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Des photos et des jours

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mardi 20 décembre 2005

Grande distribution

Je sais, c'est le quotidien (ou l'hebdomadaire) de 95% des Français ; nous vivons à cet égard, habitants du centre des très grandes villes, dans un autre espace-temps. Plus que toute autre société, la France contemporaine dédie à la vente aux particuliers des lieux-dits spécifiques, nettement séparés des lieux d'habitation ou de production : les zones commerciales. Vastes espaces entièrement dédiés à une fonction unique, la distribution, avec un urbanisme qui leur est propre, autour d'un « centre » polyvalent autour duquel s'organisent des unités spécialisées (chaussures bon marchés ou articles de sports) - tout comme les boutiques des divers métiers se disposaient jadis autour d'une place consacrée au marché.

L'ethnologue venu d'Aldébaran décrirait sans aucun doute avec délectation cet espace fonctionalisé ; sans doute s'étonnerait-il qu'un trait aussi caractéristique de la civilisation qu'il étudie soit totalement absente de la production littéraire et artistique de cette même société. La combinaison entre encouragements à la consommation de la part des autorités politico-économiques et emploi manifestement péjoratif du même mot de la part des autorités religieuses ou morales l'amènerait sans doute à penser que la France actuelle voit la consommation comme une activité nécessaire quoi que vaguement honteuse - statut réservé, dans la plupart des sociétés, aux fonctions excrétives.

Du coup, forcément, la boutique insérée dans le tissus urbain a pratiquement disparu ; à cet égard, la nostalgie ne sert à rien. La géogaphie de nos villes a changé, voilà tout.


Fermé depuis plus de vingt ans, pas sûr qu'avant j'y aurais mis les pieds...

Depuis le niveau supérieur du parking du centre commercial Chantemerle, à la Couronne (Charente), nous regardons le centre-ville d'Angoulême, illuminé pour les fêtes, qui se déroule sur son éperon calcaire ; de l'autre côté, la cimenterie déploie ses volutes dans la nuit. Au dessus du second a de l'enseigne rouge, la planète mars brille de son éclat saumon si particulier dans le ciel clair de l'hiver.

Le Plume vous salue bien.


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lundi 19 décembre 2005

Si par un soir d'hiver un voyageur

Un quai de gare en hiver. Au delà du passage souterrain, une ville que je ne connais presque pas - mais de toute façon, je ne fais que passer. Vu depuis la gare, elle parait un peu triste, mais toutes les villes ont l'air triste vues depuis les emprises des chemins de fer - et toutes les villes ont l'air triste pendant les dix journées les plus courtes de l'année.


Gare de Poitiers, ce matin, entre 12h17 et 12h27.

Pourquoi Poitiers, alors que c'est à Angoulême que je me rendais ? Parce que, si le TGV 8417, qui part à 10h45 à destination de Bordeaux, quoi que limité aujourd'hui à Libourne pour travaux, dessert bien Angoulême, le TGV 8319 à destination de La Rochelle part, lui, à 10h50 de Paris et arrive à 12h17 à Poitiers d'où part à 12h27 le TGV 8417 dont on parlait plus haut. On gagne donc cinq minutes au départ, ce qui, quand on est à la bourre fait un monde de différence. Même si là je ne l'étais pas, à la bourre.

Un quai de gare en hiver ; on ne fait que passer. No business here. Dix minutes sans rien du tout - finalement, pourquoi pas ? Par contre j'aurais dû mettre des mouffles.

le Plume vous salue bien.


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dimanche 18 décembre 2005

Hôpital et Charité

L'ancien hôpital Saint-Louis est une des plus beaux exemples parisiens d'architecture de la fin du règne d'Henri IV, avec la place Dauphine et la place des Vosges. Il a été construit aux alentours de 1610 sous la direction de Claude Vellefaux, qui a une avenue dans le coin. Combinaison de brique et de belle pierre de Paris, c'est vraiment une réussite.


Quadrilatère Saint-Louis, Paris 10ème, ce matin vers 10H.

Le problème, c'est que, comme une bonne partie de l'actuel 10ème arrondissement, il s'agit de bien mauvais terrains : du marécage draîné occupant le « col » du nord-est parisien, entre butte Montmartre et Belleville. Et du coup, le sol bouge dans tous les sens et le bâtiment menace de tomber en ruine.

Le problème de ce problème c'est que, vu l'élargissement des fissures, visibles d'ailleurs sur cette photo,on lance des interventions en urgence, avec foreuses et marteaux-piqueurs - sans trop s'inquiéter des conduites qui pourraient se trouver là... Résultat, les chercheurs exerçants leurs talents dans le coin se sont retrouvés privés de tout accès réseau pendant 46h suite à une coupure de fibre optique. Et résultat de ce résultat, j'étais ce matin sur place avec plusieurs autres pauvres diables de mon espèce pour coordonner les travaux de réparation de ladite fibre.

Ça remarche. Je suis donc maintenant en vacances pour de vrai ; d'ailleurs, dès demain, je pars pour les vertes collines charentaises - qui risquent de n'être pas trop vertes en cette saison, évidemment.

Le Plume vous salue bien.


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samedi 17 décembre 2005

Haute voltige (une après-midi au cirque, 2)

Évidemment, d'une excursion à Gavarnie en été, ce qui marque le plus, c'est la cascade. Enfin, avec les éboulis qui bousillent les pieds au bas des parois du cirque et qui marquent pas mal, surtout les chevilles si on n'a pas les chaussures appropriées. Mais la cascade, tout de même...


Gavarnie, 3 août 1999.

S'il y a un connaisseur, je serais preneur du dénivelé total, depuis la crête jusqu'aux pieds des promeneurs, de ces chutes d'eau. Plus de mille mètres, c'est sûr, mais combien, je ne sais pas.

D'un autre côté, un cirque, c'est bien comme endroit, pour des cascades. Non ?

Le Plume vous salue bien.


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vendredi 16 décembre 2005

Une après-midi au cirque

Pendant que je faisais ma config' de la mort qui tue pour l'opération dont je parlais hier (opération qui s'est plutôt bien passée, finalement : j'étais un peu pessimiste sur la qualité de la configuration écrite après 3h du matin. D'ailleurs, vers la fin, il y a pas mal de trucs qui clochaient, mais bon, on a pu corriger ça en temps et en heure. Fermons la parenthèse), pendant donc que je me faisais suer à écrire du JunOS dans le texte, j'ai numérisé quelques rouleaux de photos que je n'avais pas encore sur l'ordinateur. Je vais donc me faire un plaisir de continuer sur ma lancée avec les photos du cru 1999.

Et donc, pour oublier le crachin, les fibres optiques qui lâchent et les fichiers de configuration de 15.500 lignes, pourquoi pas un après-midi au cirque ? C'est une après-midi d'été ; tout le monde y va, en famille ou entre amis, par le chemin de terre, pour profiter du spectacle.


Gavarnie, 3 août 1999.

Oui, c'est de ce cirque-là qu'il s'agit : les archives de ce weblog manquaient salement d'images de la France au sud de la Garonne - étant donné que les périodes où je fréquentais le plus ces contrées étaient celles où je photographiais le moins. On va corriger ça.

À suivre...

Le Plume vous salue bien.


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jeudi 15 décembre 2005

Les rues de Paris

Factoïde inutile du jour : si depuis le milieu de la rue Saint-Martin, au niveau du conservatoire des arts et métiers, vous regardez l'arche de la porte Saint-Martin, elle vous apparaîtra pourvue d'une rosace de verre dans son demi-cercle supérieur. Il s'agit de la verrière de la gare de l'Est, côté départs, pile dans l'axe et à la bonne hauteur - ce qui n'est sûrement pas le fruit du hasard.


Paris, rue Saint-Martin, printemps 1999.

Sinon, encore un colloque aujourd'hui, une journée d'étude sur les sources de l'histoire des mines, dans le cadre plutôt plaisant de l'hôtel de Soubise, siège des archives nationales. Toujours intéressant d'entendre parler des archivistes de leur fonds, on en apprend infiniment plus qu'à lire les inventaires. Une bonne journée, à la seule réserve qu'à l'issue de celle ci, je n'ai toujours pas compris s'il s'agissait de l'histoire des mines (industrie extractive) ou de l'histoire des Mines (le corps des ingénieurs du même nom). Intervention de ma part au court du débat visant à souligner que si les écrits des ingénieurs des mines sont une source de l'histoire industrielle, elle est une source à interpréter à la lumière de la politique industrielle que ledit corps se donne pour objectif de promouvoir... intervention tombée complètement à plat, je le crains, les éminents ingénieurs des mines présents prenant ça pour une attaque contre leur vénérable corps et le reste de la salle étant pressé d'aller boire un pot. Aucune importance : à l'occasion d'une des communications, j'ai localisé un fonds privé qui m'intéresse particulièrement et que j'irais consulter à la prochaine occasion ; rien que ça, ça valait la journée.

En plus, tous les étudiants du master d'histoire des techniques ayant été incités à venir, ça faisait une journée sympa avec les potes. J'aime bien, les journées sympas avec les potes.

À part ça, je suis de plus en plus à la bourre pour mon changement de routage de demain. On va tâcher de se tirer de ce merdier avec nos deux burnes. Comme on dit.

Le Plume vous salue bien.


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mercredi 14 décembre 2005

Dis, Monsieur, c'est par où l'internet ?

À lire les entrées de ces derniers jours, on pourrait croire que je suis historien à plein temps. Hélas, il n'en est rien - ou alors, en plus du reste. Ces deux derniers jours étaient même particulièrement chargés en ce qui concerne mon vrai travail, celui pour lequel vos impôts me nourrissent.

Pour ceux qui l'ignorent, mon travail est (pour dire les choses rapidement) d'assurer l'accès internet aux diverses composantes d'une grande université parisienne. Je dis « l'accès internet » bien qu'il s'agisse tout autant de la connectivité interne, de l'accès aux bases de données internes, etc. Et qu'en plus, « l'accès internet, » ça ne veux pas dire grand chose : nous ne somme nulle part raccorder à un gros machin qui serait l'internet. Nos différents sites sont reliés à un réseau particulier, le réseau académique parisien, qui lui même est connecté au réseau national de l'enseignement supérieur et de la recherche, qui lui même est interconnecté à différents réseaux - et c'est l'ensemble de ce maillage qui forme ce qu'il est convenu d'appeler internet. Simple, non ?


Ces câbles connectent des gens à internet, si, si...

La brique de base de ce jeu de légo, c'est le routeur. Un routeur, c'est une sorte d'ordinateur spécialisé qui, à un embranchement de réseaux, oriente les paquets de données du bon côté. Par exemple, dans une grosse structure, tous les réseaux locaux desservant des laboratoires, des bureaux, des bibliothèques etc. sont raccordés à un routeur, qui est d'autre par raccordé à notre fournisseur d'accès.

Sauf que dans notre cas, il y a plusieurs routeurs interconnectés, gérés par des services différents. Et que précisément nous devons récupérer vendredi midi le routage de tout un paquet de réseaux. Et avec ça leur filtrage, ce qui suppose de réécrire des quantités de règles de filtrage... Et ça, c'est une bonne galère, je ne vous dis que cela. J'aimais encore mieux les opérations commando pour changer du matériel sur des sites distants au quatre coins de Paris, comme ce matin, tiens.

Le Plume vous salue bien.


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mardi 13 décembre 2005

En vitesse

Journée un peu trop remplie pour pouvoir disserter copieusement - par conséquent, une gare à grande vitesse, en passant :


Kyoto, la gare avec le reflet de la tour de télécommunications, août 1998.

Tiens, je vous avais déjà mis une photo de l'intérieur du bâtiment, en avril dernier. Donnez-vous la peine d'entrer !

Le Plume vous salue bien.



lundi 12 décembre 2005

Optimisme

Lu dans l'histoire de l'académie royale des sciences pour l'année 1779 :

« La guerre est un fléau, mais c'est la guerre elle-même, & non l'art de la guerre, qui est funeste : à mesure que l'art se perfectionne, les maux qu'elle enfante deviennent moins cruels ; car, plus les succès dépendent de la science & du talent, moins les passions & la fureur multiplient les massacres & la dévastation. Ainsi, en même temps que les progrès des lumières en morale rendront les guerres plus sages & moins acharnées, les progrès des lumières en physique les rendront moins sanglantes & moins destructives. Il est donc permis, sans blesser l'humanité, de louer des travaux qui ont pour objet la perfection d'un art destructeur. »

Condorcet, « Éloge de M. le comte d'Arci », Hist. Acad. Roy. Sci., 1779, pp. 54-90.

Comme quoi tout le monde peut se tromper.


Un instrument pacifique utilisé pour la perfection d'un art destructeur : l'avion d'instruction Fouga Magister, Rochefort, juin 2004.

Au fait, ce M. d'Arci (ou d'Arcy) est un militaire, savant et homme d'affaire d'origine irlandaise, né à Galloway en 1725 et mort à Paris en 1779. Il a fait quelques expériences ratées en matière d'artillerie, ce qui lui vaut ces réflexions de Condorcet, et était par ailleurs un des principaux actionnaires de la compagnie des mines de Basse-Bretagne, où les Jacobites exilés en France avait pas mal investi. Il était aussi un bon vivant, si l'on en croit un autre passage, assez peu élogieux somme toute, de l'éloge sus-cité :

« D'ailleurs, M. d'Arci vivoit dans le monde, & avec une belle figure, une taille avantageuse, un caractère ardent, une ame active, il étoit difficile qu'il ne se laissât point antraîner à une dissipation dont la constitution lui permettoit d'oublier la fatigue pour n'en sentir que les plaisirs ; & l'emploi de ses talens pour les Sciences a dû souffrir quelque-fois des autres avantages que la Nature lui avoit donné. »,

Condorcet, op.cit..

Sur ce, je rentre en vitesse faire souffrir la science des autres avantages que la nature m'a donné... Euh... Enfin, bref, je file.

Le Plume vous salue bien.



dimanche 11 décembre 2005

Encore de l'acier

Pour continuer sur ce que je disais hier : ce qu'on ne réalise généralement pas, ce n'est pas que l'acier soit plus rare au moyen-êge ou au XVIIème siècle qu'aujourd'hui (on s'en serait douté) mais c'est l'énorme différentiel dans les quantités produites, dans les prix et, partant, dans les usages - différentiel qu'on ne retrouve plus, puisqu'on n'a plus guère que de l'acier. Et que du coup c'est le fer forgé qui est plus cher, d'ailleurs.

En fait, dans le système ancien, seules quelques pièces critiques sont entièrement ou partiellement en acier : les fers à moulins, par exemple, qui frottent en permanence et donc s'useraient en un rien de temps. Ou alors les pointerolles de mineurs : elles sont en fer, mais on pose, à la pointe, un insert en acier, histoire que ça tienne le coup.

Tout change à la seconde moitié du XIXème siècle avec Bessemer, Siemens, Martin, Gilchrist et consorts, quand on commence à maîtriser la transformation de la fonte en acier en phase liquide - et ça se passe en partie à cet endroit :


Usine métallurgique de Sireuil, Charente, décembre 2002.

C'est là, en effet, sur les bords de la Charente, pas bien loin de Jarnac, que Pierre Martin (1824-1915) établit dans les années 1860 sa première aciérie, équipée du four qui porte son nom. Car, comme je le disais, si le procédé Bessemer de l'acier pneumatique est le plus connu, le procédé Siemens-Martin est largement plus proche de ce qu'utilise la sidérurgie contemporaine. La notoriété du procédé Bessemer tient je crois à son aspect spectaculaire et au fait qu'il se prête à de magnifique schémas explicatifs : on souffle de l'oxygène à haute pression dans une énorme cuve basculante pleine de fonte en fusion - bruit, gerbes d'étincelles, etc. Les procédés sur sole sont moins spectaculaires, puisqu'il s'agit essentiellement d'un four à réverbère amélioré - raison pour laquelle je m'y intéresse, évidemment. Tout se passe du coup dans une enceinte de brique réfractaire, à l'abri du regard des curieux... Mais c'est tout de même ce procédé qui a permi l'utilisation du minerai de fer de lorraine et donc donné naissance à la grosse sidérurgie française moderne. Bien loin des biefs charentais, il est vrai.

Le Plume vous salue bien.



samedi 10 décembre 2005

Acier

Aujourd'hui, on trouve de l'acier partout. Voitures, trains, rails, ciseaux, clous, marteau... La majorité des objets en métal que nous manipulons sont fabriqués en acier. Acier spécial, parfois : inoxydable, au tungstène ou au carbure de molybdène ; ou alors de l'acier de base, peut-être galvanisé pour éviter la rouille : cornières, tôles ondulées... Dans les villes comme dans les campagne, nos paysages sont peuplés d'acier.


Manhattan, Broadway & 125th, septembre 2004.

Comme vous me connaissez, vous savez ce quye je vais dire : qu'il n'en a pas toujours été ainsi. J'ai passé ma journée, avec beaucoup de plaisir, au colloque international « l'acier en Europe avant Bessemer » à entendre parler de cette époque où, s'il y a moins d'objet en fer, il y en a surtout une proportion infime qui sont fait d'acier. Petit compte-rendu...

Consultons le Larousse : Bessemer (Sir Henry). Charlton, Hertfordshire, 1813 - Londres 1898. Industriel britannique. Il mit au point un procédé économique de transformation de la fonte en acier (1855) qui s'est imposé. Le procédé Bessemer n'est pas le seul à avoir fait de l'acier une production de masse (l'acier sur sole, procédé Siemens éventuellement modifié Martin, est au moins aussi important d'un point de vue économique), mais il est le premier. À partir de là, l'acier devient un produit courant et progressivement la forme la plus employée du fer.

Rappelons les bases : l'acier, c'est du fer avec un peu de carbone (moins de 2%). Un alliage donc, même si les métallurgistes prèfèrent parler de solution solide de carbone dans du fer. S'il n'y a pratiquement pas de carbone, on parle de fer tout court ou, par convention, de fer forgé. S'il y en a plus de 2%, c'est de la fonte. Des trois, l'acier est le seul à combiner dureté et élasticité, ce qui est tout de même intéressant.

Avant Bessemer, donc, que fait-on ? Plusieurs possibilités. Si on utilise la méthode de réduction directe (sans passer par la fonte), comme dans le procédé à la catalane dont parlaient aujourd'hui Jean Cantelaube (université de Toulouse-le Mirail) et Olivier Codina (ministère de la culture d'Andorre), on obtient, si on s'y prend bien, une certaine proportion d'acier dans la loupe produite. On la casse en morceau et on fait le tri, en forgeant ensuite ensemble les morceaux qui vont bien. Par contre, dans le procédé indirect, ce qu'on obtient, c'est de la fonte. Si on veut produire du fer forgé, pas compliqué : on réchauffe les gueuses de fonte sous le vent d'un soufflet pour en brûler le carbone, ensuite, on bat le fer pendant qu'il est chaud et le tour est joué : c'est l'affinage. Mais si ce qu'on veut, c'est de l'acier, c'est moins simple. On a deux possibilités : essayer d'extraire la majeure partie du carbone mais en en laissant un peu, ce qui n'a rien d'évident, la décarburation n'étant pas quelque chose de simple à ne faire qu'à moitié - c'est ce que faisaient par exemple les aciéries de Rive-de-Gier. Sinon, on décarbure complètement et on remet du carbone après. On appelle ça la cémentation ; c'est un procédé connu depuis le haut moyen-âge mais qu'on commence à appliquer à grande échelle en Angleterre vers la fin du XVIIème siècle - un excellent exposé de Chris Evans (université de Glamorgan) montrait clairement le développement des aciéries à Sheffield et Birmingham à cette époque, pour transformer en acier le fer en barre importé de Suède et de Russie.

Du coup, évidemment, l'acier est très cher, même si du fait de la montée des aciéries britanniques il connait une forte baisse au XVIIIIème siècle ; il se vend d'ailleurs en petites quantités, avec toute une game de qualités en fonction de l'usage voulu. On n'utilise pas le même acier pour faire une lime ou pour faire un ressort de montre - ou une lame de rasoir, d'ailleurs.

L'exposé final, par Helen Clifford, de l'université de Warwick, rappelait le prestige qu'avait encore l'acier au XVIIIème siècle : on a alors une vague de la bijouterie en acier taillé ; pas de la joaillerie de haut de game, certes, mais des boutons, boucles et broches, parés de cabochons d'acier dont les facettes reflètent la lumière. À en croire une gravure publicitaire d'époque, l'effet est imparable : face au rayons de lumière émanant de l'habit que le gentleman a fait orner de boutons d'acier taillé, la jouvencelle tombe en pamoison. C'est quelque chose, tout de même !

Le Plume vous salue bien.



vendredi 9 décembre 2005

France-Angleterre

Allez, on va faire plus léger aujourd'hui, tout de même... Mais pas trop non plus, on n'est pas là pour rigoler.

France-Angleterre disé-je. Pas à propos de foot ; de rugby, à la rigueur, mais la saison est finie... Non : les trucs que je lis en histoire des techniques, des exposés, des documents d'archives m'amènent à réfléchir, ou plutôt révasser, sur le duo bizarre que forment ces deux pays depuis le XVIIIème siècle.


Roscoff : l'arrivée du ferry de Plymouth, été 2000.

Je ne vais pas résoudre le problème en trois coups de cuiller à pot ; je remarque juste qu'à partir de 1750 environ, l'élite française à les yeux rivés sur le modèle anglais. L'industrie anglaise remplace vers cette époque l'industrie allemande comme référence et, pendant tout le début du XIXème siècle, le corps des Mines se donne pour mission d'encourager les industriels français à suivre les méthodes anglaises. D'autres évidemment condamnent à tout va ces damnables innovations.

Ce dialogue continue, fait parfois d'envie, parfois de répulsion, tout au long des XIXème et XXème siècles. Aujourd'hui encore, alors qu'il devient difficile de trouver des gens qui par principe détestent les Allemands (à part peut-être des gens qui on de mauvais souvenirs de famille liés à l'Allemagne) - par contre, on trouve à la pelle des gens qui ont l'Angleterre et les Anglais en horreur. Ce qui prouve bien que notre relation à l'Angleterre est loin d'être neutre et dépassionnée, non ?

Le Plume vous salue bien.



jeudi 8 décembre 2005

Khayelitsha

Une nouvelle entrée sur l'Afrique du Sud, histoire de ne pas se contenter de nature sauvage et de grands paysages - ce n'est pas ça qui fait de l'Afrique du Sud un pays à la fois unique, fascinant et terrifiant.

Ce qui est unique dans ce pays, c'est que pendant quarante ans toute la force de la puissance publique a été utilisé dans un seul but : séparer les gens ; repousser dans des périphéries volontairement éloignées et discontinues la majorité de la population - townships à l'échelle de la ville, bantoustans à l'échelle du pays ; constituer en étrangers 80% des habitants du pays pour construire une Afrique du Sud illusoire dont le peuple Afrikaner serait le maître incontesté.

L'important, dans l'histoire de l'Apartheid, ce n'est pas le petty apartheid, la ségrégation au jour le jour dans les lieux publics ; c'est ce vaste effort d'ingénirie spatiale pour instituer géographiquement cette ségrégation. Quand on connaît la difficulté qu'il y a à faire l'inverse, on se doute qu'il n'est pas aisé de faire marche arrière.


Khayelitsha (township du Cap) : la gare et le marché aux frippes, février 1997.

On est ici à Khayelitsha, le plus grand et le plus récent des townships de la ville du Cap. Le paradoxe du Cap, c'est que la doctrine officielle du parti national en faisait une ville où les noirs n'avaient pas leur place - la ville et toute la province, qui représentait plus du tiers de la superficie du pays, étant censé être partagée entre Blancs et Cape Coloured, descendants des premiers habitants Khoisan. L'Apartheid, rappelons-le, est avant tout un système où la place géographique de chacun dans le pays est déterminée par son appartenance raciale - encore une fois, ce n'est pas seulement une question de première, deuxième ou troisième classe dans les chemins de fer. Mais cette absence des noirs étant une fiction, les gouvernements des années 1970 et 1980 ont entrepris d'institutionaliser cette présence en construisant un grand township, à une vingtaine de kilomètres du centre-ville, sur les étendues sableuses et battues par les vents des Cape Flats.

Dans la mesure où la raison d'être officielle de ce township était de fournir de la main d'œuvre, il fallait qu'il soit relié au centre-ville par chemin de fer ; les études préalables à l'établissement du township accordent donc une importance prédominante au tracé de la ligne et à l'implantation des gares. C'est particulièrement révélateur des mécanismes de l'Apartheid de l'époque Botha, ce qu'on a appelé la dictature technicienne : la période où le durcissment du régime se cache derrière un discours de l'efficacité et de la dépolitisation. On ne fait pas de grands discours justificateurs, on se contente de faire un tracé techniquement parfait dans lequel les impératifs de ségrégation et de maintien de l'ordre sont contenus mais implicites. J'avais étudié brièvement cette question d'après les archives publiques disponible à la South African Library de Cape Town ; il faudrait que je m'y remette un jour, c'est intéressant aussi pour l'historien des techniques.

Le résultat, ce sont ces gares-check points au dessus des voies-coupe feu (s'agissant du feu de l'insurrection redoutée ; la lutte contre l'incendie, problème majeur de ce quartier en plein vent où l'on cuisine à la parafine, n'a guère été prise en compte par les urbanistes du régime ; ce sont ces quartiers où, à vingt minutes de voiture des restaurants et des pontons du Victoria and Albert Waterfront, on ne voit jamais un blanc - et dont bien des habitants n'ont jamais vu la mer toute proche. Le résultat, c'est que le dynamisme de l'informel incarné par ces échopes (dont l'une a le téléphone : c'est rarissime, et la marque d'un certain succès) ne peut se cristalliser à l'échelle de la métropole pour devenir un développement économique partagé par tous ; le résultat, c'est que le Cap reste, malgré sa réputation largement usurpée de progressisme, l'une des villes du pays les plus fortements ségréguées.

Sur ces joyeuses considérations, le Plume vous salue bien.



mercredi 7 décembre 2005

De l'ombre à la lumière

[note 09/12/2005 : suite à un crash de 20six, cette note a été perdue ; j'en rétablis l'image, pour le texte, ça va être plus approximatif. Ça m'apprendra à ne pas prendre les deux minutes nécessaires pour sauvegarder l'entrée dans la base de donnée de ma page perso - après tout, on connaît la fiabilité de la palateforme technique de 20six...]

Sortie de l'ombre en image après cette petite interruption de la production :


Swartberg Pass, Western Cape, South Africa, février 1997.

C'était entre le petit et le grand Karoo, dans cette montagne noire qui est rouge et blanche sous les rayons du soleil mais où le jeu de l'ombre et de la lumière est à la mesure de la brutalité de ces déferlantes de pierre immobiles... Au delà, c'est l'immensité désertique du Karoo - c'est à dire le vide.

Le Plume vous salue bien.



lundi 5 décembre 2005

Tout cassé, encore...

C'est dingue, comme une élévation de quelques degrés de la température corporelle peut changer votre vision du monde, non ?


Trois photos en une, Monasterboice, County Louth, Ireland.

Bon, O.K., faut que j'arrête de me lamenter sur mon sort : je suis en bonne santé ; je me débrouille juste pour chopper tous les trucs qui passent en cette saison. Ou alors les chapatis d'hier soir étaient frelatés. Allez savoir.

Le Plume vous salue bien et retourne se coucher.



dimanche 4 décembre 2005

Métal et construction (suite)

Puisqu'une lectrice attentive mentionne le vitrail comme lieu d'emploi du métal, je confirme : un vitrail comporte certe du verre mais aussi une résille de plomb joignant les morceaux et une armature de fer. Voyez plutôt :


Courgenay (Yonne), grisaille de l'ancienne chapelle de l'abbaye de Vauluisant.

On voit bien dans cette photo, prise en équilibre instable du rebord d'une tribune à 4 ou 5m au dessus du sol, les différents éléments : Les pièces de verre (ici sans aucun intérêt d'ailleurs) sont insérées dans une résille en plomb ; l'ensemble est maintenu en place par les « barlotières, » mot que je tenais absolument à utiliser vu que je viens de l'apprendre. Il s'agit de paires de fers plats dont l'un est pourvu de fente, l'autre de petits taquets et qu'on positionne de part et d'autre du vitrail ; les taquets viennent se loger dans les fentes et des clavettes plus ou moins triangulaires viennent verrouiller l'ensemble - d'où le nom, contraction de « barres loquetières » si on en croit les termes romain qu'on relève dans les livres de comptes de l'époque. Ici, il s'agit clairement d'une rénovation récente : les clavettes sont de parfaits triangles rectangles, taillés en deux coup de scie ou de meuleuse dans du fer plat. Les clavettes anciennes ont généralement la forme d'une sorte de virgule. Il y a par ailleurs ici une grande barlotière verticale, ce qui est inhabituel.

À noter en haut et en bas un deuxième ordre de renfort en fer, les vergettes, de section moindre et fixées au vitrail par des bouts de résille nouées derrière - c'est l'avantage du plomb, c'est mou comme tout. Il s'agit non pas de retenir le vitrail mais juste de le rigidifier pour tenir le coup en cas de raffale de vent, sinon c'est un peu râlant. Dans les grands vitraux en lancette des cathédrales, on a de plus de gorsses barres, munies de clavettes comme les barlotières, mais bien plus fortes et servant en fait d'étai à l'encadrement de la fenêtre, à moins qu'elles soient inclues dans un ceinturage du bâtiment (ce qui n'est pour l'instant pas avéré, mais allez savoir).

Les nombreuses toiles d'araignées, malgrés les propriétés mécaniques que vantait récemment une vingtisixienne qui se reconnaîtra, n'ont pas de rôle structurel précis à ma connaissance !

C'était : comment faire un cours magistral pompeux sur un sujet dont on ignorait tout vendredi dernier.

Le Plume vous salue bien.



samedi 3 décembre 2005

Métal et construction

...au moyen-âge : tel était le sujet du séminaire « énergie et matériaux » de l'équipe d'histoire des techniques de Paris 1 cet après-midi. Des tas de choses intéressantes, par exemple sur l'usage (très abondant) du fer dans les cathédrales gothiques ou du plomb comme joint souple pour les bases et chapiteaux de colonnes, etc. En conclusion, exposé de notre tout nouveau professeur émérite et ancien directeur, Paul Benoit, sur les autres régions et les autres époques, qui notamment mettait en évidence quelque chose que j'avais eu sous les yeux des dizaines de fois sans le voir : la fréquence considérable des tirants de fer, parfaitement visibles, dans l'architecture médivale de l'aire méditerranéenne, notamment en Italie.


Bergamo, Convento di San Francisco, XIIIème siècle, juillet 2005.
Noter les tirants d'un pilier à l'autre, en travers du déambulatoire.

C'est vrai dans le cas du cloître de l'ancien couvent des franciscains de Bergame (qui était fermé ce jour-là, mais on avait oublié de fermer la porte et nous n'avions pas vu les horaires), vrai aussi, de manière spectaculaire, pour le Palazzo della ragione de cette même ville, daté du XIIème siècle, avec de très longs tirants traversant tout le bâtiment ; pour les loggie multiples et variées ; et bien sûr dans les églises et cathédrales, qu'elles soient médiévales ou plus récentes : les barres de fers, consciencieusement cachées dans nos cathédrales gothiques, scandent ici le haut des nefs, en pleine vue. D'ailleurs, regardez une des annonciations de Fra Angelico : les tirants métalliques du bâtiment vont de soi pour le peintre ; ils forment même un cadre qui souligne la perspective et indique le point de fuite - qui se trouve en haut de la fenêtre de la pièce du fond, comme Madame Plume me l'a fait remarquer.

Dans l'aire culturelle française, cependant, si le fer se fait de plus en plus abondant dans l'architecture, il reste caché, et ce jusqu'au XIXème siècle - le cas le plus impressionnant étant le Panthéon (XVIIIème), qui grâce au fer a le plus faible rapport poids de pierre/volume du bâtiment de l'architecture de pierre. Le fronton du bâtiment est par endroit un fin parement accroché à une armature de fer - et pourtant, pour l'œil, c'est un véritable bâtiment de pierre, à lantique... Seule partie visible de cette armature : les grands longerons de fer visibles au plafond du porche, joignant entre eux les chapiteaux de colonnes - et pour les regarder, il faut risquer un sacré torticoli.

Pourquoi la pierre est-elle restée la seule matière avouable pour les grandes structures dans nos régions, alors que le duo pierre/fer fait partie des normes architecturales en Italie, mais aussi dans le royaume de Grenade et sans doute dans les autres pays méditerranéens dès le XIIème siècle ? Voilà une question qui a bien peu de chance de trouver de réponse. En attendant, je ne vais plus pouvoir visiter d'architecture italienne sans voir le fer partout !

Le Plume vous salue bien.



vendredi 2 décembre 2005

Whitby Abbey

Pour continuer sur Whitby, voici l'abbaye en ruine décrite par Bram Stoker (ou plutôt par la personnage de Bram Stoker dont le chapitre prétend reproduire le journal) (mais finalement, c'est Bram Stoker qui écrit, pas son personnage) (y a-t-il un narratologue dans la salle ?). Bref, Mesdames et Messieurs, l'abbaye de Whitby :


Whitby, North Yorkshire, été 1994.

N'empêche, c'est bien des Bénédictins, de mettre une abbaye presque en ville. C'est la même chose à Shrewbury, à l'autre bout du pays - tous les lecteurs de Cadfael savent ça. Typique aussi des Bénédictins, l'abbaye est en sommet de colline. Les Cisterciens, eux, ont systématiquement établi leurs abbayes dans des vallées dont ils mettaient en valeur l'hydraulique : autre époque, où le savoir-faire technique commence à prendre de l'importance. Mais bon, ceci n'a pas grand chose à voir avec les somptueuses ruines de l'abbaye de Whitby. C'est le problème des historiens, ils démarrent pour un rien, et après, on ne les arrête plus.

Sinon, quasiment bouclé un projet (informatique) qui m'a pris comme il se doit plus de temps que prévu, d'autant que c'est de mon temps libre qu'il s'agissait. Un site web dynamique pour un photographe, un truc assez sympa, super simple d'usage à la fois pour la personne qui met ses photos en ligne et celui qui les consulte. Enfin, je crois. À mon collègue graphiste de prendre les choses en main, maintenant - moi, je retourne à mes chers marchands de canons.

Le Plume vous salue bien.



jeudi 1 décembre 2005

Même pas mort

Eh non, ce blog n'est pas mort - c'est juste une angine, ça ira mieux d'ici un jour ou deux. Ce qui n'exclue pas de profondes remises en cause en se battant les flancs face à la mer en furie : où va ce blog ? pour quoi faire ? Tout ça, quoi. Mais au bout du compte, je continue pareil, parce que j'aime bien. Un petit relookage un de ces jours, peut-être, histoire de raffraîchir le tout. On verra.


Le cimetière de Whitby, près de l'ancienne abbaye. North Yorkshire, été 1994.

Tiens, à propos de Whitby en général et de cet endroit en particulier :

« Right over the town is the ruin of the Whitby Abbey, which was sacked by the Danes, and which is the scene of part of “Marmion,” where the girl was built up in the wall. It is a most noble ruin, of immense size, and full of beautiful and romantic bits; there is a legend that a white lady is seen in one of the windows. Between it and the town is another church, a parish one, round with a big graveyard, all full of tombstones. This is to my mind the nicest spot in Whitby, for it lies right over the town, and has a full view of the harbour and all up the bay to where the headland called Kettleness stretches out into the sea. It descends so steeply over the harbour that part of the bank has fallen away, and some of the graves have been destroyed. In one place part of the stonework of the graves stretches over the sandy pathway far below. There are walks, with seats beside them, through the churchyard; and people go and sit there all day long looking at the beautiful view en enjoying the breeze. »

Bram Stoker, Dracula, 1897.

Je ne saurais mieux dire. Évidemment, une subite tempête de plein été n'a pas amené sur le rivage de la mer du nord un vaisseau fantôme venu des confins du Danube et porteur d'une bien dangereuse cargaison...

Le Plume vous salue bien.



mardi 29 novembre 2005

Pensée d'Italie

Pas beaucoup de temps ce soir non plus, juste le temps pour une petite pensée d'Italie...


Saluzzo, 5 juillet 2005, vers trois heures.

J'ai déjà parlé de Saluzzo, petite ville sur les bords de la plaine du Pô, je crois. Eh bien, la revoilà, un peu de couleur pour un Paris de novembre !

Le Plume vous salue bien.



lundi 28 novembre 2005

Pensée de désert

Complètement à la bourre, je me contente d'une petite pensée de désert :


Nevada, août 2004.

Le Plume vous salue bien.



dimanche 27 novembre 2005

Mémoire de neige

Puisqu'on y est, et bien qu'il n'y ait plus le moindre soupçon de neige sur la capitale, une autre image de février dernier :


Jardin des plantes, 23 février 2005.

Le jardin des plantes était fermé, bien sûr, comme à chaque fois qu'il y a quelque chose de marrant : l'humeur procédurière de nos contemporains est passé par là, sans aucun doute. Seuls donc au milieux des parterres à la Française : Lamarck, se tenant la mâchoire, comme d'habitude ; Buffon, à peine visible tout au bout, à côté de la grande galerie, lui tourne résolument le dos ; entre les deux, un gardien qui profite de toute cette neige pour lui tout seul. Et moi, derrière les grilles de la place Valhubert, hélas.

Sur ce, je retourne à mon curry d'agneau aux épinards pour cinq personnes qui mijote en cuisine !

Le Plume vous salue bien.



samedi 26 novembre 2005

Bé ma bonne dame c'est qu'y nous ont détraqué le temps avec tous leur trucs !

Vu qu'on parlait de froid à la BNF hier et vu la météo de ce matin, j'ai peut-être une chance de faire passer cette photo pour une image du jour, non ?


Bibliothèque nationale de France, 23 février 2005, 11h36.

Mais soyons honnête : les flocons de ce matin, je les ai regardé tomber depuis mon lit douillet. Un très bon endroit pour ce genre d'observation, je dois dire.

Le Plume vous salue bien.



vendredi 25 novembre 2005

Autoportait du blogueur en cabri

Voilà, ça y est : j'ai choppé la crève. Ça m'apprendra à oublier mon bonnet de laine quand je vais travailler à la bibliothèque nationale. Tout ça pour lire les écrits d'ingénieurs à la retraite qui se prennent pour des historiens - ou pire encore, des officiers de marine à la retraite.

En sortant de la BN, discussion avec un vendeur de sandwich : « j'espère qu'il ne va pas neiger, tout de même ! » J'ai évidemment été pleinement exacaucé à ma sortie du métro, quinze minutes plus tard.

Du coup, ce soir, mal de crâne et cerveau empâté. Il n'est donc que justice que, pour une fois, j'utilise une photo qui n'est pas de moi - la preuve, je suis dessus.


Yorkshire Moors, été 1994.

Oui, la chose en pantalon violet qui saute comme un cabri sous le regard perplexe d'un ami anglais et de quelques moutons, c'est moi - besoin de me dégourdir les jambes après des heures coincé à l'arrière d'une vielle deux-chevaux ! La photographe c'est, bien sûr, la Madame, qui avait pourtant fait le trajet dans les mêmes conditions mais n'a pas ressenti le besoin de se lancer dans de périlleuses cabrioles pour si peu.

Souvenir : arrivés au camping où nous nous rendions, après 8h de route dans les conditions susdites, on se rend compte qu'on a bien amené les tentes, mais pas les mâts qui allaient avec. Remontrance de la gent féminine, qui regrette amèrement d'avoir fait confiance à la partie masculine de l'équipage sur ce point ; hilarité du patron du camping quand, penaud, nous lui expliquons notre situation - et de nous emmener dans son cimetière des mâts de canadienne, dans un coin de sa grange, nous priant, avec un accent du Yorkshire à couper au couteau, de prendre ce qui nous conviendrait... Résultat de cette élégante symmétrie dans la distraction vacancière : un net retour d'afffection au sein des couples et le montage avec succès du campement. Même si, il faut bien l'admettre, le volume intérieur disponible s'est retrouvé fort diminué lorsque l'inévitable averse nocturne est venue ajouter à la pression exercée par les doubles toits sur nos gréements de fortunes.

Le Plume vous salue bien.



jeudi 24 novembre 2005

Pendant ce temps là, en haut de la rue...

Comme j'avais du mal à me lever ce matin, c'est le travail qui est venu à moi : je devais retourner à l'ancien hôpital Saint-Lazare, juste en haut de la rue, pour mettre en place un accès réseau temporaire : il y reste un dernier petit morceau de l'UFR qui était logée là jusqu'au mois d'octobre et qui a déménagé avec armes et bagages (rappelez vous de la fibre ensorcelée : c'était eux) à deux cent mètres de là. Avec armes et bagages, mais sans leur bibliothèque, restée en arrière pour d'obscures raisons de visa préfectoral en retard pour des travaux d'aménagements. À quelques mètres des bureaux de ces gens-là, il y a maintenant ceci :


Ancien hôpital Saint-lazare, cet après-midi.

ce qui est ballot, c'est que la distribution du chauffage central se faisait à peu près en dessous de l'endroit où se trouvent les pelleteuses - du coup, c'est devenu un peu délicat de monter le thermostat... Ce qui diminue nettement la motivation du personnel comme des usagers, je dois dire. J'ai moi-même eu quelques difficultés à configurer le routeur Netscreen de mes doigts gourds, surtout en utilisant comme console un Palm et son stylet. Les collègues en poste dans ces murs avaient trouvé la solution : brancher suffisamment de radiateurs sur une prise multiple pour que le cordon électrique lui-même participe au chauffage de la pièce. Il suffisait d'y penser.

Sinon, ça fait un drôle d'effet de travailler presque à domicile : croiser successivement dans la rue le voisin du dessus et le voisin du dessous, m'arrêter sur le trottoir pour discuter avec mon concierge alors que je trimballe deux équipements réseaux relativement encombrants... j'aime bien, en fait.

Sinon, en vrac : une bonne séance de séminaire sur l'histoire de la pensée technique ; un trajet peu enthousiasmant pour en revenir à vélo ; une abstention involontaire pour l'élection de mes secrétaires de sections, fédéraux et nationaux (pas eu le temps d'y aller ; des candidatures uniques, de toute façon). Et un petit coup de blues : les amis qui vivent loin, ça fait plaisir quand ils viennent mais, après, ils repartent.

Le Plume vous salue bien.



mercredi 23 novembre 2005

Caps et pointes

Une bonne photo, c'est sûr, c'est satisfaisant - mais parfois une bien médiocre photo vous tire par la manche, pour peu qu'elle ait quelque chose à vous dire. Parce qu'elle représente quelqu'un qui vous est cher, peut-être, ou un souvenir dont le retour fait du bien. Pour moi qui photographie le plus souvent des lieux, tout simplement parce que c'est la seule chose que je sache faire avec un appareil photo, c'est souvent le lieu qui me parle. C'est pourquoi je ne peux me séparer de cette série de photos, prise avec un Instamatic des plus poussifs que m'avais prêté un cousin qui l'avait lui-même reçu en cadeau pour un abonnement à un magazine quelconque, lors d'une croisière de quelques semaines entre Saint-Malo (Ile-et-Vilaine) et Malaga (Andalousie), via le golfe de Gascogne, le Portugal et Gibraltar.


Cabo de Sagres, Portugal, juin 1992.

La pointe de Sagres : une presqu'île, presque une île, aux falaises inabordables, tout au bout de la péninsule ibérique. Dans son monastère, au quinzième siècle, les géographes d'Henri le Navigateur recopiaient, compilaient, cartographiaient pour trouver le moyen d'aller plus loin.

Je n'y ai jamais mis le pied, si l'on excepte le pied marin. Mais vu de la mer, justement, c'est un lieu qui marque.

Le Plume vous salue bien.

P.S. : je viens de renumériser certaines photos de ces derniers jours, en particulier celles de Brasparts, Camaret et Lost Marc'h, avec un gain de qualité appréciable. Il faudrait que je refasse la numérisation de tous mes négatifs, mais franchement, ça n'est pas pour tout de suite...



mardi 22 novembre 2005

D'autres cieux

On me fait remarquer que la photo d'hier était un peu grise et que la froidure actuelle demanderait plutôt une cure de luminothérapie photographique. En voici donc une autre, avec un cadrage à peu près similaire, mais venue d'un autre continent :


Petit Karoo, Afrique du Sud, février 1997.

Petit Karoo, Grand Karoo... Ça fait partie des noms qui font rêver sur les cartes de géographies, comme Harar, Gobi ou Anapurna. Bon, pour dire vrai, moi, toutes les cartes de géographie me font rêver - et donnent envie « d'aller voir, aller voir, aller voir, » comme disait je crois l'explorateur charcot au jeune Paul-Émile Victor. Le Grand Karoo, je vous l'avais montré il y a longtemps - une de mes photos fétiches. Celle-ci en est une autre, prise alors que la vieille jeep faisait une petite pause au bord de la route quelque part dans le Western Cape, avec le vieux boîtier Pentax que mon père avait acheté l'année de ma naissance et qu'il m'avait prêté pour ce voyage. Une photo pour rêver !

Le Plume vous salue bien.



lundi 21 novembre 2005

Monts d'Arrée

Quand j'étais à l'école primaire, j'ai appris comme il se doit les points culminants de la France et des cinq continents, mais aussi celui de la Bretagne - j'étais il est vrai élève de l'école publique Joseph Morand à Lannion (Côtes-du-Nord). On m'apprit donc que le point culminant de la Bretagne se trouvait au mont Saint-Michel-de-Brasparts, dans les monts d'Arrée. La vérité scientifique m'oblige à préciser que c'est inexact : les deux points culminants de la Bretagne sont, ex-aequo, Tuchenn Gador et Roc Trevezel, le premier à mille cinq cents mètres de là, le second à quatre ou cinq kilomètres. Tous deux, du haut de leurs 384 mètres d'altitude, dominent largement les 382m du mont Saint-Michel-de-Brasparts. J'admets : on n'est pas dans le domaine des neiges éternelles, des cordes et des piolets...

Pour rejoindre le sommet, en fait, il suffit d'aller au bout d'une petite route qui mène à la chapelle Saint-Michel, sans doute construite là pour donner un lustre nouveau à un lieu de culte bien antérieur - après tout, c'est aussi le cas de l'église Saint-Gervais Saint-Protais, dans le quatrième arrondissement de Paris. En haut, le vent, un paysage sévère ; en bas, le réservoir Saint-Michel, au bord duquel fut construite la centrale nucléaire de Brennilis.


Vue vers l'est depuis le mont Saint-Michel-de-Brasparts. Saint-Rivoal, Finistère, juillet 2000.

Si l'on trouve saugrenu d'avoir installé une centrale dans un lieu aussi sauvage, je ferais remarquer qu'à quelques kilomètres de là se trouvaient, il n'ya guère que deux siècles, les mines de plomb argentifère les plus modernes et les plus importantes de France : le Huelgoat et Poullaouen. C'est même là que fut installée la première machine à vapeur de France, pour aider à l'épuisement des galleries de mine - pour une raison qui dépasse mon entendement, elles subissaient d'importantes infiltrations d'eau.

Évidemment, aujourd'hui, le Huelgoat préfère vanter ses chaos granitiques (« camp d'Artus, » etc.), effectivement magnifiques, que son passé industriel. Le touriste n'a pas besoin de savoir que le ruisseau d'Argent doit son nom à une industrie des plus polluantes, plutôt qu'aux reflets du soleil sur l'onde, et que le plan d'eau au bord duquel se trouve le camping municipal fut établi comme source d'énergie pour les ateliers métallurgiques... Au demeurant, peut-être pourrait-on faire un lien entre la pollution due à ces ateliers et le déclin de la population dans ce bassin au XIXème siècle. Il faudrait que je pose la question à ma directrice, qui est spécialiste de l'histoire de ces mines.

Là où je veux en venir, c'est que, dans nos contrées, il n'y a pas de paysage qui ne soit avant tout un paysage humain. Ça mérite d'être rappelé, je crois.

Le Plume vous salue bien.



dimanche 20 novembre 2005

Marée basse à Camaret

Et finalement, pourquoi ne pas continuer cette série de photos du département du Finistère, commencée la semaine dernière ? Histoire de poursuivre le clin d'?il aux copains finistériens et aussi parce que j'aime bien les photos prises cet été-là. Alors, restons sur la presqu'ile de Crozon, avec la petite ville portuaire de Camaret - et, non, je n'ai pas rencontré le curé. On l'appelerait recteur, de toute façon, pas curé, non mais !

À Camaret, en tout cas, quand la mer s'abaisse, les chalutiers en profitent pour se reposer, faire une bonne sieste, la joue contre le quai et la panse bien posée sur le sable et les algues.


Le port de Camaret, juillet 2000.

Le Plume vous salue bien.



samedi 19 novembre 2005

Aglagla

Comme disait le vieux marin de Gotlib dans un vieux Rubrique-à-brac (ou était-ce un Truc-en-vrac ?) « j'l'avions bien dit que ça allait fraîchir ! »


Plutôt frisquet pour un dix août : détroit de Davis, Groenland, août 1993.

En plus de la météo, deux rencontres avec le Grand Nord aujourd'hui : discussion fort intéressante avec une étudiante qui étudie les baleiniers basques su la côte du Labrador au XVIème siècle ce matin et une émission de télévision un petit peu décevante sur le passage du Nord-Ouest ce soir. Pas facile de rendre l'ambiance très particulière de ces coins-là.

Côté soleil : la Madame est rentrée ce soir d'un raid express à Perpignan, avec une cargaison d'huiles en direct du marché aux olives. Du coup, il fait nettement moins froid.

Le Plume vous salue bien.



vendredi 18 novembre 2005

Bruyères ?

Entre deux journées d'histoire des technique, un petit coup d'œil du même endroit que mercredi, mais cette fois-ci en direction du nord :


Pointe de Lost Marc'h : vue au nord vers la pointe de Pen-Hir, juillet 2000.

Comme à la pointe de Dinan, l'étage du Crithme monte très haut : les falaises sont particulièrement fleuries en mai (Armeria, Cochlearia officinalis...) ; sur le plateau, la richesse en calcaire du substrat rocheux est sans doute en relation avec l'aspect très particulier de la végétation, notamment en pente S : de vastes pelouses herbeuses, colonisées par le Troène, sont riches en plantes calcicoles ou neutrophiles : Brachypodium pinnatum, Carex flacca, Salvia verbenaces, Eryngium campestre, plusieurs centaurées, Ranunculus bulbosus, Spiranthes spiralis...

Ce n'est pas moi qui le dis mais le très sérieux Guide naturaliste des côtes de France : La Bretagne du Mont-St-Michel à la Pointe du Raz, par Marcel Bournérias et consorts. Par contre, ne me demandez surtout pas à quoi ressemblent les plantes citées !

Le Plume vous salue bien.