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Des photos et des jours

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lundi 20 mars 2006

Commuting Times

Lors de mon séjour en Afrique du Sud, j'avais commencé à regarder de près une question qui vaudrait la peine qu'on y travaille sérieusement : le développement des chemins de fer de banlieue en rapport avec l'accélération et la systématisation de la politique d'Apartheid dans les années 1970-1980. C'est une époque où le gouvernement se veut technicien - par opposition à politique, genre : la politique, c'est une affaire de villains communistes, pouah, nous on est au dessus de tout ça et on fait les seuls bons choix pour le pays. Une belle illustration de ce que recouvre la prétention à l'apolitisme, cette époque Botha.(*)

Le résultat, c'est qu'on ne dit pas : « Il faut envoyer les Noirs loger au diable vauvert », mais on dit :

Arising from the decision of the Cabinet that provision should be made for the total long-term housing needs of the Black population of the Cape Peninsula in the Drift Sands/Swartklip area, a commencement has been made with the development of the new residential area Khayelitsha on the Cape Flats.

(Report of the South African Transport Service Board Relative to the Construction of a New Line between Philippi an Khayelitsha, Cape Town, 7 mai 1985.)

Technocratiquement, tout ça va de soi : si on tolère les Noirs à Cape Town (région d'où ils étaient légalement exclus), c'est pour servir de main d'œuvre ; pour servir de main d'œuvre, il faut qu'ils puissent venir travailler - ergo, il faut des trains. Logique tout ça.


Gare de Cape Town, la barrière de contrôle pour l'accès au quai. Les énormes structures en acier derrière le contrôleur, ce sont les portillons. Essaye de sauter par dessus, tiens !

Corollaire de la chose : la composition d'un train dépend directement de sa destination. S'il est pour les coquettes banlieues Nord, on aura une moitié de voitures de première classe, le reste étant partagé entre deuxième et troisième classe ; si c'est pour les vastes quartiers coloured et Asian de Mitchell's Plain, pas ou peu de première et troisième classe ; si c'est pour les townships noirs de Crossroads et Khayelitsha, 100% troisième classe.

Et du coup on comprend mieux ce que veut dire un usager qui se plaint, dans Commuting Times, la revue maison de Metrorail-Western Cape, que « la première classe est envahie pas des voyageurs de troisième classe qui d'ailleurs voyagent sans billets. » Il y a des classes qui ne dépendent pas des billets.

Le Plume vous salue bien.

(*) Cf. sur la question du vocabulaire de l'expertise et de la technicité l'excellent article de Deborah Posel, « The Language of Domination, 1978-1983 » dans Shula Marks et Stanley Trapido (éditeurs), The Politics of race, class and nationalism in twentieth century South Africa, Longman, 1987. Garder sa biblio et ses notes sur un sujet auquel on n'a pas touché depuis huit ans est-il un signe de maladie mentale ?



mercredi 7 avril 2004

Un peu plus loin

Quelques règles de base pour ce blog: une entrée par jour, une photo par entrée. Les jours pairs, c'est ici et maintenant; les jours impairs, ailleurs.

 

Commémoration aujourd'hui du 10ème anniversaire du génocide rwandais. La France complice? Au moins un peu -- coupable d'avoir ignoré le carractère raciste du régime Habyarimana, qui entretenait à dessin l'ambiguité en publiant des versions différentes de sa prose en Français et en Kinyarwanda (ces dernières n'ayant rien à envier à la propagande nazie); d'avoir soutenu ce régime au nom d'une solidarité francophone à l'odeur de colonialisme pré-Fashoda (pour Mitterrand, le FPR de Kagamé, c'était les méchants Anglophones venus grignoterla tache rose de l'Empire (et, oui, je sais que le Rwanda n'a jamais été une colonie française)); d'être intervenu à contre-temps avec l'opération Turquoise, permettant le départ des milices génocidaires vers le Zaïre voisin, laissant derrière elles les paysans que la propagande avait transformés en tueurs... Oui, il n'y a vraiment pas de quoi se vanter. Jean-Pierre Chrétien a montré depuis comment l'écran sémantique des "conflits ethniques" avait permis d'occulter totalement la monté en puissance d'un nazisme tropical qui peut se vanter d'une efficacité rare dans l'atrocité.

 

Pour illustrer ces peu réjouissant propos, on me permettra un contresens géographique avec cette photo que j'ai prise en 1997 du cimetière de Crossroad, en marge d'un bidonville des quartiers noirs de Cape Town.

 

Le Plume vous salue bien.


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lundi 14 novembre 2005

Des nouvelles de l'automobile

Avec une batterie neuve, ça roule impeccable. Elle est comme neuve, cette voiture, ou presque !


Cape Town, février 2002 : centre commercial de Crossroads.

Par contre, le moyen idéal pour transporter une batterie, ça reste la voiture pour laquelle elle est destinée. Le porte-bagage d'une bicyclette, c'est tout de même beaucoup moins pratique. Surtout quand ça monte.

Le Plume vous salue bien.



lundi 28 juin 2004

I've got good gnus, and I've got bad gnus

...et sinon, il y a les gnous qui paissent pasiblement sur les pentes de Devil's Peak, aux portes de Cape Town.


Vue de la voie express qui longe le parc naturel de Devil's Peak, au sud de Cape Town, février 1997.

La formule à la mode dans les milieux blancs branchouilles et se disant "de gôche" à la toute fin des années 90 : "le problème avec les noirs, c'est qu'ils ne respectent pas l'environnement, ce n'est pas dans leur culture..." Tu parles, ils sont cons, les noirs, ils préfèrent squatter un parc naturel à 20 minutes à pied du centre-ville plutôt que d'aller se loger tout aussi mal à Khayelitsha, une plaine de sable battue par les vents, à 25km de là... Un vrai scandale !

L'Afrique du Sud est l'Afrique du Sud, etc. Mais ça m'a appris à me méfier de ce qui se cache derrière les discours environementalistes bien pensants.

Le Plume vous salue bien.


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mercredi 15 décembre 2004

Semi-informel

J'avais quelque remords à faire une entrée sur l'Afrique du Sud aux petits airs de brochure touristique : « l'Afrique du Sud, ses paysages, son littoral, son ciel bleu, » etc.

L'Afrique du Sud, c'est bien sûr le champ d'action de la gigantesque entreprise d'anti-aménagement du territoire qu'a été la politique d'Apartheid, notamment dans les années 70 à 80. Je dis anti-aménagement du territoire parce que le principal soucis de l'aménageur, c'est de créer de la cohérence, du « vivre ensemble », alors que là on voulait l'inverse : séparer, minimiser les points de contact, rendre ce qui des contacts entre populations était indispensable à l'économie du pays le plus inconfortable et le plus transitoire possible. Les transports même séparent plus qu'ils rassemblent : lorsqu'aux environs du Cap le gouvernement Botha finit par se résigner à créer un township noir de grande ampleur, on construit l'indispensable ligne de chemin de fer, la justification de ce township étant d'apporter de la main d'œuvre aux entreprises locales. Mais on parvient à dessiner la ligne de telle sorte que l'emprise ferroviaire serve en même temps de frontière, de no man's land fractionnant une zone potentiellement menaçante et la séparant de ses voisins...

Un des plus gros problème dont a hérité le gouvernement issus de l'ANC, c'est ce qui en définitive est le seul « succès » de l'Apartheid. Echec politique, échec économique, échec social, c'est évident ; mais les objectifs visés en terme d'aménagement urbains sont pleinement remplis : on peut, à vingt minutes de voiture du centre du Cap, trouver des quartiers où les enfants n'ont jamais vu de Blancs.

Tardifs, mal relié au reste de l'agglomération, souvent des bidonvilles pur et simples, les townships du Cap sont parmi les plus mal lotis du pays. Alors, le nouveau gouvernement a essayé d'améliorer un peu les choses, par des petits pas pragmatiques. Démolir les bidonvilles, ce serait un retour à l'ancienne politique, ce serait détruire ce que de petites gens on construits de leurs mains pour se créer un lieu de vie : inacceptable. Mais les bidonvilles sont victime de leur manque d'assainissement, on y tombe malade pour cause de pollution des eaux... Alors on y invente l'« habitat semi-informel » : une petite parcelle que l'on fournit équipée d'une latrine raccordée aux égouts et d'un point d'eau potable. L'occupant y construit alors sa maison, comme il l'aurait fait de toute façon s'il était resté dans un bidonville. Ca donne des paysages urbains étranges, comme celui-ci :


Un secteur semi-informel de Khayelitsha, le Cap, Afrique du Sud, février 1997.

Ce n'est pas ce qu'il y a de mieux, bien sûr, mais ça diminue au moins certains soucis sanitaires. Ce qui ne fait pas disparaître tous les soucis, sanitaires ou autres. A commencer par la violence, plus que jamais.

Je ne suis pas retourné là-bas depuis. Quel est l'impact de ce type de politique sur la ville ? Je n'en sais rien. Pas sûr que ce soit très brillant. Mais ça valait sans doute la peine d'être essayé.

Le Plume vous salue bien

Biblio : Myriam Houssay-Holzschuch, Le Cap, ville sud-africaine. Ville blanche, vies noires, Paris, L'Harmattan, 2000, 276p.


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jeudi 8 décembre 2005

Khayelitsha

Une nouvelle entrée sur l'Afrique du Sud, histoire de ne pas se contenter de nature sauvage et de grands paysages - ce n'est pas ça qui fait de l'Afrique du Sud un pays à la fois unique, fascinant et terrifiant.

Ce qui est unique dans ce pays, c'est que pendant quarante ans toute la force de la puissance publique a été utilisé dans un seul but : séparer les gens ; repousser dans des périphéries volontairement éloignées et discontinues la majorité de la population - townships à l'échelle de la ville, bantoustans à l'échelle du pays ; constituer en étrangers 80% des habitants du pays pour construire une Afrique du Sud illusoire dont le peuple Afrikaner serait le maître incontesté.

L'important, dans l'histoire de l'Apartheid, ce n'est pas le petty apartheid, la ségrégation au jour le jour dans les lieux publics ; c'est ce vaste effort d'ingénirie spatiale pour instituer géographiquement cette ségrégation. Quand on connaît la difficulté qu'il y a à faire l'inverse, on se doute qu'il n'est pas aisé de faire marche arrière.


Khayelitsha (township du Cap) : la gare et le marché aux frippes, février 1997.

On est ici à Khayelitsha, le plus grand et le plus récent des townships de la ville du Cap. Le paradoxe du Cap, c'est que la doctrine officielle du parti national en faisait une ville où les noirs n'avaient pas leur place - la ville et toute la province, qui représentait plus du tiers de la superficie du pays, étant censé être partagée entre Blancs et Cape Coloured, descendants des premiers habitants Khoisan. L'Apartheid, rappelons-le, est avant tout un système où la place géographique de chacun dans le pays est déterminée par son appartenance raciale - encore une fois, ce n'est pas seulement une question de première, deuxième ou troisième classe dans les chemins de fer. Mais cette absence des noirs étant une fiction, les gouvernements des années 1970 et 1980 ont entrepris d'institutionaliser cette présence en construisant un grand township, à une vingtaine de kilomètres du centre-ville, sur les étendues sableuses et battues par les vents des Cape Flats.

Dans la mesure où la raison d'être officielle de ce township était de fournir de la main d'œuvre, il fallait qu'il soit relié au centre-ville par chemin de fer ; les études préalables à l'établissement du township accordent donc une importance prédominante au tracé de la ligne et à l'implantation des gares. C'est particulièrement révélateur des mécanismes de l'Apartheid de l'époque Botha, ce qu'on a appelé la dictature technicienne : la période où le durcissment du régime se cache derrière un discours de l'efficacité et de la dépolitisation. On ne fait pas de grands discours justificateurs, on se contente de faire un tracé techniquement parfait dans lequel les impératifs de ségrégation et de maintien de l'ordre sont contenus mais implicites. J'avais étudié brièvement cette question d'après les archives publiques disponible à la South African Library de Cape Town ; il faudrait que je m'y remette un jour, c'est intéressant aussi pour l'historien des techniques.

Le résultat, ce sont ces gares-check points au dessus des voies-coupe feu (s'agissant du feu de l'insurrection redoutée ; la lutte contre l'incendie, problème majeur de ce quartier en plein vent où l'on cuisine à la parafine, n'a guère été prise en compte par les urbanistes du régime ; ce sont ces quartiers où, à vingt minutes de voiture des restaurants et des pontons du Victoria and Albert Waterfront, on ne voit jamais un blanc - et dont bien des habitants n'ont jamais vu la mer toute proche. Le résultat, c'est que le dynamisme de l'informel incarné par ces échopes (dont l'une a le téléphone : c'est rarissime, et la marque d'un certain succès) ne peut se cristalliser à l'échelle de la métropole pour devenir un développement économique partagé par tous ; le résultat, c'est que le Cap reste, malgré sa réputation largement usurpée de progressisme, l'une des villes du pays les plus fortements ségréguées.

Sur ces joyeuses considérations, le Plume vous salue bien.



jeudi 10 mars 2005

Régates

Allez, faute de vacances réelles, offrons nous encore un jour de vacances virtuelles : après la plage, les voiliers qui régatent dans la rade...


Régate dominicale à Cape Town, 2 février 1997.

On s'offrira même le luxe de ne pas penser aux contraste entre ces charmants petits bateaux et le vent de sable qui ballaye les Cape Flats à deux pas de là. Non, restons à l'ombre d'un vieux pin, tout en haut de Lion's head et admirons, assis sur un banc, la ville, la baie, l'océan, tout en bas...

Le Plume vous salue bien.

P.S. : après une nuit d'une dizaine d'heure, curieusement, je me sens plus en forme qu'hier !


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vendredi 11 mars 2005

Un Islam du bout du monde

Suite de la photo d'hier. On était comme je le disais sur Lion's head, une colline dont la forme rappelle vaguement celle d'un lion et qui flanque à l'ouest la fameuse montagne de la Table.

Juste derrière ce point de vue sur le port, qui n'est pas sans rappeler la rade de Marseille comme certain l'aurons remarqué, une autre touche méditerranéenne, mais de la rive Sud : le mausolée du Sayed Muhammad Hassan Ghabi Shahira (non, je ne sais pas le nom par cœur, mais je l'ai en gros plan sur une autre photo), une personnalité de l'Islam local du début du XXème siècle.


Le Mausolée de Lion's Head, Cape Town, 2 février 1997

Cette tombe est l'objet de visites assidues de la part des Musulmans locaux. Car c'est un fait peu connu : il y a au Cap une communauté musulmane importante et originale, à côté de la communauté plus récente issue de l'immigration indienne. Elle regroupe une bonne partie des Cape Coloured, cette population métissée issue de 350 ans de présence des Européens, de leurs esclaves (venus souvent d'Indonésie ou de Malaisie) et du substrat local « hottentot ». L'Islam viendrait de la composante Indo-Malaise de cette population, mais ça fait tellement longtemps que plus personne ne le sait au juste.

Juste derrière le mausolée, la colline plonge vers la mer. Vue directe sur Robben Island, l'île-prison où Mandela a passé l'essentiel de sa détention, sur le port du Cap où un beau jour de 1652 toute cette affaire a commencé et sur la côte ouest de l'Afrique qui remonte, presque tout droit, vers Saldanha Bay, vers les sables diamantifaires de Namibie, vers l'Angola, l'estuaire du Congo, l'Équateur...

Mais soyons sérieux : Lion's Head n'est pas si haut que l'on voie très au delà des Northern Suburbs !

Le Plume vous salue bien.


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samedi 15 avril 2006

Aimer ses amis

Journée d'aujourd'hui passée avec des amis que l'on ne voit plus si souvent - l'Afrique du sud en 1997, c'était avec eux.


Un vignoble à Franschoek, près du Cap, j'avoue que je ne sais plus lequel, en février 1997.

On était étudiants ensemble au début des années 1990 ; après ça, on s'est épaulés comme on a pu pour entrer dans ce qu'il est convenu d'appeler l'âge adulte. Ils ont trois enfants maintenant, ça change des choses - mais somme toute, ça fait surtout trois personnes de plus à aimer : c'est encore mieux.

Le Plume vous salue bien.



dimanche 12 décembre 2004

Points cardinaux, 3 : Sud

Mon point cardinal sur sera en Afrique du Sud, c'est bien naturel. Où précisément ? Je n'ai été ni au bout de la péninsule du Cap de Bonne-Espérance (34°21' S), encore moins au Cap des Aiguilles (34°50' S), la pointe sud du continent africain, environ 200km plus à l'est.  

Mais le Cap de Bonne-Espérance ayant tout ce qui fait un cap, il mérite bien cette entrée. Même si, sur la presqu'île, on perd vite de vue la "vraie" Afrique du Sud, juste en face, sur les Cape Flats, tout au fond de la baie False.


34°15' S, 18°28'E, Afrique du Sud, février 1997.

C'est le seul de mes points cardinaux qui n'est pas photographié en août. Tant qu'à aller dans l'hémisphère sud... Au delà de ce promontoire,  Partridge Point, sur le versant Est de la péninsule, la crète montagneuse qui poursuit la montagne de la Table s'affaisse progressivement vers lecap proprement dit.

A gauche, c'est la baie False, entre la péninsule et la région de Caledon. Un nom qu'elle doit à son apparence paisible et abritée, alors qu'elle est balayée toute l'année par les vents violents, du sud-est ou du nord-ouest, qui traversent les Cape Flats, entre montagne de la Table et chaîne côtière du Hottentot Hollandberge, ensablant au passage les townships de Mitchell's Plain et Khayelitsha...

Le Plume vous salue bien.

Les points cardinaux :

  • Nord : 69°40' N, 50°20' W, Groenland, août 1993 (Eqip Sermia)
  • Ouest : 34°02' N, 118°32' W, Californie, août 2004 (Will Rogers State Beach)
  • Sud : 34°15' S, 18°28' E, Afrique du Sud, février 1997. (Good Hope Peninsula)


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mardi 12 décembre 2006

Au tournant

Les tournants de la vie, il y en a qu'on rate, d'autres qu'on arrive à négocier. Souvent, on s'en rend compte après coup, d'ailleurs. Mais, parfois, on est obligé d'anticiper un peu...

Exemple : faut-il franchir le pas et tenter de faire de l'histoire mon métier ? Il faudra bien que je réponde à cette question, sachant que si je dois faire ce choix, c'est maintenant, pas dans un futur plus ou moins distant. Sachant aussi qu'il y a un coût, forcément. Et que même si j'essaye, je suis loin d'être certain d'y parvenir.


Route du cap de Bonne-Espérance, Afrique du Sud, février 1997.

Une remarque concernant la photo : contrairement à ce qu'on pourrait croire, il ne s'agit pas du prochain virage, mais du virage précédent - on roule à gauche en Afrique du Sud. Au fond, il doit s'agir de Simonstown, sur False Bay.

Bien sûr, ça ne change rien au problème, sinon en ce que mes vagues compétences en géographie ne seraient pas de trop si je décidais de passer l'agrégation !

Le Plume vous salue bien.



vendredi 4 mai 2007

Nuages lointains

En des temps incertains où les nuages s'accumulent, réels ou figurés, rêver à des nuages lointains...


Péninsule de Bonne-Espérance, Afrique du Sud, février 1997.

En attendant, l'amitié est un fluide qui réconforte mieux que le pineau des Charentes, si bon soit-il ; les deux vont cependant fort bien ensemble.

Le Plume vous salue bien.



jeudi 9 juin 2005

En cas de panne...

...s'en remettre aux paysages. De préférence maritimes.


Camp's Bay, sur la côte ouest de la péninsule de Bonne-espérance, juste au sud de Cape Town, février 1997.

Désolé, c'est tout pour aujourd'hui. Il y a des jours comme ça.

Le Plume vous salue bien.

P.S. : à noter que 20six n'a pas l'air en top forme non plus. Ça faisait lontemps...



jeudi 10 juin 2004

On avance, on avance on avance...

Puisqu'on est dans les trains, une photo tirée de mes archives, une de mes préférées :



Un train dans le Grand Karoo, quelque part entre Graaf-Reinet et le Cap, février 1997.


Le grand Karoo, plateau aride  à perte de vue. Un train de charbon roule vers le Cap, avec ses cinq locomotives, sa voiture-dortoir pour les mécaniciens et ses dizaines de wagons.


Le Plume vous salue bien.


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mercredi 28 juin 2006

Sur les rails

Allez, se remettre sur les rails et en avant, tadam-tadam, tadam-tadam...


Train de marchandises du côté de Graaf-Reinet. Western Cape, Afrique du Sud, février 1997.

Oui, je sais, les trains ne font plus guère ce bruit de nos jours sur les lignes à grande vitesse dont les rails sont soudés au kilomètre et les joints de dilatation biseautés. Mais tadam-tadam tout de même.

Le Plume vous salue bien.



dimanche 1 octobre 2006

Cape Flats

L'entrée historique du vendredi a pris un peu de retard ; je vous ai par contre livré l'entrée cartographique dominicale. En complément, une partie de la région correspondante :


Les Cape Flats et la montage de la Table vus de Hottentots Holland, février 1997.

Dans cette image, il y a ce que l'on voit : le ciel et la mer, bleus, très bleus : c'est l'été austral. La montagne de la Table se prolongeant vers la gauche sur la presqu'île de Bonne-Espérance : un des paysages les plus célèbres qui soient.

Et il y a ce qu'on ne voit pas : entre la station balnéaire dont j'ai oublié le nom et la montagne de la Table, les immenses townships des Flats, Khayelitsha, Mitchell's Plain... Balaises, les urbanistes de l'Apartheid : les populations qu'ils ne voulaient pas voir était effectivement invisibles, même depuis les points de vue dominant la plaine.

Le Plume vous salue bien.



mardi 22 novembre 2005

D'autres cieux

On me fait remarquer que la photo d'hier était un peu grise et que la froidure actuelle demanderait plutôt une cure de luminothérapie photographique. En voici donc une autre, avec un cadrage à peu près similaire, mais venue d'un autre continent :


Petit Karoo, Afrique du Sud, février 1997.

Petit Karoo, Grand Karoo... Ça fait partie des noms qui font rêver sur les cartes de géographies, comme Harar, Gobi ou Anapurna. Bon, pour dire vrai, moi, toutes les cartes de géographie me font rêver - et donnent envie « d'aller voir, aller voir, aller voir, » comme disait je crois l'explorateur charcot au jeune Paul-Émile Victor. Le Grand Karoo, je vous l'avais montré il y a longtemps - une de mes photos fétiches. Celle-ci en est une autre, prise alors que la vieille jeep faisait une petite pause au bord de la route quelque part dans le Western Cape, avec le vieux boîtier Pentax que mon père avait acheté l'année de ma naissance et qu'il m'avait prêté pour ce voyage. Une photo pour rêver !

Le Plume vous salue bien.



samedi 12 juin 2004

Dernier jour de campagne

Bon, ce matin, dernière diffusion de tract ; ce soir, une bonne bouffe chez une amie et demain, 14h à passer dans le gymnase de la maternelle du coin. Ou plutôt, 12h de scrutin (8h-20h, qu'on se le dise), puis le temps qu'il faudra pour le dépouillement. Avec le match etc. ça ne va pas être gagné pour trouver des scrutateurs volontaires, surtout avec le nombre de listes en présence. Alors ami lecteur (trice), si tu n'aimes pas le futebol, porte-toi volontaire auprès de ton bureau de vote, c'est la démocratie en action, et c'est sympa comme tout.

En Ile-de-France, il y a 28 listes en présence. Ceci dit, il y en aura bien qui n'auront pas fait parvenir leurs bulletins de vote. Le suspens est donc entier : y aura-t-il plus de listes sur la table de décharge que d'autruches sur cette photographie ?


Elevage d'autruches près d'Oudtshoorn, Afrique du Sud, février 1997. Cf. mon entrée d'hier soir.

Réponse en image demain. Sur ce, je vais me coucher : la journée va être longue.

le Plume vous salue bien.


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lundi 5 juillet 2004

Et pour aller avec...

Rappel : il n'y a pas qu'en France qu'on fait du vin. Et surtout du vin blanc.


Dégustation, vignoble Boschendaal, Paarl, W Cape, Afrique du Sud, février 1997.

Voilà quelques verres à déguster sous le grand chêne de Boschendaal. Ou à emporter pour accompagner les langoustes de Langebaan. On pourra le cas échéant trouver de l'ironie à ce que les meilleurs vins d'Afrique du Sud soient des blancs. N'empêche, ils se laissent boire.

Ainsi se termine notre série "les fruits de mer sont nos amis".

Le Plume vous salue bien.



samedi 14 mai 2005

Carte postale

S'agissant d'Afrique du Sud, je me sens toujours un peu coupable de publier des images de carte postale. Ces images ont tellement servies à masquer les réalités d'un pays qui, après avoir passé le demi-siècle que l'on sait, se débat tant bien que mal face aux problèmes sanitaires et sociaux que l'on sait aussi.

D'un autre côté, ici, il pleut, il fait froid ; les paysages urbains de notre capitale sont loins d'avoir leurs plus beaux atours ; bref, globalement, ce n'est pas la grande forme. Alors pourquoi se refuser quelques belles images ?


Boschendaal, Western Cape, le corps de ferme du XVIIIe siècle.

C'est sous le grand chêne, sans doute amené par les émigrants huguenots dans leurs chapeaux, qu'avait lieu la dégustation de vins blancs que j'avais montré ici il y a presque un an.

Franchement sympas, les vins blancs en question - ça je crois que je l'avais déja dit.

Le Plume vous salue bien.



dimanche 22 juillet 2007

Sous les arbres

Dans l'allée de platanes des vignobles de Boschendaal, l'ombre soulage de l'éclatante lumière d'Afrique ; elle permet d'ailleurs aux hortensias bleus de fleurir aussi bien qu'à Perros-Guirec. Pour le photographe, moins de lumière veux dire plus d'ouverture, donc moins de profondeur de champ : la zone nette se situe à quelques mètres en avant, tout ce qui est devant et derrière cette zone est flou. Telle est la dure loi de la photographie.


Domaine de Boschendaal à Paarl (Western Cape), février 1997.

Ajoutons que les photos d'hier et d'aujourd'hui viennent du même appareil photo (l'Asahi Pentax prêté par mon Papa pour ce voyage) et de la même pellicule (film diapo Kodak Ektachrome 200), avec à vue de nez le même objectif ; seul la lumière et les réglages diffèrent. Un appareil sans aucun automatisme, d'ailleurs : l'idéal pour apprendre. J'ai pas mal désappris depuis avec les merveilles de l'électronique contemporaine, mais je me soigne.

Le Plume vous salue bien.



vendredi 2 juillet 2004

Sur l'estran


Saldanha Bay : un des premiers établissements européens sur la côte sud-africaine, premier mouillage possible lorsqu'on arrive du nord après des centaines et des centaines de kilomètres de côte sableuse sans la moindre échancrure -- avec notamment les sables diamantifères de Lübbock, dans le sud namibien.

Fondé par les Portugais, l'établissement est vite abandonné, faute d'eau potable, au profit du Cap, une centaine de kilomètres plus bas. Et Saldanha s'endort ; les Strandlopers, ces Khoisan qui ramassaient des coquillages sur la côte, s'éteignent, victime des maladies et de la progression européenne.

Et puis dans les années 70, un terminal charbonnier est créé dans le nord de la baie, alimenté par une voie ferrée construite pour l'occasion qui devient le principal axe d'exportation de la houille du Northern Cape -- en pleine période de sanctions, le succès est limité.


épave de chalutier, Saldanha, Afrique du Sud, février 1997.

Mais si nous étions à Saldanha, ce n'était pas pour le charbon, mais pour les fruits de mer. Comme en témoigne l'abondante flottille de pêche qui fréquente les environs (avec un succès contrasté, voir photo), l'océan est plutôt généreux dans le coin. Et ce qui nourrissait les Strandlopers fait maintenant la richesse du Strandloper, restaurant en plein air réputé pour les langoustes locales grillées au feu de bois.

Il parait qu'une tempête hivernale a emporté toute la zone de dune qui abritait le restaurant, un an ou deux après notre passage. Sic transit gloria mundi et tout le reste.

Le Plume vous salue bien.


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mercredi 4 janvier 2006

Rocaille

Une autre route de montagne : attention, chute de pierres !


Dans le Swartberg, Afrique du Sud, février 1997.

Autre pays, autre lumière - pas le même appareil photo ni le même type de film, par ailleurs.

Le Plume vous salue bien.



mercredi 13 septembre 2006

Et à l'autre bout du monde...

Tout en écrivant l'entrée d'hier, je me faisais la réflexion, pas bien nouvelle il est vrai, que la paix et la prospérité ne sont historiquement que des exceptions dans l'espace et dans le temps ; qu'il est relativement facile, si l'on est sans scrupule et bien organisé, détruire ces instants n'a rien d'infaisable. Suffit de buter le bon archiduc ou de détourner les bons avions.

De ces joviales pensées j'aboutissais à la fréquence des mauvaises surprises dans l'évolution du monde, et à la relative rareté des bonnes. Au nombre desquelles je comptais la transition politique en douceur en Afrique du Sud dans les années 90. Voilà en effet un imprévu plutôt faste, ça mérite d'être noté.


Paysage du Swartberg, Western Cape, février 1997.

Bien sûr, il y a l'immense question sociale ; bien sûr, il y a la prévalence hallucinante des crimes sexuels - comme si la violence politique que l'on prévoyait s'était transmuté en violence faite aux femmes et aux filles. Mais pas de guerre civile, la fin des discriminations institutionalisées et de relatifs progrès sociaux. Par rapport aux pronostics que l'on entendait à la fin des années 1980, c'est plutôt positif.

Mais (il y a un mais, je suis d'humeur guillerette en ce moment) après ? De mauvaises surprises sont toujours possibles. En l'occurence, dans le contexte de la succession de Thabo Mbeki, ce serait l'accession au pouvoir du vice-président de l'ANC Jacob Zuma, célèbre pour être impliqué dans différentes affaires de corruption et dans une affaire de viol (dont il a été innocenté, faute de preuves) ainsi que pour son entourage de nervis surexcités. Voilà qui est loin d'être rassurant, même si la constitution sud-africaine n'institue pas un régime présidentiel.

Zuma fait par ailleurs partie, avec notamment son ex-femme, ministre de la santé, des nombreux Sud-Africains qui conteste le lien entre VIH et SIDA, et, partant, la contagiosité et la léthalité de la maladie. D'un point de vue électoral, c'est sans doute plus facile de tenir ce discours que d'expliquer à 40% des électeurs qu'ils sont incurables et dangereusement contagieux.

Promis, demain, j'essayerais de vous faire une entrée plus joyeuse.

Le Plume vous salue bien.



jeudi 19 octobre 2006

De Amicitia

Il y a des choses comme ça : retrouver quelqu'un dont la vie nous a temporairement éloigné - parce que c'est comme ça, parce qu'il y a des coups durs et des galères qui font que, parce que, quoi - et c'est comme si on s'était quitté il y a huit jour, sauf qu'on a encore plus de trucs à se dire.


Refroidir le moteur de la jeep, Swartberg, Arfique du Sud, février 1997.

Du coup on n'a même pas besoin de se rappeler - de coups de fils entre Groenland et Haute-Savoie, de margaritas à Saint-Germain-des-Prés, de vieilles jeeps en Afrique du Sud ou de bottes pleines d'eau en Bretagne Nord. On n'a pas oublié grand chose et appris un petit peu. Et on a besoin les uns des autres. C'est l'amitié.

Le Plume vous salue bien.

P.S. : d'accord, pour les bottes, c'était ma faute - j'avais mal lu les horaires de marées. Ça arrive, non ?



vendredi 18 février 2005

Swartberg

Envie de faire voyager un peu ce blog : autre jour, autre continent. Moi qui suis un homme des plaines, côtières de préférence, avec si possible quelques collines et valonnements un peu casses-pattes, je me sens complètement dépaysé par les espaces verticaux et cloisonnés des pays de montagne. Et quand en plus c'est sur un autre continent...

Parce que dans ce style, les montagnes sud-africaines se posent un peu là. Pas forcément très hautes, sauf beaucoup plus à l'est, du côté du Drakensberg, elles se présentent en chaînes rectilignes et uniformes, sans pics marqués mais sans cols raisonnables non plus. Le pays s'en retrouve cloisonné en régions aux climats et aux végétations complètement différents. Peut-être est-ce de là qu'est né chez les Afrikaner ce fantasme de la forteresse...

Le Swartberg est une de ces chaînes-murailles, culminant à 2132m seulement mais isolant totalement des pluies océaniques le Grand Karoo, où l'agriculture se fait rare, concentré autour des rivières qui descendent de la montagne.


Vallée de la Dorpsrivier près de la Swartbergpass, Afrique du Sud, février 1997.

Dans cette valée que le soleil d'après-midi n'atteint pas plonge la route qui mène à la petite ville de Prins Albert, dans le Grand Karoo, où le couple d'amis avec qui je voyageais et moi faisions étape. Après quelques difficultés à trouver un logement, nous aboutissons dans un bed & breakfast tenu par un homme charmant, s'excusant de ce qu'en l'absence de son compagnon cuisinier, il ne puisse servir à dîner ; nous indiquant le resto sympa du coin ; le lendemain, nous servant un petit déjeuner mémorable et haut en couleur :  tout l'arc-en-ciel dans les fruits du jardin.

le Plume vous salue bien.


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mercredi 7 décembre 2005

De l'ombre à la lumière

[note 09/12/2005 : suite à un crash de 20six, cette note a été perdue ; j'en rétablis l'image, pour le texte, ça va être plus approximatif. Ça m'apprendra à ne pas prendre les deux minutes nécessaires pour sauvegarder l'entrée dans la base de donnée de ma page perso - après tout, on connaît la fiabilité de la palateforme technique de 20six...]

Sortie de l'ombre en image après cette petite interruption de la production :


Swartberg Pass, Western Cape, South Africa, février 1997.

C'était entre le petit et le grand Karoo, dans cette montagne noire qui est rouge et blanche sous les rayons du soleil mais où le jeu de l'ombre et de la lumière est à la mesure de la brutalité de ces déferlantes de pierre immobiles... Au delà, c'est l'immensité désertique du Karoo - c'est à dire le vide.

Le Plume vous salue bien.



vendredi 11 juin 2004

Gamkaskloof

Je ne suis pas très causant ces jours-ci : toujours un peu dur de se reconnecter en rentrant de vadrouille. Alors du coup, je continue dans les photos de loin.

Gamkaskloof, Afrique du Sud, 1997.

Gamkaskloof (aussi nommé "Die Hel" sur les cartes topographiques sud-africaines) : pour y aller, ça n'est pas compliqué, vous prenez la route qui traverses les montagnes fort escarpées du Swartberg, la chaîne qui sépare le petit et le grand Karoo ; arrivé au sommet du col, après avoir laissé refroidir votre moteur, vous tournez à gauche,en supposant que vous arriviez du petit Karoo -- vous ne pouvez pas vous tromper, il n'y a que cette intersection pendant toute la traversée du Swartberg. Et vous débouchez dans cette vallée, desservie par cette unique route, sur des dizaines et des dizaines de kilomètres. Pour repartir, vous n'aurez pas le choix, c'est un cul de sac ; il faudra refaire votre chemin en sens inverse. Il y a bien une rivière, la Gamka, qui a la drôle d'idée de traverser perpendiculairement la vallée, mais elle emprunte des gorges totalement impraticables en amont comme en aval.

Les quelques fermes de la vallée sont les dernières d'Afrique du Sud a avoir été reliées par la route au reste du pays. Et quand on dit la route... les instructions de l'Automobile Association la listent comme "praticable par une voiture de tourisme moyennant une grande prudence" ; moi, franchement, j'hésiterais.

Avant l'arrivée de la route, il y avait plusieurs jours à dos de mulet pour se rendre d'un côté ou de l'autre du Swartberg, et on ne peut pas dire que ça fasse déboucher sur les parties les plus civilisées du pays : Oudtshoorn, capitale du petit Karoo, est considéré comme la ville la plus arriérée et réactionnaire du Western Cape, sinon du pays tout entier. Il faut dire, la région a conu une récession catastrophique depuis que les plumes d'autruches ont perdu la faveur des créateurs de mode européens, vers 1930. Depuis, ça végète, tout en élevant des autruches (les élevages du petit Karoo concentrent plus de 80% de la population mondiale de l'espèce) et en oprimant les noirs. La commission de vérité et de réconciliation a tenu à Oudtshoorn des audiences passablement gratinées, surtout si l'on considère que les services de sécurité de l'Apartheid n'étaient guère actifs dans le coin.

Je ne connais pas l'histoire du peuplement du Gamkaskloof. On ne peut que penser à des fermier Boer plus extrémistes que d'autres dans leur conviction que s'installer à une distance d'un autre fermier telle qu'on puisse distinguer au loin  le sommet de sa grange serait le premier pas vers la fondation d'une nouvelle Babylone, sinon d'une Sodome ou Gomorrhe

Mais tout de même, le comble de l'isolement que représente cette vallée géomorphologiquement parfaite a un aspect non pas désirable mais, je ne sais pas, reposant pour l'esprit de nous autres urbains. Ce qui n'empêche pas de faire demi-tour et de repartir vers la civilisation, ou, à défaut, vers Prins Albert, côté grand Karoo.

Le Plume vous salue bien.



dimanche 18 avril 2004

Afrique du Sud, 10 ans après

En 1994, l'Afrique du Sud tournait la page de l'Apartheid. L'inévitable bain de sang que nous annonçaient les défenseurs de l'Apartheid (y compris en France d'ailleurs) n'a pas eu lieu. Après deux années de transition chaotique, l'ANC arrivaient au pouvoir à la suite d'élections démocratiques irréprochables.

Il y a huit jour avaient lieu pour la troisième fois les élections générales, ouvertes à tous les Sud-Africains. L'ANC, en position nettement dominate, a réussi à éviter de tomber dans un système de parti unique. Le pouvoir y est beaucoup moins personnalisé que beaucoup ailleurs, grâce notamment à la démocratie interne à l'ANC et à une tradition parlementaire intacte. La corruption existe, mais est vivement dénoncée par une presse libre. En définitive, l'Afrique du Sud est aujourd'hui la seule social-démocratie du continent africain. Espérons qu'elle ne reste pas la seule trop longtemps !

Il y a un revers à cette médaille, évidemment. La politique hallucinante du président Mbeki à l'égard du problème de santé numéro un, le SIDA -- qui démontre, s'il y en avait besoin, que les imbécilité propagées par certains "intellectuels" afrocentristes peuvent faire des dégâts. Il semble que les critiques très vives de la presse et des associations aient finalement été entendues : wait and see.  Et puis, si le bain de sang n'a pas eu lieu, la violence qu'on avait vu monter pendant le struggle n'a pas disparue. Elle s'exerce notamment contre les femmes et les jeunes filles : l'Afrique du Sud a, de très loin, le triste record du nombre de viols, souvent accompagnés de sévices et se terminant parfois par la mort de la victime.

Alors, non, la société Sud-Africaine n'est pas guérie. Mais tous les espoirs sont permis : le système scolaire s'améliore progressivement ; parions qu'il fournira à l'Afrique du Sud une génération Mandela qui la rendra moins violente, plus belle encore. Alors... ces quelques fleurs !

Protéas sauvages dans le bush du Western Cape, février 1997.

 Le Plume vous salue bien.


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mardi 14 novembre 2006

Au fil de la terre

Une illustration de plus pour mon entrée cartographique de dimanche : la route qui conduit à la combe de Gamkaskloof.


Swartberge, Western Cape, South Africa, février 1997.

La piste serpente au gré des plissements géologiques, jusqu'à déboucher dans une vaste combe, presque hors du monde : Gamkaskloof. Tout au bout de ce bout du monde, à 40 km de la route goudronnée qui franchit la montagne, on tombe sur un hameau, au bord de la rivière Gamka qui franchit ici le Swartberg en direction du Petit Karoo et de l'océan.

Un petit bout du monde pour oublier l'automne...

Le Plume.



jeudi 2 mars 2006

Et pendant ce temps...

Ça faisait un moment que je n'avais pas regardé les nouvelles d'Afrique du Sud ; les élections municipales qui avaient lieu hier étaient donc une occasion de me remettre au courant. Élection qui se sont déroulées paisblement, semble-t-il, et qui sont plutôt un succès pour l'ANC qui a progressé depuis les élections précédentes, notamment dans le Western Cape, la province où elle était historiquement le plus faible. Il est vrai que le sabordage de l'ancien parti national, qui bénéficiait traditionellement de la méfiance des Cape Coloured à l'égard de l'ANC, et la marginalisation du Pan-African Congress, lui simplifient les choses.


Swellendam, troisième ville d'Afrique du Sud par sa date de fondation, et l'une des municipalités gagnées par l'ANC aux élections d'hier.

Tout n'est pas rose pour autant pour l'ancien parti de Mandela : accusations de corruption (de la part de Thales, un marchand d'arme bien de chez nous) contre le vice-président Jacob Zuma, qui est également en procès pour viol - il y a des gens qui ont tous les talents. Et puis, la grogne monte dans certains des townships les plus pauvres. Comme à Khayelitsha, au Cap, où la dysenterie est devenue la première cause de mortalité inantile. Ou Khutsong, dans la région de Johanesburg, que le gouvernement souhaite rattacher à la province rurale du Nord-ouest, ce qui rappele singulièrement aux habitants l'époque des Bantoustans... Et du coup, le parti communiste et la puissante confédération syndicale COSATU font planer la menace de création d'une opposition de gauche à l'ANC. Mais d'un autre côté, la fidélité au parti du struggle est très forte... Pas simple, la politique, dans ce pays, pas plus que tout le reste.

Le Plume vous salue bien.



dimanche 26 mars 2006

Dans ma bibliothèque

Trouvé en fouillant dans ma bibliothèque alors que je cherchais de quoi alimenter ma rubrique cartes sur table, ces quelques phrases, à propos de l'Afrique du Sud :

A côté de ce millllion d'hommes [les Blancs], formant deux populations de même importance numérique, vivent cinq ou six millions de nègres, Bantous intelligents, qui ont appris de visu la force et la faiblesse de leurs dominateurs. Comment l'idée de l'« éthiopianisme », l'Afrique aux races indigènes, ne se développerait pas chez eux ? Ce rêve, né parmis les noirs des Etats-Unis, est insensé pour le moment, mais, sous des formes nouvelles, les générations à venir en entendront certainement parler.
En effet. C'est écrit par le géographe Elisée Reclus en 1905 (L'homme et la terre, tome VI). Aurait-il cru que le processus prendrait moins d'un siècle ? Difficile à dire, s'agissant de Reclus. Il est en tout cas certain que les Européens des années 1900 n'aurait certainement pas prété la moindre attention au fantaisiste qui leur aurait annoncé la fin de l'ère coloniale, qui somme toute sous sa forme moderne débutait tout juste, pour les années 1960.


Le Drotsdy, résidence du XVIIIème siècle de style Cape Dutch à Swellendam, Western Cape.

Sur ces passionnantes spéculations, je vous laisse : faudrait que je fasse un peu de rangement et j'ai un rendez-vous demain matin sur un site lointain de ma chère université.

Le Plume vous salue bien.



lundi 1 août 2005

km2067 : Bâle

Nous nous étions infiltrés la veille entre sources du Rhône et sources du Rhin, toutes deux aux abords du Saint-Gothard ; c'est en flirtant avec le Rhin que nous passons de nouveau la frontière, celle qui nous ramène à la maison. C'est Bâle, avec ses tramways verts et jaunes, ses musées que nous ne visiterons pas, ou du moins pas cette fois-ci, et sa cathédrale de grès rouge aux toits multicolores.


Bâle, le transept sud de la cathédrale, 13 juillet 2005.

Ce récis illustré touche à sa fin alors même que je m'aprête à repartir, vers l'ouest cette fois-ci et mes habituels plans d'eau. Il y aura encore quelques photos de ce voyage, notamment pour sa partie française que je n'ai guère traité. Mais je vais tout de même tenter de ramener progressivement mon propos vers le présent.

le Plume vous salue bien.



mardi 6 septembre 2005

L'ai-je bien terrassé ?

Comme promis, voici le saint Georges en ronde-bosse et grès des Vosges de la cathédale de Bâle, qui ne se contente pas de défourrailler son arme mais embroche bel et bien sa victime.


Façade de la cathédrale de Bâle, 13 juillet 2005.

On notera :

Sur ces hautes considérations, je vais tâcher d'en pourfendre un ou deux avant de rentrer !

Le Plume vous salue bien.



samedi 8 octobre 2005

Au pays des vaches milka

Puisqu'il est beaucoup question de la Suisse aujourd'hui, pourquoi ne pas s'offrir un petit tour au pays des vaches milka ?


Ennetbürgen, Kanton Niedwalden, Suisse, 13 juillet 2005.

Je ne connaissais pas la Suisse jusqu'à cet été. Quelques traversées en train, un petit crochet par Genève - qui n'est Suisse que depuis deux siècle, après tout. Ici, on surplombe le lac des quatre cantons : Uri, Schwyz, Nidwalden et Obwalden, qui formèrent en 1291 l'alliance qui préfigurait la confédération hélvétique, et Lucerne, qui les rejoint en 1332.* Difficile de faire plus suisse donc.

Au dessus de la crête, des aigles tournent ; une petite brume monte du lac pendant que le ciel se dégage progressivement. Le soir même, nous serons dans les bouchons du 14 juillet au carrefour de Pompadour (Val de Marne).

On se presse toujours trop.

Le Plume vous salue bien.

* Mais non, ça n'en fait pas cinq - Nidwalden et Obwalden sont des demi-cantons, parfois réunis sous le terme d'Unterwalden, bien qu'Unterwalden n'ait jamais été une entité politique unifiée.



lundi 27 novembre 2006

Helvétique

La fin novembre est quelque chose comme un Long, Dark Tea Time of the Soul, il faut bien le dire. Du coup, question blog, les séries d'entrées qui font voyager, ça change un peu les idées. En tout cas, ça change un peu les miennes. Si ça peut changer aussi les vôtres, j'en serai ravi - si tant est bien sûr qu'elles aient besoin d'êtres changées.

Après le tour du monde express de l'autre jour, je commence donc un tour d'Europe sans se presser. En commençant (pourquoi pas ?) par le milieu : la Suisse, et plus particulièrement le lac des quatre cantons, que vous avez dû voir trainer sur la table à cartes...


Le lac des Quatre Cantons (Vierwaldstättersee) du côté d'Ennetbürgen, canton Nidwald, Suisse, juillet 2005.

Enfin, je crois que la photo est prise depuis le Nidwald : il y a sur la rive Sud du lac une toute petite enclave du canton de Lucerne qui ne doit pas se trouver bien loin. Sans doute à un ou deux virages de là - mais face à ma mauvaise volonté ronchonne (« C'est encore loin, ce point de vue ? Allez, on fait demi-tour ! » - je ne sais pas si je l'ai déjà dit, mais je ne suis vraiment pas du matin), nous n'avons sans doute pas atteint ladite enclave. Peut-être s'y tenait-il une dégustation géante de chocolat et de fromage, nous ne le saurons jamais. Une station service des environs de Lucerne nous a cependant permis de nous ravitailler en Toblerones géants. Et d'acheter la carte routière qui me manquait et qui nous aurait permis d'atteindre le point de vue susdit sans le moindre état d'âme ; c'est d'elle que provient l'extrait que j'évoquais plus haut.

Ce blog va donc vous promener dans les huit ou neuf pays européens dont j'ai eu l'occsaion de prendre des photos. Sans autre logique que la fantaisie quotidienne. Accrochez vos ceintures !

le Plume vous salue bien.



jeudi 14 juillet 2005

Par où commencer ?

Voilà, la boucle est bouclée ; nous voici de nouveaux chez nous - ce qui n'est pas déplaisant, même après un excellent voyage. Le compteur de la voiture aura tourné de 2785 km et notre garde-manger se retrouve agrémenté de quelques kilos de charcuteries et fromages, sans compter une demi-douzaine de bouteilles de prosecco et quelques toblerones géants.


La route du Saint-Gothard, Suisse, canton du Tessin, 12 juillet 2005.

J'en étais resté à notre séjour sur la côte de Ligurie. Tant de choses vues, tant de contrastes depuis qu'il est difficile de reprendre là où j'en étais... Alors, histoire de récapituler, voici l'itinéraire.

(En italique, arrêt d'une nuit ou plus ; en petit, partie en solo)

Paris Briançon / Fenestrelle Pinerolo Saluzzo Pise Viareggio Rapallo Portofino Rapallo Genova Rapallo Lago dei lame Grazzano Cremona Castelleone Bergamo Bellagio Menaggio / Lugano St.-Gothard Andermatt Ennetburgen Basel / Ronchamps Paris.

Voilà. Je pourrais rajouter les kilométrage, mais ça resterait ne serait pas beaucoup plus causant... À moi de rajouter de la chair sur ce squelette dans les jours qui viennent.

Le Plume vous salue bien.



mardi 3 janvier 2006

La pente est forte mais la route n'est pas droite du tout


Col du Saint-Gothard, canton du Tessin, Suisse, 12 août 2005, vers 16h.

Vous aurez peut-être remarqué le changement temporaire du nom de ce weblog : il s'agit de marquer ma désapprobation de la manière dont 20six envisage de changer sa plateforme logicielle - effectivement catastrophique - dans des conditions qui ne le seront pas moins : perte d'une partie du contenu, liens vers les entrées existantes chamboulés, etc. Et encore, c'est le point de vue optimiste : si tout se passe comme prévu... Évidemment, on est un certain nombre à être très mécontents et à l'afficher de cette manière, d'autant que le « support » de 20six, sur un ton douceureux, présente tout ça comme si ce n'était pas du tout un problème - évidemment, ça n'en est un que pour les usagers. Pour ma part, je suis d'autant plus énervé qu'en réponse à une question précise de ma part, ledit support m'annonçait le 12 décembre que les permaliens (les liens vers les entrées existantes) seraient conservés, avant de se rétracter une ou deux semaines plus tard : « Quand vous nous avez posé la question c'était ce qui était prévu, malheureusement nous avons appris il y a peu par notre équipe technique que ce ne serait plus possible » (je cite, texto). Comme ce n'est pas à moi qu'on fera croire que c'est impossible, c'est tout simplement qu'on n'a pas jugé bon de consacrer de ressources au problème. Dommage : ça rendra invalides tous les liens de mes pages persos, sauf à me les repalucher un par un...

Du coup, on râle. Et j'envisage fortement de rappatrier ce weblog sur blogspot, où se trouve déjà mon mini-weblog anglophone... Enfin, il faudrait que je trouve le moyen de transférer toutes mes archives, et ce de manière automatisée et fiable, ce qui est loin d'être gagné. En illustration de ces difficultés, je vais vous faire une petite série de routes de montagne, tiens !

Le Plume vous salue bien.


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samedi 5 mai 2007

Par les cols et le vallées

Allez, nuages toujours, Ciel et terre et ciel et terre, et ciel * - et la montagne, tellement loin des paysages qui me sont familiers.


Suisse, canton du Tessin : la Valle Leventina vue des abords du col du Saint-Gothard, 12 juillet 2004.

Non, je ne songe pas à émigrer en fonction du résultat des élections de demain ; de toute façon, si émigration il y avait, ce ne serait sans doute pas celle-là : ça manque de mer dans ce pays. Bon, je serais preneur d'une bonne surprise électorale, sait-on jamais ; mais dans le cas contraire, il faudra bien faire avec.

En attendant, regardons les nuages. Et pas oublier d'aller voter demain !

Le Plume vous salue bien.

* Titre d'un joli petit livre de Jacques Roubaud sur la peinture de John Constable, illustré d'un choix de reproductions, Flohic éditions, 1997.



dimanche 15 juillet 2007

Mer ou montagne ?

Il fut un temps, pas si éloigné, où l'on divisait les lieux de vacances en deux grandes catégories : « la mer » et « la montagne » - avec « la campagne » en guise de parent pauvre. J'ai l'impression que ça a un petit peu changé, qu'on a réappris à utiliser les noms propres. Mais je peux me tromper.

En attendant les vacances, il y avait de jolis paysages de montagne qui défilaient à la télévision cet après-midi, pas désagréable pour faire la sieste. On peut même couper le son et écouter de la musique en même temps, si on veut.


Canton du Tessin (Suisse), la montée vers le col du Saint-Gothard, juillet 2005.

La musique, ce n'est pas forcément La Nuit sur le Mont Chauve, hein, mais ça peut. Sauf que je n'ai pas ça sur moi, et je suis toujours embêté pour choisir les interprétations quand je vais dans un magasin de disques - du coup, en général, je ressors les mains vides.

Sinon, grand moment de télévision : suite à une chute, un cycliste émergeant des broussailles en escaladant le fossé. Genre de truc, normalement, tu vois Jugnot sortir des buissons avec une tronche d'ahuri, dans un navet quelquonque des années 80...

Autre chaîne, un peu plus tard, un prodige chinois du Piano interprète du Schubert. Virtuose, ça, oui, très. Trop même, à mon goût. C'est censé être de la musique plutôt qu'un tour de force. Pas de cycliste tombant des ceintres pour alléger l'ambiance.

Dans les rues de Paris, les tanks à deux roues entrent en action. Là aussi, chutes spectaculaires en perspective. La proportion de cyclistes respectant le code de la route va encore baisser, et personne n'y trouvera à redire. La sélection naturelle devrait jouer son rôle, à terme.

Et sinon : la s'maine prochaine à Jerusalem !

Le Plume vous salue bien.



samedi 30 juillet 2005

km1768 : Lugano, canton du Tessin, Suisse

Comment sortir d'Italie sans s'en rendre compte ? En passant par la Suisse italophone, par le Tessin. On passe la frontière sur une petite route accorchée au bord du lac et rien ne change, ni le paysage (c'est après tout le même lac), ni la route, ni la langue.

Lugano par contre est bien suisse : le centre ville n'est qu'une accumulation de banques et de boutiques de luxe - pour dépenser l'argent retiré à la banque, je suppose. Ceci dit, ce ne sont pas des banques où l'on trouve des distributeurs pour retirer quelques sous. On y entre et on en sort avec des attaché-cases ou de discrètes ceintures porte-documents - on ne peut s'empêcher de penser que certaines des ces valises traversent discrètement le lac dans un de ces beaux canots vernis...

Le seul atout de Lugano c'est en effet son lac, dont les eaux bleues-vertes et profondes sont partagées entre les deux pays - trait d'union plus que frontière. Depuis le front de lac, tournant le dos aux entassements de béton richissime, on regardera les forêts et la roche nue plonger presque à pic vers la rive opposée.


Le lac de Lugano, 12 juillet 2005.

Le Plume vous salue bien.



dimanche 31 juillet 2005

km1886 : Andermatt, canton d'Uri, Suisse.

Les historiens de l'empire romain finissant l'ont fait remarquer : si les grandes invasions du Ve siècle on fait reculer les frontière de la romanité, ce phénomène fut somme toute géographiquement modeste. Ainsi, la frontière qui courrait du Rhin au Danube fut-elle repoussée à la crète des Vosges d'une part et aux cols alpins d'autre part, où elles se sont stabilisées.

La vraie frontière, ce n'est donc pas celle que nous avons franchi en longeant un lac paisible le long d'une route fleurie, malgré la présence de quelques douaniers regardants distraitement i documenti. On la franchit plus loin, à plus de deux mille mètres d'altitude, au col du Saint-Gothard ; avant, c'est Biasca, Madrano et Airolo ; après, Hospental et Andermatt. Les moutons font place aux vaches, les maisons de pierre aux châlets de bois - et, en quelques kilomètres, la langue italienne est remplacée par un dialecte allemand. Seul souvenir de la romanité : le nom de la vallée (qui est un district autonome du canton d'Uri avec comme chef-lieu Andermatt) : Ursern - la vallée des ours.


le Talmuseum Ursern à Andermatt, canton d'Uri, 13 juillet 2005.

Souvenir des guerres napoléonienne : un écriteau annonce que cette maison fut, le 25 septembre 1799, le quartier général du maréchal russe Suworow. Ne me demandez pas qui était ce monsieur, je vous ai dit tout ce que je sais sur son compte.

En face, l'hôtel Zur Sonne proclame qu'« ici on parle français », ce qui n'est pas entièrement faux ; la petite Gasthaus d'à côté ne proclame par contre rien de tel. Et de fait, lorsque nous y entrons et que la serveuse s'adresse à nous, probablement pour savoir si nous souhaitions dîner ou seulement boire un verre, nous la regardons avec un air hagard... J'ai dit en effet qu'on parlait dans cette région un dialecte allemand ; il se trouve hélas que ce dialecte ne ressemble, ni dans son phrasé, ni dans ses sonorité, ni dans quoi que ce soit de décelable à l'oreille, à la langue que parlaient Rolf et Gisela dans mes manuels du collège. Mais comme toujours dans ces cas là, entre gens de bonne volonté, on finit par se comprendre, ce qui nous permet de commander nos fondues aux morilles ou au speck et aux noix : nous avons laissé pâtes et polenta en franchissant le Saint-Gothard. Et, pour finir, un Strudel au pomme à tomber par terre - et à ne pas pouvoir se relever.

Le lendemain, après promenade et emplettes dans les rues de cette suississime petite ville - où je finis par comprendre que le cordial « tschön! » que j'entendais depuis la veille était une abréviation de Danke schön ou Bitte schön, suivant le cas - nous reprenons la route, direction le lac des Quatres Cantons, Lucerne, Bâle, pour finir chez nous.

Le Plume vous salue bien.