, août 1993.

La luminosité blanche du ciel, c'est la lumière qui se réfléchit sur la calotte glaciaire. Elle commence juste en haut du glacier pour aller jusqu'aux montagnes de la côte est.

Curieux pays, qui vit sur quelques kilomètres de large, entre la glace invivable et une mer très peu hospitalière -- enfin, l'été ; l'hiver, elle est gelée. Et des gens qui vivotent entre aide sociale et bière les jours de paye... Curieux pays, rude pays. J'y retournerais sûrement un jour.

A suivre : dimanche prochain, l'Ouest.

Le Plume vous salue bien.

Les points cardinaux :

  • Nord : 69°40', 50°20'W, Groenland, août 1993 (Eqip Sermia)


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mardi 18 mai 2004

Avec des glaçons ?

Bon. 35° dans le bureau dès le matin : il est temps de ressortir les photos du Groënland pour se raffraichir les idées... J'avais pris ces photos lors d'une navigation sur la côte ouest du Groënland avec un type qui semblait vouloir aller dans les eaux les plus inappropriées possible pour le type de bateau qui avait sa préférence, à savoir les plans Harlé en contrplaqué. Bateaux extrêmement marins certes, mais le contrplaqué n'est pas reconnu pour sa résistance au poinçonnement -- ennuyeux lorsque les eaux que l'on fréquentent sont susceptibles d'avoir pas mal de cailloux dans les lentilles...

Voilà : août 1993, dans l'Eqip Sermia, au nord de la baie de Disko, ancien point de départ des expéditions polaires françaises vers l'inlandsis tout proche (c'est lui qui produit cette luminosité blanche derrière le glacier).

Raffraichissant, non ?

le Plume vous salue bien.


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vendredi 25 février 2005

Une ville, ailleurs (mais pas beaucoup plus chaud)

Puisque le temps s'y prête, pourquoi ne pas vous emener au Groenland ? Le Groenland au mois d'août, rassurez-vous. Pendant les trois semaines que j'y ai passées, il n'a jamais gelé... Il n'aurait sans doute pas fallu attendre beaucoup plus, toutefois.

Je vous raconterais peut-être un jour ce voyage étrange dans ce pays qui ne l'est pas moins, à une période de ma vie passablement flottante. Mais là n'est pas mon sujet.

Fiskenæsset est une petite ville, un village plutôt, du sud-ouest du Groenland (environ 63° de lattitude nord). on a du mal à parler de village dans la mesure où ces petites villes groenlandaises sont largement artificielles, nées de la volonté danoise de rassembler la population là où elle pouvait être éduquée et soignée. Cela donne ces objets urbains étonnants, sans rues car sans voitures (qu'en ferait-on pendant l'hiver ?), sans guère de plan d'ensemble, entièrement construits en bois dans un pays où il n'y a pas un seul arbre.


Fiskenæsset (ou Qeqertarsuatsiaat), août 1993.

Certaines villes, un peu plus grandes, avaient une certaine vie, étaient même franchement sympathique : Sisimiut, plus au nord ; Paamiut, un peu plus au sud. Mais Fiskenæsset était positivement sinistre. Personne, nulle part, à part un adolescent plus ou moins autiste sur une balançoire... Peut-être le plus grand nombre était-il éparpillé dans les îles alentours, profitant de la fin de l'été pour aller à la chasse ou à la pêche... Mais à Paamiut, quand nous évoquions notre passage à Fiskenæsset, on levait les yeux au ciel : la ville avait semble-t-il mauvaise réputation.

Mais peut-être cette ambiance lourde venait-elle de nous : ambiance du bord, plombée par les soucis respectifs d'un équipage pourtant réduit au minimum, par les incompatibilités d'humeur, par la fatigue aussi.

Un ou deux jours plus tard, pendant l'étape suivante, surpris par un coup de vent dans un passage délicat, nous heurtons un growler, un petit bloc de glace flottant entre deux eaux. Voie d'eau importante(*), réparation de fortune, c'est après trois jours que nous rejoignons Paamiut, nos affaires trempées et le moral en berne. Mais ceci est une autre histoire.

Le Plume vous salue bien.

(*) Serait-ce la lecture du Lord Jim de Conrad qui me ramène à cet épisode ?


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samedi 10 mars 2007

Arctique

Le colloque organisé ces jours-ci par Jean Malaurie et Jan Borm (j'en parlais mardi dernier) avait un mérite : rappeler que l'arctique, ce n'est pas seulement des stations polaires, des expéditions scientifiques et des mesures météorologiques ; l'arctique, c'est aussi des gens - car l'homme est ainsi fait qu'il s'installe partout où la survie est possible, même si c'est de justesse.

À cette conférence, donc, des météoroloques, des géophysiciens, des biologistes ; mais aussi (« aussi », pas « à la place de ») des anthropologues, des éducateurs, des poètes. S'il y a un apport majeur de Jean Malaurie, c'est bien celui-là : venu au Groenland pour y étudier les talus d'éboulement et cartographier le plateau cambrien du Grand Nord groenlandais, il y a ajouté l'étude des peuples, des Inuit de l'extrême-Nord en particulier, ses « derniers rois de Thulé » - une étude dont le point de départ assumé est une profonde amitié.


Le navire Sarpik Ittuk, des lignes régulières groenlandaises, largue les amarres au port de Paamiut, fin août 1993.

Lors de mon séjour à Paamiut, un jeune Groenlandais avec qui j'avais sympathisé m'avait offert un tulapik, une petite statuette en ivoire de morse, portée en pendentif. J'étais fier de l'arborer aujourd'hui.

Le Plume vous salue bien.

P.S. : comme ne le montrent pas les ombres portées, la photo a été prise en milieu de journée... Quant à la luminosité du ciel, elle ne vient pas d'un contre-jour, comme le montrent pour le coup les ombres des gens restés sur le quai, mais de la calotte glaciaire, à une vingtaine de kilomètre, et de ses prolongements vers la mer : l'iceblink.



lundi 5 décembre 2005

Tout cassé, encore...

C'est dingue, comme une élévation de quelques degrés de la température corporelle peut changer votre vision du monde, non ?


Trois photos en une, Monasterboice, County Louth, Ireland.

Bon, O.K., faut que j'arrête de me lamenter sur mon sort : je suis en bonne santé ; je me débrouille juste pour chopper tous les trucs qui passent en cette saison. Ou alors les chapatis d'hier soir étaient frelatés. Allez savoir.

Le Plume vous salue bien et retourne se coucher.



dimanche 3 décembre 2006

Europe, 7 : Western World

Réveil ce matin au son du vent - non pas dans les branches d'arbres mais dans les feuilles du lierre qui orne la fenêtre. Un bon coup de vent d'automne qui vient me rappeler fort opportunément que je n'ai pas encore trouvé moyen d'ajuster une fenêtre mal jointive... L'air atlantique m'incite à poursuivre cette séquence européenne en vous parlant d'Irlande.


Monasterboice, County Louth, Irlande, juillet 1992.

Cette photo date de mon unique voyage en Irlande, à l'été 1992, peu après la croisière ibérique dont je parlais hier : mes moyens photographiques étaient tout aussi déplorables. Un beau voyage. J'aime ce pays, et pas seulement les côtes sauvages de l'Ouest : les campagnes centrales, la côte un peu grise de la mer d'Irlande... Pas assez de temps consacré à Dublin ; d'après ce qu'on me dit, ce ne serait de toute façon pas le même Dublin aujourd'hui.

J'aime l'Irlande, sans pour autant faire dans l'irlandomanie. La plus célèbre pièce de Synge, The Playboy of the Western World, avait déclenché la fureur des nationalistes parce qu'elle n'était pas assez patriotique ; j'aime bien justement son ambivalence. Un pays plein d'ambiguités mais qui tout au moins a réussi à tourner le dos à la violence de sa naissance, et ce n'est pas le moindre de ses mérites - la comparaison avec l'Irlande du Nord est assez éclairante sur ce point. Un pays en mouvement, aussi, tout comme le Portugal dont on parlait hier.

Évidemment, question météo, il y a des gens qui préfèrent passer leur vacances au Portugal. Étonnant, non ? Pourtant, le climat irlandais est des plus tempérés, même s'il est vrai que les tempêtes d'automne dont je parlais au début s'y rencontrent dès la fin juillet.

À propos de climat : j'avais parlé, dans les débuts de ce weblog, de la théorie catastrophiste suivant laquelle la fonte des glaces polaires pourrait entraîner l'arrêt du Gulf Stream et ramener de ce fait le climat de nos régions à celui de Vladivostock - et donc le climat Irlandais à celui du Kamtchatka. Le documentaire télévisé qui exposait ça avait toutes les apparences du sérieux mais ne m'inspirait aucune confiance. Et j'avais raison, même si mes objections n'étaient pas les bonnes : un article dont la traduction française est parue dans Pour la Science montre de manière tout à fait convaincante que ce que nous nommons Gulf Stream (en fait la limite est de la circulation nord-atlantique) n'a qu'une influence très faible sur le climat. En terme d'échanges thermiques, ce qui est déterminant, ce sont les vents, et les masses d'air dominantes viennent chez nous du Sud-Ouest, qui jusqu'à nouvel ordre est plus au sud que nous. Eh oui : ces coups de vent, qui font tomber les feuilles et nous font greloter, font partie du système climatique qui nous dispense de froid sibérien. Étonnant, non ?

Le Plume vous salue bien.



mardi 22 mars 2005

Green Erin

Ce que c'est de prévoir à l'avance* : j'avais préparé une photo d'Irlande à bloguer pour la Saint Patrick (fête pour laquelle je n'ai pas d'intérêt particulier, c'était juste une bonne occase...) et puis voilà, ça m'est totalement sorti de l'idée. Mais bon, après tout, le vert sied bien à ce début de printemps, sans compter que la météo avait quelque chose d'irlandais aujourd'hui.


Les bords de la rivière Boyne près de Newgrange, County Meath. Irelande, août 1993.

Ici ce n'est pas l'Irlande désolée du Connaught ou du County Clare, avec ses landes à perte de vue barrées de murets de pierre, pas non plus le littoral plutôt riant de Cork ou de Wexford : une Irelande de l'intérieur, pour révasser dans l'herbe en regardant les nuages - enfin, quand les nuages le permettent.

J'ai de la sympathie pour ce pays, pas seulement parce que la bière y est bonne et que c'est le premier pays anglophone où j'ai jamais mis les pieds ; je suis surtout impressionné par la vitesse à laquelle les mentalités y ont évoluées en une dizaine ou une vingtaine d'années. Un peu sans doute comme dans la France des années 60 et 70, je pense. Et puis aussi, la bière y est bonne.

Le Plume vous salue bien.

* un de ces pléonasmes automatiques qui font le charme de la langue française



dimanche 9 janvier 2005

Sept mers, 2 : mer celtique

Une autre mer pas très commode, et ce à peu près en toute saison : la mer celtique, c'est à dire ce confin de l'Atlantique entre la côte sud de l'Irlande et la côte sud-ouest de la Grande-Bretagne.


Rosslare Harbour (Irlande), en mer celtique, août 1992.

Photo prise depuis un bateau plus tout jeune mais d'une taille respectable, le ferry Saint Patrick II, des Irish ferries, qui assure la liaison régulière entre Rosslare (county Wexford, Rép. d'Irlande) et le Havre. Un peu balloté tout de même par une mer assez forte pendant la traversée de cette mer : c'était la fin août, l'époque des premières perturbations de la fin de l'été, et l'éclaircie qui m'avait permis de prendre une photo n'était que passagère...

Estomac balotté, pas malade mais pas bien frais non plus, petit dodo une fois la nuit tombée dans un coin de coursive (mon budget d'étudiant ne me permettait pas les couchettes ; en fait, objectivement, il n'aurait pas dû me permettre ce voyage).

Et puis, en milieu de nuit, réveil en sursaut : plus rien ne bouge. Depuis le pont, on voit défiler les falaises du cap Lizzard et son phare : on avait quitté la mer celtique pour la Manche... Quel calme !

Le Plume vous salue bien.

Les sept mers :
  1. mer d'Alboran : pointe de Tarifa, Espagne, juin 1992.
  2. mer celtique : Rosslare Harbour, Irlande, août 1992.


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jeudi 21 juillet 2005

km1533 : Grazzano Visconti, province de Piacenza (Émilie-Romagne).

En descendant des Apennins on change rapidement de paysage : terminé, la côte escarpée de Ligurie ; très vite, le paysage s'ouvre grand - c'est la plaine du Pô, le plat pays par excellence. Je ne crois pas que nous ayons en France quelque chose comme ça, pas sur cette surface en tout cas.

Les routes sont droites, les champs ouverts ; il faut rapidement s'habituer aux petites particularité de la conduite locale - comme le fait de se faire doubler tout en croisant un véhicule venant en sens inverse, sur une route à deux voies bien sûr.

Un village en brique sans aucun rapport avec tous le bâti des environs, nous attire l'?il : privilège du voyage en voiture, on s'y arrête, il est temps de faire une pause. C'est l'étonnant Grazzano-Visconti, totalement absent des guides touristiques internationaux.


Grazzano-Visconti, 9 juillet 2005.

Il faut dire, les guides en question aiment l'authentique ; ici, on en est loin : c'est au début du XXème siècle que l'héritier de la grande famille des Visconti décide de recréer, sur une propriété familiale plus ou moins abandonnée, un village à l'ancienne - ou conforme à ce qu'on imaginait alors d'un ancien village d'Émilie.

Qu'importe : c'est joli comme tout, ça fait un arrêt agréable et c'est une bonne promenade de week-end pour les habitants de Piacenza. Sans compter un petit musée du machinisme agricole, sympa aussi.  Que demande le peuple ?

Le Plume vous salue bien.



mardi 26 septembre 2006

Machinisme agricole

Pour se changer les idées, une photo du musée de la vie rurale de Grazzano-Visconti - reconstruction Belle Époque d'un village à l'ancienne d'Émilie-Romagne, je vous en avais parlé peu après l'avoir visité. On y trouve, paradoxalement, une jolie collection consacrée au machinisme agricole.


Tracteur à chenille Fiat de l'Entre-deux-guerres, Grazzano-Visconti, 9 juillet 2005.

Pourquoi vous montrer ça ? Parce qu'en ces temps de José-Bovisme et de condamnation quasi-unanime de l'« agriculture productiviste » il n'est pas mauvais de réfléchir à ce qu'a été la modernisation des agricultures européennes.

Imaginons un agronome de la fin du XVIIIe siècle transporté dans notre époque. Moyens de communication, éclairage, transports : tout cela l'intéresserait sans aucun doute - mais ce qui lui semblerait absolument incroyable, c'est qu'avec 7% seulement de la population active, le problème n°1 de l'agriculture française, ce soit la surproduction. Pourtant, conformément d'ailleurs aux préceptes qu'il enseignait sans aucun doute à son époque, les surfaces emblavées ont diminué nettement au profit des pâturages, des légumes de plein champ et des oléagineux. Et pourtant, la production de blé seule dépasse largement la consommation, sans compter ce qu'il nomme le blé d'Espagne - le maïs. Que s'est-il passé ?

Trois choses, essentiellement :

Ne pas négliger ce qu'apporte ce troisième point, non seulement en terme de productivité des hommes mais aussi de rendement des terres : sans même parler du gain considérable dû aux labours profonds, pensons à la course contre la montre des moissons : le grain est mûr, il faut moissonner, mais à la faucille, même collectivement, ça prend du temps, et le temps presse : les gros nuages noirs qui s'accumulent à l'horizon, ce peut être un orage qui couche des champs entiers - comment mangeront ceux dont la récolte a été détruite ?

Elle est facile, la nostalgie des temps anciens. Quand on mange à sa faim, on peut bien regretter le temps des battages au fléau et des attelages de bœufs qui tiraient la charrue... N'oublions pas que, malgré tous les dicours sur la malbouffe, dans nos pays, on n'a jamais vécu aussi longtemps.

Le Plume vous salue bien.



dimanche 25 juin 2006

En les liens

Étant libre maintenant de choisir mes lectures comme je veux, je me replonge dans une biographie (*) de l'officier et conventionnel Thomas-Augustin Gasparin (**) - ou de Gasparin, suivant l'époque - achetée il y a pas mal de temps déja chez un bouquiniste. J'y découvre par exemple qu'en novembre 1776, lors de son voyage à Rome, il est frappé par l'« expression du Moïse de Michel-Ange. » C'est vrai qu'elle est frappante, cette expression de neutralité absole, le regard tourné sans curiosité vers la porte d'entrée. Une placidité indéfinissable, un peu comme le sourire que vous savez.


Statue de Moïse par Michel-Ange, Rome, église San Pietro in Vincoli, cliché de février 2001.

Sur le parvis de la Facoltà di Ingenieria, on ne fait que passer. La cour intérieure, protégée du vacarme de la via Eudossiana, est bien plus propice à l'attente, fût-elle moins sereine que celle du vieux Moïse.

Le Plume vous salue bien.

(*) Rose Barral-Mazoyer, Officier de l'armée royale et conventionnel, Thomas Augustin de Gasparin, Marseille, éditions Jeanne Laffitte, 1982.

(**) Orange, 27 février 1754 - même ville, 11 novembre 1793. Je tente de décrocher en douceur de l'abus des notes de bas de page.



lundi 6 février 2006

Hue cocotte !

Allez, après un dimanche un peu rude, on remet le pied à l'étrier. Voyez plutôt :


La statue de Marc-Aurèle au Capitole, Rome, février 2001.

Merci à une gentille lectrice de Rome (Italie) de m'avoir aidée de ses souvenirs plus frais que les miens pour ajuster les couleurs de cette photo que la numérisation avait passablement déporté vers le rouge. Me demandez surtout pas pourquoi.

On notera par ailleurs que d'étrier il n'y a point, non plus d'ailleurs que de renies, ce qui s'explique sans problème par la difficulté qu'il y aurait à sculpter lesdites reines. On s'étonnera par ailleurs de la tenue d'équitation du Monsieur ; je ne lui conseille pas le trot enlevé dans ces conditions.

Un aveu : j'étais persuadé qu'il s'agissait d'une statue d'Hadrien pour je ne sais quelle raison ; j'ai bien fait de vérifier une autre photo que j'avais prise du socle de la statue - vu que je suis du genre à rester vingt minutes à déchiffrer les inscriptions sur le socle des statues :

IMP. CAESARI DIVI ANTONINI. F. DIVI HADRIANI
NEPOTI DIVI TRAIANI PARTHICI PRONEPOTI DIVI
NERVAE ABNEPOTI. M. AVRELIO ANTONINO PIO
AVG. GERM. SARM. PONT. MAX. TRIB. POT. XXVII
IMP. VI. COS. III. PP . S . P . Q . R

D'où l'on déduira bien sûr que Marc-Aurèle, représenté dans la 27ème année de son « règne, » père de la patrie, était le fils d'Antonin, neveu d'Hadrien, petit-neveu de Trajan et arrière-petit-neveu de Nerva - étant donné bien sûr que ces filiations sont adoptives, des filiations politiques. Et on observera que l'autorité impériale n'a rien d'un donné naturel à Rome : c'est un enchevêtrement de légitimités qui toutes préexistaient à l'Empire, puissance du tribun (trib. pot.), consulat (cos.), grand pontife (pont. max.), etc. D'où mes guillemets à « règne. »

On observera par ailleurs que, pour un moderniste, voire un contemporanéiste, j'ai de bons restes d'histoire antique, non ?

Le Plume vous salue bien.