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Des photos et des jours

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lundi 7 novembre 2005

Un cadeau

Image offerte à une amie, qui se reconnaîtra·:


Église Santa Caterina d'Alessandria, Pise, Italie, 5 juillet 2005.

Parfois la diritta via est un peu smarrita mais on finit par s'y retrouver.

Le Plume vous salue bien.



dimanche 6 novembre 2005

Charbon de terre

Jusqu'au dix-neuvième siècle, lorsque l'on parle de charbon, c'est de charbon de bois qu'il s'agit. D'ailleurs, lorsque l'on commence à rationaliser l'exploitation forestière, c'est essentiellement en vue de la production de charbon : on exploite le bois en taillis, c'est à dire en coupant au bout d'une quinzaine d'années et sans se préoccuper de dessoucher. La marine impose seulement le ballivage dans les forêts domaniales : les forestiers marquent un certain nombre de troncs dans chaque parcelle qui seront épargnés à la coupe et continuent à pousser - on obtient alors le taillis sous futaie, une sorte de forêt à deux étages. Mais l'essentiel du bois coupé vient du taillis et donne des bûches d'une dizaine de centimètres de diamètre que l'on appelle, précisément, des charbonnettes. Les charbonniers les assemblent en meule dans une clairière, les recouvrent partiellement de terre et y mettent le feu. La lente combustion anaérobie du bois laisse subsister le charbon, c'est-à-dire du carbone à peu près pur.

Toute la métallurgie d'alors repose essentiellement sur le charbon de bois ; il est indispensable dans les hauts fourneaux mais aussi à toutes les étapes de la réduction du plomb et du cuivre. Le seul cas où l'on utilise des bûches, c'est pour extraire l'argent du plomb argentifère dans les grandes coupelles - et encore, on finit par trouver plus efficace d'utiliser une chaufferie au charbon. Quant au forgeron ou au maréchal-ferrand de village, ils seraient bien en peine d'obtenir au feu de bûche les températures dont ils ont besoin.


Puit de mine à Rochamp, Haute-Saône, juillet 2005.

En France où l'on a des forêts en grandes quantités, on se satisfait de cette situation. En Angleterre, beaucoup moins boisée, c'est plus délicat - d'autant que les charbonniers britanniques n'importent que vers 1740 les méthodes de leurs homologues français, beaucoup plus efficaces. Comme en plus il n'y a qu'à se baisser pour trouver de la houille, pourquoi se priver ? Alors, on utilise d'abord ce charbon (charbon de terre en français, pittcoal en Anglais) pour se chauffer, au poêle car une cheminée classique serait vite trop goudronnée pour être utilisable. Le maréchal-ferrand et le forgeron s'y mettent vite, ainsi que les saulniers, vu qu'évaporer l'eau de mer au soleil, quand on est du côté de Newcastle, c'est pas forcément gagné.

Mais pour la métallurgie, le charbon de bois reste irremplaçable : trop bitumineux, le charbon de terre boucherait les fours métallurgiques ; et surtout, il contient une forte quantité de souffre, et quand on réduit du minerai, on veut en ôter le souffre s'il y en a, surtout pas en rajouter : le résultat serait inutilisable.

Heureusement, les Anglais boivent, comme chacun sait, de grandes quantités de bière. Or, pour faire de la bière, il faut torréfier le malt, et faire ça au charbon de bois devenait coûteux. Au charbon de terre, c'est catastrophique, pour la même raison qu'en métallurgie : le client ne souhaite pas particulièrement que sa bière sente le souffre. Mais les brasseurs sont des gens de ressource : ils ont l'idée de torréfier le charbon de terre lui-même pour le débarasser de ses goudrons et de son souffre. Ce charbon cuit (cooked), c'est, vous l'avez deviné, le coke.

En 1709, un maître de forge du Shropshire, Abraham Darby, qui fut apprenti brasseur, a l'idée de remplacer le charbon de bois par le coke, et ça marche. Enfin à peu près, mais ceci est une autre histoire. Le charbon de terre est prêt à devenir la source d'énergie de la révolution industrielle.

Le Plume vous salue bien.



samedi 5 novembre 2005

Essai d'inventaire analytique d'un espace de travail

Nous avons la chance d'avoir chacun, dans notre appartement parisien, une pièce consacrée à nos travaux intellectuels respectifs. Mon bureau, si l'on doit l'appeler ainsi, a comme meuble principal une table qui est à proprement parler mon bureau - lorsqu'un dîner n'impose pas de la transformer temporairement en une table à manger, cataclysme éminemment salutaire en termes de rangement.

L'encombrement de cette table de travail est en effet un problème récurrent. Je ne me souviens pas d'avoir jamais eu, même dans mes années de collège, de bureau qui ne soit pas un vaste foutoir... En tant qu'historien des techniques, cependant, je m'intéresse à l'organisation spatiale des espaces de travail. Pourquoi ne pas faire l'inventaire de celui-ci ?


Vue aérienne de mon bureau il y a dix jours, quelques jours après le dernier rangement en grand - la situation décrite ci-dessous est nettement plus complexe...

Analysons donc. Cet espace est divisé en quatre zones fonctionnelles aux délimitations mouvantes.

au centre, L'outil de travail par excellence : l'ordinateur portable accompagné de son clavier externe et d'une souris. Derrière lui, une sorte de no man's land contenant une lampe de bureau, un tour de CD petit modèle contenant des CD vierges, un double décimètre que je ne retrouvais plus et une paire de ciseaux.

À droite, au plus près de la porte d'entrée, un espace consacré à la dépose temporaires d'objets, parmis lesquels : une boite à gâteaux japonais contenant divers instruments d'écriture et un compas à pointe sèche ; une tour de CD (moyen modèle) contenant diverses sauvegardes et l'un des disques de Flight simulator 2004 ; le guide vert Michelin de la ville de Rome ; mon Palm ; mes clés ; une agraffeuse de gros calibre ; un petit meuble à trois tiroirs dont l'inventaire serait trop longs mais qui contient entre autre un étui à lunette, mon passeport et pas mal de courrier ; un classeur à fiches ; un casque de bicyclette ; trois fiches bristol de couleur bleue intitulées La Pipaudie, Grosbot et Guillot ; deux fiches bristol de couleur verte intitulées mines de fer et sable et terre à mouler ; une saccoche pour guidon de vélo ; posé sur cette dernière, L'invention technique au siècle des lumières de Liliane Hilaire-Perez que j'avais entrepris de lire dans mon bain.

À gauche, un espace plus spécifiquement réservé aux documents que je consulte lorsque je suis devant l'ordinateur : trois feuilles griffonnées contenant mes notes pour mon exposé d'hier ; un plan de la ville de Rome ; un cahier aux couleurs de l'UC San Diego contenant des notes prises depuis deux ans et d'innombrables feuilles volantes ; une version intermédiaire de ma bibliographie ; une pile d'ouvrages à inclure dans ladite bibliographie : Apologie pour l'hisoire, ou : Métier d'historien de Marc Bloch, Mine et Métal, d'Anne-Françoise Garçon, La Charente révolutionnaire, 1789-1799, de Jean Jézéquel, La banque Seillière-Demachy, une dynastie familiale au centre du négoce, de la finance et des arts ainsi que Gilbert Romme (1750-1795), actes du colloque de Riom ; en dessous, une boite de fiches bristol vierges ; The Hobbit, de J.R.R Tolkien ; une chemise pleine de photocopies d'articles et documents d'archives ; la carte géologique de la France du BRGM au 1/50.000, feuille de Montbron ; la carte IGN au 1/25.000 de Ruelle ; un numéro du New Yorker daté du 19 septembre ; Missionnaires de la république, de Michel Biard ; quelques numéro de l'hebdo des socialistes, encore sous plastique ; une carte de la province de Bergame, don de l'office du tourisme ; un paquet de papier calque au format A4.

Au fond à gauche, hors de portée de main donc : un vieux téléphone portable et son alimentation ; l'alimentation du Dell ; un micro-ordinateur portable Apple Ibook et son alimentation ; un catalogue de vente par correspondance d'accastillage et vêtements de mer, une boite de cartouches d'encre pour Art Pen (si quelqu'un retrouve le stylo qui va avec, je suis preneur) ; la boite de ma carte WiFi ; un câble USB débranché qui se demande un peu ce qu'il fait là.

Je crois que je devrais ranger mon bureau.

Le Plume vous salue bien.

(correction : les fiches bristol bleues et vertes sont maintenant sur le parquet.)



vendredi 4 novembre 2005

en aval

Voilà : cette journée se termine et il semble bien que j'y aie survécu. C'était pas gagné : j'avais, d'une part, un chapitre à présenter à ma directrice ; d'autre part, une présentation à faire de mon travail devant mes petits camarades. Couché à quatre heures, finir ce matin de ne pas terminer le chapitre tout en le rendant présentable en commentant les lacunes, me rendre présentable moi-même, et direction l'université, où j'ai rendu ledit chapitre. J'écris bien, paraît-il, et serait plutôt bien parti - c'est déjà ça, il ne me reste plus qu'à arriver.

Me restait alors trois heures pour préparer mon exposé, à grand renfort de pain d'épice acheté au supermarché du coin - une petite présentation PowerPoint, quelques pages de notes peu lisibles pour tout autre que moi, et même pour moi d'ailleurs, et c'est parti...

Ça c'est assez bien passé je crois ; la preuve, j'ai été beaucoup plus long que prévu et pourtant on ne m'a pas lancé de tomates.

Maintenant, je suis en aval des difficultés, je peux me laisser glisser un petit peu.


La Touvre en aval de la fonderie de Ruelle, 20 février 2004.

Un truc curieux : la plupart des questions qu'on m'a posées venaient de problèmes de vocabulaire. C'est effectivement une des difficultés de l'histoire des techniques, où l'on jongle entre le vocabulaire des sources et le nôtre avec plus ou moins de bonheur. L'usine que j'étudie est désignée jusqu'en 1785 environ sous le nom de « forge de Ruelle, » alors même que l'on n'y a jamais rien forgé, au sens classique d'affiner ou de mettre en forme du métal en le frappant à chaud. On n'y a d'ailleurs jamais produit de fer forgé, mais seulement de la fonte... Seulement voilà, à l'époque, on appelle forge tout établissement industriel, grand ou petit, où l'on travaille le fer, même si on ne l'y forge pas.

Vers 1780, d'ailleurs, des textes commencent à faire remarquer que le terme de forge est impropre. Quelques années plus tard, le terme de fonderie, auparavant réservé au traitement des métaux non ferreux (plomb, cuivre) s'impose rapidement. Il était toujours en usage dans les années 1980, alors même que le produit vedette de l'usine était le missile Exocet, qui ne contient guère de fonte... Le langage va à son propre rythme, au gré du jeu subtil des sons et des sens - à quoi bon le brusquer ?

Ma vision de l'écran commence à se troubler salement ; il est temps que je vous laisse. Sans compter que Madame Plume, qui avait une journée du même tabac aujourd'hui pour cause de colloque, remet ça demain, elle.

Le Plume vous salue bien.



jeudi 3 novembre 2005

Où en sommes-nous ?

Je l'avoue : ce soir, je me perds un peu dans mes références bibliographiques et mes cotes d'archives. Voici un courrier qui semble accompagner la liste des prix pratiqués en 1790, établie en messidor an II, que j'ai trouvé dans les papiers du district d'Angoulême - mais le seul exemplaire que je trouve de ladite liste vient des archives du district voisin de la Rochefoucauld ! Inversement, parfois, ça colle : La monumentale carte de la Touvre dont les trois rouleaux sont conservés aux archives départementales de la Charente n'a pas de légende, bien qu'elle soit parsemée de numéros identifiant moulins, pêcheries et fermes voisines. L'autre jour, jetant un coup d'œil dans les papiers de l'apanage du comte d'Artois, aux archives nationales (un carton que j'avais parcouru il y a plus de deux ans : il était temps que j'y revienne), et je tombe sur une « liste de renvois » correspondant à un plan de la Touvre, mais celui-là en quatre parties - déception. Sauf que, joie, les numéros correspondent parfaitement : la voilà, ma légende !

Tout ça pour dire que, parfois, on s'y paumerait un peu. Comme dans les arrières-cours italiennes, tiens :


Pinerolo, province de Turin : au verso des arcades, 5 juillet 2005, 14h12.

Ceci dit, il faisait chaud, ce midi-là, à Pignerol, tout juste descendu des cols alpins. Alors que là, je me caille ! Allez, zou, au lit.

Le Plume vous salue bien.



mercredi 2 novembre 2005

Fontaine des Tortues

Une 20sixienne que je lis depuis peu mentionnait récemment la fontana delle tartarughe, à Rome, qui se trouve être aussi un de mes monuments romains favoris.


La fontana delle tartarughe, piazza Mattei, février 2001.

On tombe dessus par hasard, sur une toute petite place au détour de rues à peine carossables, entre l'ancien ghetto et le largo argentino, pas bien loin de la rue des boutiques obscures. Si l'on n'y prend pas garde et que la lumière d'hiver commence à décliner, on pourrait presque passer à côté sans la voir : on est loin des grands tintamarres baroques des Bernin et Borromini...

C'est une œuvre de la renaissance tardive (vers 1583), exécutée par Taddeo Landini, peut-être d'après des dessins de Giacomo Della Porta. Enfin je pense que c'est Giacomo, le sculpteur Guglielmo Della Porta étant alors mort et enterré. Mais vas savoir.

J'aime bien cette fontaine ; j'aime bien ces étranges tortues en apesanteur ; j'aime bien ce quartier qui n'en est pas vraiment un, coincé entre Capitole et Campo di Marzio, où, comme souvent à Rome, il faut se forcer à ralentir le pas pour profiter de la beauté.

Le Plume vous salue bien.



mardi 1 novembre 2005

En amont des sources

La singularité de cette source a fait dire qu'elle étoit formée ou grossie des eaux du Bandéat et de la Tardoüere, qui se perdent en été à quelques lieues au dessus, et qui viennent renaître, à ce qu'on croit, sous cette montagne. Le trouble qui paroît en celle-ci, dans les temps du débordement des autres, a donné lieu à cette opinion, qui n'a peut-être pas de fondement plus solide que la fable d'Alphée et d'Aréthuse.

Jean Gervais, Mémoires sur l'Angoumois, 1725, p. 6.

La science contemporaine, armée de fluorescine, a cependant confirmé cette hypothèse, alors même qu'on ne se souvient guère ni d'Alphée, ni d'Aréthuse. Les eaux du Bandiat ne parviennent directement à la Charente que lors de crues exceptionnelles, tandis que La Tardoire, belle rivière à son passage à Montbron, n'est plus guère à l'étiage qu'un filet d'eau stagnante à son arrivée à la Rochefoucauld, une vingtaine de kilomètres en aval. En hiver par contre elle reste tout à fait respectable :


La Tardoire à Rancogne, 31 décembre 2003.

Plusieurs textes mentionnent un changement du régime de la Touvre à la suite du tremblement de terre de 1719. J'avoue avoir un peu de mal à le croire ; toutefois, la forge de Rancogne, fondée à deux pas de là par un parent de Colbert pour fabriquer des canons, connaît alors des difficultés plus marquées qu'à l'ordinaire :

...mais le cours de la Tardouëre, qui la fait aller, ayant été arrêté, les deux dernières années, à cause des excessives sécheresses, on y a été forcé de mettre hors aun milieu des plus belles saisons, ce qui a causé des préjudices infinis aux fondages que la demoiselle de Logivière avoit entrepris pour fournir au Roi le nombre de trois cent soixante-seize pièces de canon, dont elle s'est chargé pour le port de Rochefort..

Jean Gervais, Op. cit. p. 15-16.

Mettre hors, c'est mettre hors feu : éteindre les hauts fourneaux, qui normalement fonctionnent en continu pendant de longs mois. Avant de les redémarrer, il faudra en faire refaire tout le parement intérieur par des maçons et tailleurs de pierre, ce qui est long et coûteux - bref, la saison est fichue.

Malgré une tentative de reprise, la forge de Rancogne cesse définitivement son activité dans les années 1750, alors que le Marquis de Montalembert inaugure celle de Ruelle, à la place d'une ancienne papeterie établie sur la Touvre. Mieux vaut prendre l'eau là où elle veut bien aller !

Le Plume vous salue bien.



lundi 31 octobre 2005

Retour au sources

Premier chapitre de mon mémoire, dans sa nouvelle moûture : Question de sources : matériaux pour l'histoire d'une usine. Autrement dit, un inventaire critique de mes sources, qui sont essentiellement des documents d'archives. Ça correspond tout à fait à ma conception du métier d'historien : quelqu'un qui fait parler des sources pour reconstituer des faits historiques. Tout le contraire donc d'un exercice de réthorique où l'on jonglerait avec des concepts tout en compilant les travaux antérieurs.

Bonheur donc de me replonger dans mes sources : elles sont belles, variées et abondantes, au risque d'ailleurs de s'y noyer comme je l'avais fait il y a deux ans... On va essayer de faire mieux cette fois-ci, comme disent les sportifs.

Et à propos de sources :


Touvre (Charente) : l'une des sources de la Touvre, le « Dormant ». 6 juin 2004, 14h20.

C'est là en effet que tout commence : l'usine que j'étudie est fondée à Ruelle en raison des particularités de cette rivière, la Touvre. Elle naît de trois résurgences, le Dormant, le Bouillant et la Font Lussac, dont les eaux proviennent de plusieurs rivières qui disparaisse, totalement ou en partie, dans le plateau clacaire qui se trouve un peu plus à l'est. Du coup, son débit est pratiquement constant toute l'année, ce qui permet de faire fonctionner au mieux les hauts fourneaux au charbon de bois (car qui dit haut fourneau dit soufflets et qui dit soufflets dit énergie hydraulique pour les actionner) ainsi que les autres machines nécessaires à la fabrication des canons. La puissance disponible est suffisante pour que, dans les années 1870, alors que la plupart des usines utilisent des machines à vapeur comme source d'énergie mécanique, la fonderie de Ruelle n'ait pas encore eu le besoin d'en établir une.

Aux sources de mes sources, il y a donc ces sources. La boucle est bouclée.

Le Plume vous salue bien.



dimanche 30 octobre 2005

Buttes Chaumont

J'étais venu, je crois, pour m'allonger sur l'herbe et faire le vide dans la tête, mais les pelouses étaient trop pleines pour qu'on puisse y faire le vide, c'est sûr. Et puis, pourquoi étais-je venu ? Par automatisme plutôt, un pied devant l'autre et recommencer. Alors, mieux vaut continuer à marcher.


Parc des Buttes-Chaumont cet après-midi.

Sur le rebord du pont suspendu un héron cendré fronce le sourcil ; des équidés divers parcourent les allées, des belles bêtes des gardiens à cheval aux shetlands qui promènent les enfants. Le bac à manivelle est immobilisé au milieu du lac, comme d'habitude ; les canards sont en pleine forme, merci pour eux.

Un peu plus tard, alors que je traverse le canal Saint-Martin, la ligne de démarcation qui sépare nuages noirs et ciel bleu progresse et finit par rattraper le soleil. Mars est visible à l'œil nu paraît-il, mais pas ce soir.

Le Plume vous salue bien.



samedi 29 octobre 2005

L'océan et la pensée

Tout au bout, là bas, au dessus du pacifique, un bâtiment entièrement conçu pour la pensée : le Salk Institute, institut de recherche en biologie fondé par l'inventeur du vaccin contre la polio. Un bâtiment, ou plutôt un ensemble de bâtiments : des laboratoires, des bureaux de chercheurs légèrement à l'écart de l'agitation pour permettre à la pensée de se développer mais tous proches pour permettre le contact ; dans les escaliers et les couloirs, des tableaux noirs pour qu'une conversation de couloir puisse tourner au séminaire improvisé. Et partout entre la lumière de l'océan.


Salk Institute, La Jolla, San Diego, Californie.

Ça n'est pas un bâtiment joli, un bâtiment charmant - c'est de choses graves qu'il s'agit, de vie et de mort. Ce que l'architecte Louis Kahn a dessiné, ce n'est pas un lieu de plaisir et de détente mais un atelier, une usine à produire des résultats scientifiques de haut vol. Et pour ça, la vue sur la mer, ça aide.

Le Plume vous salue bien.



vendredi 28 octobre 2005

grands lacs

HOMES : Huron, Ontario, Michigan, Erie, Superior. Le lac Champlain avait été rajouté à la liste des Grands Lacs par un amendement devant le congrès américain qui a été supprimé quelques heures plus tard : il a donc été un grand lac pour moins d'une journée. Rien à voir, de toute façon : les Grands Lacs sont de petites mers qui ne disent pas leur nom, alors que le lac Champlain n'est qu'une sorte de fjord qui serait loin de la mer.


Ontario en haut, Michigan en bas ; Supérieur à gauche, Huron à droite :
les écluses de Sault Sainte-Marie.

Tout ce que j'ai vu des Grands Lacs, je l'ai vu en me tordant le cou pour regarder au travers d'une vitre en plexiglass rayée à 11.000m d'altitude. Les labyrinthes forrestiers de l'Ontario, puis les écluses géantes de Sault Sainte-Marie ; ensuite, la côté ciselée du nord Michigan, puis le bleu du lac. De l'autre côté, ce sera soit la ville du vent, Chicago, et son immense quadrillage urbain au bord du lac ; ou alors, si l'on va plus à l'ouest, la profonde échancrure de Green Bay, qui est effectivement de couleur verte. Après les lacs, l'immense damier vert de l'Illinois ou du Wisconsin, à perte de vue. L'Amérique.

Le Plume vous salue bien.



jeudi 27 octobre 2005

Hub and spokes

Heathrow, Dulles, Narita, JFK, CDG. O'Hare. Les portulans d'aujourd'hui, ce sont les cartes bigarrées que vous trouverez dans le magazine de la compagnie, dans la poche arrière du dossier qui vous fait face, et que vous lirez sûrement lorsqu'après trois heures de vol vous aurez desespéré de trouver le sommeil. Sur ces cartes, des courbes rouges ou bleues relient entre eux les aéroports internationaux - tant de voyages potentiels que vous ne ferez pas, ou si peu. Certains points ne sont connectés que par un ou deux traits ; pour d'autres, ils sont si nombreux qu'ils se confondent : là sont les hubs - en français, ça veut dire « moyeux, » et on appelle ça comme ça parce que les traits qui en partent sont comme les rayons (spoke) d'une roue de bicyclette.

Des voyageurs présents dans un de ces aéroports à un instant donné, combien ont le même point de départ et le même point d'arrivée ? Pratiquement aucun, sans doute, si ce n'est ceux qui voyagent en couple, en famille ou en groupe. Chacun a ses bagages, ses soucis et ses courbatures ; ceux dont c'est la dernière étape arborent un sourire fatigué ; ceux dont c'est le point de départ, l'excitation de l'embarquement - les autres n'arborent pas grand chose ; en tendant l'oreille vous les entendrez peut-être jurer que la fois prochaine, s'il y en a une, ils prendront un vol direct.


Chicago O'Hare, 7 août 2004.

O'Hare est sans doute l'aéroport nord-américain qui a la plus mauvaise réputation. Il faut dire qu'il est un des plus fréquentés, et qu'il est soumis aux aléas météo de la région des Grands Lacs : orages en été, blizzard en hiver - un grain de sable plus gros que les autres et le moyeu se grippe, le système s'arrête, et des milliers de passagers se retrouvent bloqués, aussi loin de leur point de départ que de leur point d'arrivée, sous l'œil goguenard des médias locaux pour qui ces blocages constituent une occasion en or de vendre du reportage-minute aux grands réseaux de télévision.

Pour notre part, nos avions étaient à l'heure, à l'arrivée comme au départ ; les formalités vite expédiées auprès de fonctionnaires cordiaux et efficaces ; le petit train reliant les différents terminaux était en service : que demande le peuple ?

Le Plume vous salue bien.



mercredi 26 octobre 2005

Un petit peu de Californie

C'est sûr : c'est de nouveau la saison de rêver à la Californie.


Statue de Theodor "Dr. Seuss" Geisel sur le campus de l'University of California at San Diego, août 2004.

L'arbre mort à l'arrière-plan n'est pas un arbre mort mais une autre sculpture ; d'ailleurs, à certaines heures, il chante.

Le Plume vous salue bien.



mardi 25 octobre 2005

En plongée

Périscope rentré - balast vidé - écoutilles verrouillées - prêt pour la plongée profonde !


Baleine grise en train de sonder, Massachusetts Bay, juillet 2001.

It's been a good day, but a pretty long day. Des amis en provenance d'outre-Atlantique à Roissy au petit matin. Grâce auxdits amis, des rencontres de gens intéressant pour le café du matin et d'autres pour un tardif souper. Une journée de travail plutôt productive - contre toute attente - qui nous permet de venir pratiquement à bout de la malédiction de la fibre optique démoniaque. La fierté de faire découvrir mon quartier à mes collègues de travail, puisque ce chantier se déroule à cinq minutes à pied de chez moi. Du coup, dégustation méridienne d'un des meilleurs falafels de Paris tout en charriant le propriétaire des lieux pour sa petite mine.

Tout ceci étant bel et bon, mais là, je fatigue un tantinet. Je m'apprête donc à plonger sous la couette - et qu'on ne s'avise pas de m'en extraire avant un paquet d'heures.

Le Plume vous salue bien.



lundi 24 octobre 2005

Grandes et petites rues

Dans la plus pure tradition de l'Asie continentale, les centre-villes japonais ont généralement un plan en damier aussi régulier que possible. Ce qui n'empêche qu'il n'y ait clairement deux catégories de rues, toutes parfaitement rectilignes : les grandes avenues, ou règnent voitures et taxis à portes électriques, d'où les vélos sont absents et qu'un piéton ne se hasarderait sous aucun prétexte à traverser en dehors des lieux et instants prévus à cet effet ; et puis les rues secondaires, où il y a presque autant de vélos que de voitures et dans laquelles piétons, deux et quatre roues cohabitent sans autre règle qu'une certaine courtoisie. Les boutiques y sont étroites ; les petits restaurants ont en vitrine les maquettes en plastique de leurs spécialité ; les distributeurs de soda, de bière et de cigarettes mordent largement sur les accotements.

Évidemment, si l'on veut pousser le bouchon plus loin, on aura a cœur de comparer une grande rue d'Osaka à une petite de Kyoto...


Une petite rue du centre de Kyoto, 31 août 1998.

Si quelqu'un (mais je ne vise personne) se rappelle du nom de cette rue, je suis preneur. Non que ça me soit indispensable mais la connaissance est sans prix pour des scientifiques comme nous.

Le Plume vous salue bien.



dimanche 23 octobre 2005

Osaka (au niveau du sol)

Je vous avais montré hier la deuxième photo prise avec mon boitier Pentax ; voici la toute première, pratiquement sur le seuil du magasin où je l'avais acheté :


Osaka : la rue principale du quartier de l'électronique, 31 août 1998.

Évidemment, à voir comme ça, on pourrait craindre que ce soit la dernière - mais qu'on se rassure, les voitures sont arrêtées à un feu tricolore qui, au Japon, sont respectés scrupuleusement. Par ailleurs, je trouve qu'elle n'est pas si mal, cette photo, au point que je me demande parfois si mon talent de photographe n'a pas décru progressivement depuis.

Comme c'est l'automne et que je préfère ne pas trop me répandre sur les petits blues et les petits rhumes saisonniers, il y a de grandes chances pour que mes photos des jours prochains gambadent allègrement de par le vaste monde. Pourquoi se priver ?

Le Plume vous salue bien.



samedi 22 octobre 2005

Big ooops ! tout d'abord : complètement oublié de blogguer hier. Je m'étais mis devant l'ordinateur avec la ferme intention de le faire et je me suis laissé embarquer par mes photos d'archives - car je n'ai toujours pas fini d'inventorier certaines photos prises au service maritime de Lorient en avril 2004 - et quand un baillement plus prononcé que les autres m'a fait regarder l'heure il était minuit passé ; l'entrée d'hier s'était déja transformée en citrouille.

À propos d'archives d'ailleurs : je regardais ce matin mes photos du Japon, celles que j'ai blogguées ici et les autres. Ça m'a permis de repérer une entrée qui avait échappée à ma base de donnée et que j'en profite pour contredire : j'ai trouvé une photo à mon goût de la tour d'Osaka ; c'est même, sauf erreur, la deuxième photo que j'ai prise avec le réflex Pentax (non, je n'ai pas encore craqué pour son équivalent numérique : les temps sont durs) que je venais d'acheter chez Naniwa, un .des magasins géants d'électronique, photo et informatique qui remplissent tout un quartier de la ville.


La tour d'Osaka, 31 août 1998.

Sinon, la lune se cache dans cette image, trouvez-là.

Le Plume vous salue bien



jeudi 20 octobre 2005

Brumes

Aujourd'hui brumes matinales persistant jusqu'en soirée. Dans mon crâne en tout cas.


L'autoroute A48 près de Grenoble par temps de pluie, le 4 juillet 2005.

Vais me pieuter moi. Deux dafalgan et au lit.

Le Plume vous salue bien.



mercredi 19 octobre 2005

Un jour à Paris

Journée consacrée pour l'essentiel à des aller-et-retour entre mon bureau, notre UFR qui déménage et les ancien locaux de l'UFR qui déménage. Le tout plutôt frustrant, stagnant voire agaçant. Mais en guise de compensation, un superbe rayon de soleil de fin de journée en remontant la rue d'Hauteville :


L'église Saint-Vincent-de-Paul, Paris 10ème, aujourd'hui à 17h50.

Je devais avoir l'air fin, arrêté au feu vert sur le scooter, avec l'appareil photo devant la visière du casque... En plus, ça monte, cette rue - pas évident de prendre la photo tout en gardant la main sur le frein !

Le Plume vous salue bien.



mardi 18 octobre 2005

Sur un air de saxophone

Another year and then you'll be happy
Just one more year and then you'll be happy
But you're cryin'
You're cryin' now
Gerry Rafferty, Baker Street.


Brighton, East Sussex, 30 novembre 2004.

Quelque part, sûrement, un avion décolle.

Le Plume vous salue bien.



lundi 17 octobre 2005

Le mystère de la fibre ensorcelée

Vous vous rappelez de ma fameuse fibre optique qui ne voulait pas passer ? Eh bien, comme je vous l'avais annoncé, elle est passée ; d'ailleurs, la voici, déroulant paresseusement ses volutes orangées dans un sous-sol de la rive droite :

Tout allait bien donc - mais il semble qu'un papier oublié par un service extérieur à notre établissement interdise pour l'instant qu'on en raccorde l'autre extrémité. La malédiction du pharaon a encore frappée.

Si quelqu'un est volontaire pour expliquer aux gens à qui on avait promis l'accès au réseau pour après-demain qu'il faudra qu'ils patientent 3 à 6 jours de plus, je l'invite à se faire connaître. Moi, il est grand temps que je change de métier.

Le Plume vous salue bien.



dimanche 16 octobre 2005

automne

La saison est finie, l'arrière-saison aussi ; le kiosque à musique est fermé. L'automne est venu s'installer, discrètement, pendant qu'on avait le dos tourné.


Brighton, East Sussex, 30 octobre 2004.

Le Plume vous salue bien.



vendredi 14 octobre 2005

Archives nationales

Beau soleil d'automne aujourd'hui. Rue des rosiers, d'innombrables étals vendaient des branches de palme, de myrthe et de palmier ainsi que de gros citrons : c'est sukkot, la fête des cabanes. Ce'st midi, on se promène dans les petites rues du Marais, qui dégustant un falafel, qui cherchant un coin tranquile pour sortir son tupperware. Je ne fais que passer : après une visite à la bibliothèque de l'école des mines et un entretien avec ma directrice de recherche, je me rends d'un bon pas aux archives nationales toutes proches.


Archives nationales, hôtel de Soubise, ce midi.

Les historiens disent beaucoup de mal des archives nationales ; c'est assez injuste finalement - le service public est assuré tant bien que mal, alors même que le bâtiment dévolu à la recherche est en travaux depuis maintenant trois ans. Les gens sont serviables et la salle de lecture acceptable ; la communication de documents est raisonnablement rapide. À mon arrivée, les deux cartons que j'avais commandé la veille sont là ; j'en commande deux autres pour faire bonne mesure.

Sur le contenu de ces cartons : il y a toujours des surprises, bonnes et mauvaises, dans une journée de recherche dans un dépôt d'archive. Une bonne : des cotes sur lesquelles je lorgnais depuis des années mais qui étaient longtemps restées indisponibles sont à la hauteur de mes attentes ; une moins bonne : j'avais la traduction anglaise d'un rapport français de 1775, mentionnant la cote de l'original. Je trouve dans ce cartons de nombreux documents intéressants et plusieurs échanges de correspondance avec l'auteur dudit rapport, mais de rapport, point. La traduction anglaise (parue dans le journal interne d'une entrprise sidérurgique de Birmingham en 1949) est peut-être bien la seule trace qui en reste...

Mais qu'importe : avec ces cotes des fonds anciens de la marine qui m'avaient si longtemps échappées, je commence à avoir un certain sentiment de complétude. Je tombe notamment sur les détails de conflits juridiques dont je n'avais jusqu'alors que des traces, que ce soit celui qui oppose la forge à l'équivalent ancien du service des contributions indirectes (et qui culmine en une bagarre généralisée entre ouvriers et commis des aides, dont j'avais lu un récit enjoué aux service historique de la marine à Lorient) ou celui qui oppose les entrepreneurs à l'abbaye cistercienne de Grosbot, près de Grassac (Charente). Vertige aussi des perspectives de recherches connexes, sur Indret, sur le Creusot... Ne pas se laisser happer, on n'en sortirait plus.

Sinon, l'abbé de Grosbot s'appele Dom Coup-de-Lance. Sade aurait adoré ce nom, j'en suis sûr.

Le Plume vous salue bien.



jeudi 13 octobre 2005

Le grand pardon

Aujourd'hui vers 19h50 se terminait la célébration de Yom Kippur, le grand pardon - l'une des deux principales fêtes juives de l'années avec Pessah, la Pâque. J'étais pour l'occasion à la synagogue de la rue Notre-Dame de Nazareth, dans le 3ème arrondissement de Paris. La plus proche de chez nous, je crois, et surtout celle que fréquentaient depuis plusieurs décennies la mère et la grand-mère de mon épouse : n'étant juif ni par la naissance, ni par la foi, j'étais là en ami - ou plutôt en conjoint.

Je l'ai déja dit, je suis d'un naturel aussi peu religieux qu'il se puisse trouver. Seulement, voilà : les hasards de la vie, affublés comme souvent de trais féminins (et d'ailleurs charmants) m'ont fait rencontrer le judaïsme, m'en rapprocher d'aussi près qu'il est possible sans qu'on en fasse partie. J'ai envie d'en parler un petit peu.

Dire d'abord à quel point le terme de judéo-christianisme est un leurre, peut-être une malhonnêteté. Un procédé, en tout cas, consistant finalement à inclure de grée ou de force le judaisme sous la bannière chrétienne, au prix d'une ignorance réelle ou simulée des spécifictés du judaïsme.

Pas de prétention à l'universalité. Pas de volonté de convertir. Accent sur la vie terrestre plutôt que sur une éventuelle vie ultérieure. Sur la loi plutôt que sur la foi. Finalement, ce serait plutôt la recherche des points communs qui prendrait du temps - à ceci près que chétiens et juifs ont un livre sacré en commun, ce qui n'est tout de même pas rien. Mais si le livre est le même, y lit-on la même chose ?

Mais surtout, le judaïsme, c'est la combinaison d'une religion et d'un peuple ; la religion d'un peuple, un peuple un peu particulier car ayant vécu des siècles au milieu d'autres peuples, sans s'isoler mais sans s'y fondre non plus. Dans le hall bondé de la synagogue, dont c'est la plus grande affluence de l'année, les gens se retrouvent, échangent des nouvelles, au grand dam dam des rabbins et des fidèles les plus observant qui tentent d'obtenir le silence par des chut ! courroucés qui s'ajoutent au bruit ambiant. Lorsqu'approche la fin légale du jour, la foule augmente encore ; certains prient, d'autre non ; il fait chaud, les enfants sont fatigués, ceux qui ont observé le jeûne commencent à vasciller sur leurs jambes ; et puis le silence se fait : après la bénédiction des cohanim sonne enfin le shofar, la corne qui clôt les célébrations. Moment de soulagement, d'embrassades, de joie d'être ensembles : une semaine après son début officiel, l'année peut commencer pour de bon.

Le Plume vous salue bien.


Illustration : une mezuzah, achetée je crois à Portland (Maine), qui orne le chambranle d'une des portes de notre domicile.



mercredi 12 octobre 2005

Cesana Torinese

Nous parlions d'Alpes : le tableau ne serait pas complet sans un peu d'Italie. En empruntant le Montgenèvre, on franchit la frontière dans un secteur plutôt insipide, un vaste herbage plus ou moins plat séparant les bourgs de Montgenèvre et de Clavière. L'ancienne barraque des douaniers, seule marque tangible de la frontière, avait repris du service pour abriter les gendarmes verbalisant les centaines de camions franchissant illégalement le col. Mais la véritable démarcation est un peu plus loin, une fois franchis les premiers tunnels : on débouche alors dans la somptueuse Valle di Susa, juste au dessus de la petite vile de Cesana Torninese.


La descente sur Cesana, 5 juillet 2005.

Connaissant fort mal la région, j'ignore quelle est la montagne qui domine ce paysage ; d'après la carte, mes souvenirs et l'absence de remontées mécaniques sur ses flancs, il doit s'agir du Roc del Boucher - guilleret, comme nom, n'est-il pas ?

Spécial making of : cette photo était à l'origine retournée à 180°. Pourquoi ? parce que je l'avais prise alors que j'étais au volant, immobilisé temporairement par l'un des innombrables chantiers routiers des Alpes turinoises, préparation des jeux olympiques d'hiver. Je tenais donc l'appareil à bout de bras, par la fenêtre ouverte, au dessus du toit du véhicule - et par conséquent à l'envers, compte tenu de la contorsion de bras nécéssaire à l'opération. Or, si le Canon Ixus 400 sait détecter la position, verticale ou horizontale, de l'appareil, il ne comprend pas le retournement complet. Voilà toute l'histoire.

Cette partie des Alpes, aux limites du Piémont, du Dauphiné et de la provence, a un carractère particulièrement solennel ou peut-être, tout simplement, particulièrement beau. Il faudra que j'y retourne.

le Plume vous salue bien.



mardi 11 octobre 2005

À propos de montagnes

Comme me l'ont presque fait remarquer mes gentils lecteurs (ou plutôt dans ce cas d'espèce mes gentilles lectrices), la Suisse n'a pas le monopole des montagnes. Mais même dans les contrées où la monnaie, la langue et les timbres-poste me sont familliers, les paysages de montagne me dépaysent et me laissent le souffle court.


Briançon (Hautes-Alpes), la ville haute et la collégiale, 5 juillet 2005.

Le Plume vous salue bien.



lundi 10 octobre 2005

retour à la bibliothèque

La recherche repart d'un bon pied : après être aller refaire ma carte aux archives nationales vendredi (j'en avais profité pour vérifier quelques références et réserver une place « photo » pour vendredi prochain), j'ai remis les pieds aujourd'hui à la bibliothèque nationale.


Bibliothèque nationale de France, site françois Mitterrand, samedi 8 octobre 2005.

Rien n'a changé : les couloirs et les escaliers sont toujours apocalyptiques ; les salles de lectures plutôt confortables ; et l'accès aux documents raisonablement rapide, surtout si on prend la peine de commander à l'avance. Pas dur : avant de partir de chez moi ou du bureau, je passe commande sur leur site web et, en arrivant, les documents sont là. Pas mal, finalement.

Évidemment, la perfection n'est pas de ce monde : le volume 73 des Transactions of the Newcomen Society (années 2001 et 2002), dont j'avais un besoin pressant, est parti à la reliure pour une durée indéterminée et indéterminable - probablement interminable. Me suis vengé en lisant la traduction française de 1839 d'un manuel de fonderie rédigé en néerlandais et dont une collègue étudiante à Paris 1 m'avait recommandé la lecture. Cette collègue a un sujet de recherche fort intéressant : à peu près le même que le mien, mais transposé à l'autre bout du monde, au Japon, et 50 ans plus tard. Je note d'ailleurs, à mon court regret, qu'elle entend en tirer une thèse, elle.

Le Plume vous salue bien.



dimanche 9 octobre 2005

En Suisse, un peu plus haut

J'ai vécu pour une période significative dans sept départements différents où les altitudes maximales sont, par ordre d'entrée en scène, 129m, 246m, 339m, 345m, 166m, 170m et 258m. En d'autre terme, je suis un habitant des pays de collines : la verticalité dans un paysage me surprend toujours, dépaysement instantané garanti.


Andermatt, canton d'Uri, Suisse, 13 juillet 2005.

Étant par ailleurs d'un naturel plutôt cosmopolite, si tant est que l'on puisse employer cette expression, la conception du monde passablement étriquée, à l'échelle de la vallée plus qu'à celle de la planète, que reflètent les 26 cantons et demi-cantons de la confédération hélvétique, m'offre un dépaysement d'un autre type. Pourrais-je vivre ainsi ? Sans doute pas. Mais ça vaut qu'on s'y intéresse.

Le Plume vous salue bien.



samedi 8 octobre 2005

Au pays des vaches milka

Puisqu'il est beaucoup question de la Suisse aujourd'hui, pourquoi ne pas s'offrir un petit tour au pays des vaches milka ?


Ennetbürgen, Kanton Niedwalden, Suisse, 13 juillet 2005.

Je ne connaissais pas la Suisse jusqu'à cet été. Quelques traversées en train, un petit crochet par Genève - qui n'est Suisse que depuis deux siècle, après tout. Ici, on surplombe le lac des quatre cantons : Uri, Schwyz, Nidwalden et Obwalden, qui formèrent en 1291 l'alliance qui préfigurait la confédération hélvétique, et Lucerne, qui les rejoint en 1332.* Difficile de faire plus suisse donc.

Au dessus de la crête, des aigles tournent ; une petite brume monte du lac pendant que le ciel se dégage progressivement. Le soir même, nous serons dans les bouchons du 14 juillet au carrefour de Pompadour (Val de Marne).

On se presse toujours trop.

Le Plume vous salue bien.

* Mais non, ça n'en fait pas cinq - Nidwalden et Obwalden sont des demi-cantons, parfois réunis sous le terme d'Unterwalden, bien qu'Unterwalden n'ait jamais été une entité politique unifiée.



vendredi 7 octobre 2005

Apercevoir

À travers la muraille, apercevoir les mécaniques des transformations du monde.


Bâtiment « halle aux farines », Paris 13ème, jeudi 6 octobre 2005.

Aujourd'hui était le premier vendredi que je consacrais officiellement à l'histoire. Les perspectives sont plutôt favorables.

Le Plume vous salue bien.



jeudi 6 octobre 2005

Halle aux farines

Je visitais aujourd'hui pour la première fois les futurs bâtiments de l'établissement qui m'emploie. Grands moulins, halle aux farines, M3F, M3C : jusqu'ici, c'étaient des taches de couleur sur des plans ; puis des grues, des échaffaudages vus de dehors. Ce sont maintenant des volumes, des niveaux, des éclairages, des perspectives...


La future salle des thèses, au nord du bâtiment « halle aux farines », Paris 13ème.

De ces quatre bâtiments, l'un en est encore au gros œuvre et un autre est un immeuble neuf sans grand intérêt. Deux rénovations ; la plus spectaculaire a priori, celle des anciens grands moulins de Paris, pourrait être relativement décevante ; par contre, celle de la halle aux farines, hall industriel a priori ingrat, a toutes chances de faire date.

Le Plume vous salue bien.