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Des photos et des jours

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jeudi 6 avril 2006

Far West Side Story

Ça y est : j'ai été happé par un livre. Centennial, de James Michener - une petite ville du Colorado, de la formation de la terre à nos jours. Traduit en français sour le titre Colorado Saga, je crois.

Du coup, et bien que je n'ai jamais mis les pieds dans l'État du Colorado (je ne crois même pas l'avoir survolé, les vols transcontinentaux ayant tendance à contourner les Rocheuses lorsque c'est faisable), une petite envie d'images de Far West :


Red Rock Canyon, Clark Country, Nevada.

Bien sûr, à regarder l'atlas dont je dispose, la ville de Centennial, qui existe bel et bien, est maintenant pratiquement une banlieue de Denver, ce qui n'était sûrement pas le cas lorsque ce livre a été écrit, dans les années 70. Probable donc qu'elle ressemble plus au Wisteria Lane d'une série télévisée bien connue qu'aux immensités des westerns.

Tiens, si je pouvais, j'écrirais la saga de Searchlight, Nevada. Petite ville de chercheurs d'or sur laquelle mon attention est attirée par deux faits importants : d'une part, Harry Reid, l'actuel leader de l'opposition démocrate au Sénat américain; en est originaire ; d'autre part, nous ne nous y sommes pas arrêtés pour manger un burger le 19 août 2004, en route de Las Vegas vers San Diego - nous avons continué jusqu'à Needles, tout au bas de l'État. Les toits en tôle poussiéreux n'avaient pas une tête à ce qu'il y ait un diner d'ouvert. Dommage, peut-être aurions nous pu partager un Royal Cheese avec Harry Reid.

Le Plume vous salue bien.



mercredi 5 avril 2006

Hôpital - silence non exigé

L'hôpital militaire Villemin n'a plus d'existence autrement que sur ce porche : il n'est plus militaire depuis longtemps, pas plus qu'hôpital. C'est maintenant un des rares jardins publics de quelque importance dans les environs. Inutile de dire qu'en cas de rayon de soleil dominical, il y a du monde.


Rue des Récollets, dimanche dernier, 18h.

Avant d'être un hôpital - judicieusement placé aux environs immédiats de la gare de l'Est - c'était, conformément au nom de la rue, le couvent des récollets. De ce temps ne restent que ce nom et l'inscription Ad majorem dei gloriam au fronton de l'entrée de la rue du faubourg Saint-Martin. Après la fermeture de l'hôpital, c'est devenu, pendant pas mal d'années d'ailleurs, une école d'architecture - avant d'être fermé par ordre des autorités pour cause d'effondrement progressif, ce qui je suppose donnait un mauvais exemple aux élèves.

Le bâtiment, rénové, abrite les bureaux de l'ordre des architectes d'Île-de-France. Le jardin abrite premiers pas, foot sur gazon et gamelles en patins à roulette, avec vue sur le canal. Le bâtiment moche dans le fond, c'est une partie de l'UFR médicale de ma chère université. C'est à vous gacher votre dimanche un truc pareil.

Le Plume vous salue bien.



mardi 4 avril 2006

Bastille

Grosse manifestation aujourd'hui, dans une ambiance plutôt paisible. Incidents semble-t-il sur les lieux de la dispersion - bah, c'est toujours comme ça.

Place de la Bastille, c'était plutôt tranquile, forces de l'ordre observant le défilé de loin ; grosse affluence ; belle journée.


Place de la Bastille cet après midi vers 16h30.

La ligne politique du gouvernement est de plus en plus incompréhensible. Peut-être essayent-ils de perdre leurs opposants à force d'absurdités et de contradictions ? Sarko fait mumuse avec le joli couteau tout neuf que lui a offert Chirac, idéal pour planter dans le dos de Villepin ; Borloo tente d'empêcher l'application de la loi de la République en bloquant l'envoi de formulaires-types ; Accoyer et Rohan ne savent pas trop quoi faire des prérogatives de l'exécutif qu'on leur demander d'exercer. La foire.

Évidemment, comme je disais hier, il faudra bien en sortir, de ce conflit. Mais avec un gouvernement qui s'enferre, ça ne va pas être si simple. On verra bien.

Le Plume vous salue bien.



lundi 3 avril 2006

Petit pavillon

Petit pavillon sur terrain boisé, idéal résidence secondaire. Porche agréable, vue imprenable. Calme garanti.


Vue de la Lee Mansion à Arlington, Virginie, décembre 2005.

Tombé par hasard sur cette photo qui correspond assez bien à mon humeur du moment, petit coup de barre. Résultat, vous y avez droit, na.

(Il s'agit de l'ancienne résidence du général sudiste Robert E. Lee, sur une colline juste en face de la ville de Washington, D.C. La propriété ainsi que le terrain ont été confisquées pendant la guerre de sécession ; la maison a été conservée à l'identique, mais le vaste terrain qui l'entoure est devenu le cimetière militaire d'Arlington.)

En grève demain - mais plus personne ne sait vraiment comment se sortir de ce conflit. Mon parti a comme la dernière fois fixé un rendez vous presque à mi-parcours de la manifestation pour nous faire défiler en dernier. pas question que je reste quatre heure à poireauter, cette fois-ci. Bah.

Le Plume vous salue bien.



dimanche 2 avril 2006

Un air de fête

Cet après-midi, la ville était légère. Un vrai ciel de printemps, un petit brin de folie douce. Place de la République, un rassemblement-concert-manifestation ; quelques militants purs et dur, bien sûr, mais surtout des gens qui sont venus là se retrouver, être ensemble. La république, quoi.


Place de la république, vers 16h cet après-midi.

Un peu plus loin, du côté du canal, les gens s'assoient pour regarder l'eau. Après tout, la marche des nuages et du soleil suffit à faire défiler le paysage, pourquoi bouger ?

Au coin de la rue de Lancry, la librairie de design fait salle comble. Achats du jour : Architecture industrielle, Paris et banlieue (Parigramme, 2003) et surtout Quonset Hut, Metal Living for a Modern Age, Anchorage Museum of History and Art/Princeton Architectural Press, 2005. J'en reparlerai un de ces jours.

L'hôpital militaire Villemin n'est plus militaire, ni un hôpital ; affluence des grands jours dans le jardin. La gare de l'Est est en travaux. En avril, ne te découvre pas d'un fil.

Tasse de thé ; puis préparer un kebab curry - plein de poudre de gingembre, de fenouil et de cardamôme, ça ne peut que faire du bien.

C'était dimanche.

Le Plume vous salue bien.



samedi 1 avril 2006

Primavera

Drôle de journée, malgré l'air franchement printanier qu'avait Paris aujourd'hui. Les absurdités présidentielles sont lourdes à digérer ; et puis Toulouse qui perd, pour combler le tout ! Il y a des jours...

Allez, un petit coup d'œil de l'autre côté des Alpes - n'oublions pas que les Italiens vont avoir dans une semaine l'opportunité de se débarasser de leur histrionesque président du conseil. C'est tout le mal que je leur souhaite.


Gênes, piazza Banca, juillet 2005.

Pendant ce temps, en Pologne, tombée sous la botte de l'extrême-droite ultra-catholique, on célèbre le premier anniversaire de Saint Popaul. Je vous dis, il y a des jours comme ça.

Le Plume vous salue bien.



vendredi 31 mars 2006

Vive le çon, vive le çon

Me suis extrait deux minutes de mon mémoire pour écouter le Vieux. Bilan des courses : on promulgue, mais on promet qu'on va corriger ça plus tard, par une deuxième loi. Quand ? On ne sait pas. Mais si l'on écoute vraiment bien, l'article 8 est de fait suspendu puisqu'il dit que « le gouvernement s'est engagé à ce qu'aucun contrat ne soit signé sans que ces modifications soient prises en compte, » ce qui ne veut rien dire du tout juridiquement, sauf si de fait aucun CPE n'est signé avant que la loi-bis ne soit voté. Pourquoi ne pas dire que l'application de la loi est suspendue, alors ? Parce que dans ce cas, M. de Fursac, il démissionne, et ça, le Vieux, ça l'arrangerait pas bien.

Donc soit le CPE est de fait suspendu jusqu'à nouvel ordre, mais c'est dit de manière tellement floue que personne ne s'en rend compte ; soit il se fiche de nous, ce qui ne serait pas une première. Dans tous les cas, tout le monde est fâché, personne n'est content. La vieillesse est un naufrage, comme disait De Gaulle avant de sombrer.

Je préfère me replonger dans mes canons, tiens.


Tourillon d'un canon de 8 (je crois) en fer coulé, daté de 1610, Perros-Guirec, juillet 2004.

Les tourillons, ce sont les deux appendices cylindriques sur les côtés du canons et qui lui permettent de pivoter sur son affut (dans ce cas, le machin rouge vif en bois), vers le haut ou vers le bas. Les lettres VK qu'on y lit sont la marque du fabricant. Vu la date, sans doute un Hollandais travaillant en Suède, mais je n'en suis pas sûr.

J'ai par contre quelques chances d'avoir trouvé la réponse à la question qui remue les méninges aux érudits locaux : que faisait ce canon au fond de l'eau en baie de Perros, Côtes-d'Armor ? On ne perd pas un canon comme ça, en principe. Voici mon hypothèse : au début de 1780 a lieu un vaste remue-ménage des vieux canons qui étaient stockés depuis des lustres dans tous les arsenaux : on les envoie à la toute nouvelle fonderie d'Indret, près de Nantes, où pour la première fois en France on est capable de refondre des canons en fonte de fer. Pour des raisons historiques, le gros de ces stocks est constitué de canons hollandais comme celui-ci. Qu'une gabarre quelquonque ait été en difficulté et se soit réfugiée dans l'abri relativement sûr de la baie de Perros, ça n'aurait pas grand chose d'étonnant ; il se peut qu'elle ait alors décidé de se débarasser d'une partie de sa cargaison pour éviter le pire. Bon, je n'ai pour l'instant pas trouvé trace d'un tel incident dans les registres de correspondance de la marine, mais c'est tout de même plus probable que d'imaginer un vaisseau hollandais du siècle d'or venir en baie de Perros y semer son armement...

Sinon, je ne crois pas que l'escargot soit d'époque.

Le Plume vous salue bien.

P.S., 1h15 : à en croire la manifestation nocturne de quelques milliers de personnes sur le boulevard de Strasbourg, je ne suis pas le seul à ne pas avoir été convaincu par le verbe présidentiel...



jeudi 30 mars 2006

Are the eagles coming?

(Les lecteurs de Tolkien reconnaîtrons la quasi-citation.)

Donc voilà : Mazeaud l'avait dit, il ne sortirait pas Chirac de ce merdier là. Et maintenant ? Vouloir lancer un « nouveau Grenelle » le jour même où l'on envoie les syndicats se faire mettre, ce serait totalement absurde. Un Villepin peut y croire, qui n'a jamais été élu à rien, mais il doit bien y avoir quelqu'un au Château qui a un minimum la tête sur les épaules. Bernadette ? Claude ? Faites quelque chose, quelqu'un !

Lors des vraies négociations de Grenelle, en 68, Chirac, qui était chargé des négociations pour son Pompon de patron, portait en permanence un revolver dans son veston. Là, vu le nombre d'interlocuteurs qu'il peut espérer, il peut laisser le Colt là où il est, au fond du tiroir, derrière les caleçons longs.

À propos de Colt, et pour changer de sujet, nous voilà revenu à la première des méga-séries télévisées qui sont, pour le moment, le seul phénomène culturel nouveau de ce XXIème siècle qui patine au démarrage : The Sopranos, que nous avions découvert il y a près de cinq ans sur un vieux magnétoscope, lors de mon premier séjour aux États-Unis, à Concord, Massachusetts - pas si loin que ça du New Jersey, en kilomètres, mais si loin à tous autres égards.


Un aigle solitaire survole les pelouses arborées de la Concord Academy, Massachusetts, juillet 2001.

Depuis, il y a eu 24, il y a eu The West Wing, il y a eu Desperate Housewives, il y a eu Lost - toutes basées sur le même principe, un petit groupe de personnages récurrents (entre la demi-douzaine et la douzaine), dont une figure de proue. Leurs interactions, leurs coups de gueules, leurs amours - au sein de ce cercle inéluctable et dont on ne sort que les pieds devant. Et ça fonctionne.

Ce qui, pour le coup, n'a rien à voir avec ce que j'évoquais au début.

Le Plume vous salue bien.



mercredi 29 mars 2006

Premières manifs

Signe de l'âge qui avance à grands pas : ces manifestations m'en rappellent d'autres. C'était en octobre et novembre 1986, et c'était dans les rues de cette ville-là :


Le « plateau » d'Angoulême, pris sans doute du dernier étage de mon lycée.

Ça avait duré pas mal, aussi - me rappelle plus exactement combien. Un mois, à peu près ? C'était le temps des voltigeurs motocyclistes, du SIDA mental (Pauwels dans le Fig'Mag'), des professionnels de l'agitation de tout poil et de toutes nationalités (Pasqua, le Sarko de l'époque). À noter que le ministre de l'intérieur et président du conseil général des Hauts-de-Seine de l'époque ne sabordait pas en sous-main le projet, lui : il organisait une répression musclée, pendant que Monory (le mentor politique de Raffarin, tiens donc) interdisait toute négotiation à son sous-ministre Devaquet, qui lui aurait bien lâché du lest.

Nous, on tenait le coup, on défilait, entre manif' et carnaval ; on s'organisait, réunions pendant des heures ; on se sentait fort, on était bien.

Et puis il y a eu mort d'homme, un étudiant un peu bronzé et même pas manifestant qui avait eu le malheur d'attirer l'œil d'un « voltigeur » chargé de faire le ménage dans le quartier latin. Il faut lui rendre ce mérite : Chirac, alors premier ministre avait immédiatement exigé de ses ministres le retrait du projet - il faut lui reconnaître ce mérite. C'est, hélas, comme ça que nous avons gagné. Une victoire qui laissait un goût amer et beaucoup de colère.

Comment gagnerons-nous cette fois-ci ? De manière moins tragique, je pense. Peut-être le même Chirac profitera-t-il des réserves d'interprétation posée par le conseil constitutionnel (car il n'y aura pas de censure, ou très partielle) pour demander une nouvelle délibération au Parlement, où Sarkozy se fera un plaisir de faire sabrer le texte à ses troupes pour faire les pieds à son rival. Paradoxe : notre plus gros espoir de victoire, c'est ce ministre de l'intérieur que nous détestons. Les eaux sont toujours troubles - il faut bien s'y faire.

Le Plume vous salue bien.



mardi 28 mars 2006

700.000 manifestants - et moi, et moi, et moi

À la manifestation parisienne d'aujourd'hui, j'étais le dernier des manifestants. Vraiment le dernier - derrière moi, CRS et balayeuses, et c'est tout. 699.999 gugusses devant moi, c'est tout de même quelque chose !

Non que je sois un fan des queues de cortège, évidemment. Seulements, nos chers dirigeants des fédérations franciliennes avaient jugé bon de nous donner rendez-vous très en aval du point de départ pour nous faire défiler complètement en dernier. Brillant. On a passé l'après-midi à regarder passer la manif', pour ne démarrer qu'après 18h30... On était abrité de la pluie par les rails du métro, mais tout de même... Nos V.I.P. se sont contentés de faire une apparition (« Ah, c'est bien, il y a du monde, bravo... Je dois m'absenter, je reviendrai peut-être tout à l'heure » - yeah, right!), à l'exception du brave Huchon, qui a patienté une bonne partie de l'après-midi avec nous. Il va y avoir des comptes à régler, je ne vous dit que ça.

Mais bon, ceux d'entre nous qui avaient tenu le coup jusque là (les autres étaient partis avec syndicats et associations) ont défilé vaillament jusqu'à Bastille, où nous avons décidé de ne pas prendre de risques dans les ambiances facilement tendues de fins de manifs. Ce qui ne m'a pas empêché de continuer à pied le long du parcours - somme toute, c'était mon chemin.

Histoire de faire oublier le mal au pied et la goutte au nez, lumière de fin de journée superbe sur les rues de Paris. Et comme je n'avais pas mon appareil photo avec moi (j'y tiens, à la bébête), c'est une lumière de ce type que je vous offre en illustration.


Coucher de soleil rue des Écoles, 13 septembre 2005.

Place de la République, passage un peu difficile - au moment d'une accalmie semble-t-il. Pas vu de « pluie continue de projectiles » en tout cas. Ça tombe bien, je n'étais pas équipé pour ce genre de pluie.

Pendant ce temps, à l'assemblée, Villepin continue à se barrer lui même toute issue. Quel talent. Quant au président de la république, je crains fort qu'il soit rattrapé par l'âge. Fatigué et vieilli, comme disait l'autre. À ce stade, je ne serais pas surpris que le problème soit médicalement qualifiable. Bah, le lâchage par son camp s'accélère, ça ne tiendra pas longtemps comme ça.

Après toutes ces péripéties, une bière entre amis, un dîner tranquille à deux - et maintenant, dodo !

Le Plume vous salue bien.



lundi 27 mars 2006

Animalerie

Rentré tard ce soir - comptes d'apothicaire pour dépouiller notre appel d'offres et prendre une décision qui satisfasse les intérêts des utilisateurs, des exploitants (à savoir nous) et du contribuable... Pas évident, surtout lorsque les offres en question sont complexes. On y travaille d'ailleurs encore, à distance, au moment où je vous parle. Quitté Jussieu, quasi désert, vers 21h30, à pied pour une fois, par le quai Saint Bernard.

D'abord la légère odeur du fleuve, par delà la chaussée ; et puis, en longeant le jardin des plantes, le choc de l'odeur d'animalerie - une odeur pleine, charpentée, pas mauvaise n'en déplaise aux odorats distingués. Une odeur qui rappelle toutes les étables, toutes les écuries, toutes les cours de fermes...


La grande volière du jardin des plantes, 9 mai 2005.

Pas visité la ménagerie, bien sûr.À cette heure là... De toute façon, la grande volière, un de mes coins favoris, doit être fermée ces temps-ci pour cause de stupidité précautionniste. Bah. On se contentera de l'odeur, pour le moment.

Le Plume vous salue bien.



dimanche 26 mars 2006

Dans ma bibliothèque

Trouvé en fouillant dans ma bibliothèque alors que je cherchais de quoi alimenter ma rubrique cartes sur table, ces quelques phrases, à propos de l'Afrique du Sud :

A côté de ce millllion d'hommes [les Blancs], formant deux populations de même importance numérique, vivent cinq ou six millions de nègres, Bantous intelligents, qui ont appris de visu la force et la faiblesse de leurs dominateurs. Comment l'idée de l'« éthiopianisme », l'Afrique aux races indigènes, ne se développerait pas chez eux ? Ce rêve, né parmis les noirs des Etats-Unis, est insensé pour le moment, mais, sous des formes nouvelles, les générations à venir en entendront certainement parler.
En effet. C'est écrit par le géographe Elisée Reclus en 1905 (L'homme et la terre, tome VI). Aurait-il cru que le processus prendrait moins d'un siècle ? Difficile à dire, s'agissant de Reclus. Il est en tout cas certain que les Européens des années 1900 n'aurait certainement pas prété la moindre attention au fantaisiste qui leur aurait annoncé la fin de l'ère coloniale, qui somme toute sous sa forme moderne débutait tout juste, pour les années 1960.


Le Drotsdy, résidence du XVIIIème siècle de style Cape Dutch à Swellendam, Western Cape.

Sur ces passionnantes spéculations, je vous laisse : faudrait que je fasse un peu de rangement et j'ai un rendez-vous demain matin sur un site lointain de ma chère université.

Le Plume vous salue bien.



samedi 25 mars 2006

Soleil pour jour de pluie

Allez, en ce jour pluvieux, faisons-nous du bien (ou du mal, suivant comment on le prend) :


Rapallo, église Santi Gervasio e Protasio, juillet 2005.

Bon, évidemment, pour voir une église Saint-Gervais-Saint-Protais, il suffit de prendre le métro. Mais c'est pas pareil.

Sinon, en train de lire le bouquin, tout juste sorti, de Jean-Clément Martin, Violence et révolution, essai sur la naissance d'un mythe historique (Seuil, mars 2006). J'y retrouve avec plaisir, sous une forme plus achevée, l'excellent cours qu'il professait lorsque j'étais en licence. J'en ferai un petit compte-rendu dans la rubrique qui va bien quand je l'aurai fini. Bon, comme je suis du genre désagréable, comme lecteur, je m'étonne que Burke ait publié une Recherche philosophique sur l'origine de nos idées du sublime et du seau (p. 34) - j'ai tout lieu de penser qu'il s'agit là d'un livre qui reste à écrire.

Le Plume vous salue bien.



vendredi 24 mars 2006

Fatrasie du vendredi

Considérations en vrac pour une fin de semaine...


National Museum of Natural History, New York, 19 septembre 2004.

Le Plume vous salue bien.



jeudi 23 mars 2006

Gibraltar toujours

Pour en finir - temporairement - avec Gibraltar, if faut évidemment parler des singes. Les singes de Gibraltar, ce sont, dit-on, la seule population de singes sauvages d'Europe, si l'on exclut Home sapiens sapiens bien sûr. À vrai dire, la population actuelle descend principalement de singe importés du Maroc, la population autochtone ayant faillit disparaître en 1942. Il faut dire que la légende veut que la présence anglaise à Gibraltar s'arrêtera le jour où les singes en disparaîtrons, ce qui avait sérieusement motivé Winston Churchill, qui donne son nom à l'une des rares grandes avenues de la ville, pour tenter de sauver l'espèce. Depuis lors, l'assistance aux singes fait partie des missions du détachement de l'armée britannique présent sur place.


Un singe en promenade, avec vue sur la baie d'Algesiras, Gibraltar, juin 1992.

Ces singes, ce sont des « magots » (Macaca sylvanus), une sorte de babouin qu'on trouve aujourd'hui, en dehors de Gibraltar, dans l'Atlas marocain et algérien. Ils occupaient jadis un espace beaucoup plus large, de l'Égypte au Maroc mais aussi au nord de la Méditerranée : on en retrouve des fossiles dans tout le sud de l'Europe. Pour plus de détail, allez donc voir ici ; vous y trouverez notammment la réponse à la question que vous vous posez tous :

Les callosités fessières sont des épaississements cornés de la peau qui facilitent la position assise.

Que n'en suis-je pourvu ?

Nous étions à Gibraltar au cours d'une croisière à la voile. J'étais le seul de l'équipage à avoir eu le courrage de monter à pied au sommet du rocher ; les autres avaient pris le téléphérique. Le soir, à bord, après diner, un petit grog - et je me suis endormi sur place. Les autres m'ont obligemment laissé la banquette de carré comme couchette pour la nuit. Le lendemain, nous repartions vers les rivages méditerranéens de l'Espagne.

Le Plume vous salue bien.



mercredi 22 mars 2006

Gibraltar encore

Pour ceux qui douteraient de la britannicité de Gib', en voici une preuve en image :


Un coin de rue de Gibraltar, sur la montée vers le Rocher, juin 1992.

J'ai déjà dit que j'aime bien Gibraltar, je crois ?

Le Plume vous salue bien.



mardi 21 mars 2006

Par l'autre bout

Après la pointe sud de l'Afrique, sa pointe nord. Enfin, le Cap n'est pas tout à fait à la pointe sud de l'Afrique ; c'est le cap Agulhas, quelques centaines de kilomètres plus à l'est, qui s'y trouve. Et par la même occasion le Djebel Moussa a beau être le point le plus au nord du Maroc, le Cap Blanc, en Tunisie, est plus au nord que lui. Mais ne pinaillons pas : en plissant les yeux, vous le verez, à l'horizon, le Djebel Moussa, l'Afrique, du haut du rocher de Gibraltar.


Le détroit de Gibraltar vu du Rocher, juin 1992.

Gibraltar, c'est Jebel-al-Tarikh, du nom de l'esclave berbère que son maître le Sultan chargea de conduire un petit raid de l'autre côté du détroit et qui, outrepassant quelque peu ses ordres, pris sur lui de conquérir l'Espagne. La légende dit qu'il fut exécuté pour cela. Un peu plus de mille ans plus tard, en 1704, c'est un raid combiné anglo-hollandais qui se saisit de la ville et du fort de Gibraltar. Le traité d'Utrecht en donna la garde à l'Angleterre, qui voyait d'un mauvais œil l'alliance dynastique franco-espagnole contrôler les colonnes d'Hercule. Voici donc Gibraltar, seule terre anglaise d'où l'on voit distinctement l'Afrique.

Entre les deux, un porte-container en pleine charge contourne Europa Point pour remonter vers l'Atlantique Nord.

Le Plume vous salue bien.



lundi 20 mars 2006

Commuting Times

Lors de mon séjour en Afrique du Sud, j'avais commencé à regarder de près une question qui vaudrait la peine qu'on y travaille sérieusement : le développement des chemins de fer de banlieue en rapport avec l'accélération et la systématisation de la politique d'Apartheid dans les années 1970-1980. C'est une époque où le gouvernement se veut technicien - par opposition à politique, genre : la politique, c'est une affaire de villains communistes, pouah, nous on est au dessus de tout ça et on fait les seuls bons choix pour le pays. Une belle illustration de ce que recouvre la prétention à l'apolitisme, cette époque Botha.(*)

Le résultat, c'est qu'on ne dit pas : « Il faut envoyer les Noirs loger au diable vauvert », mais on dit :

Arising from the decision of the Cabinet that provision should be made for the total long-term housing needs of the Black population of the Cape Peninsula in the Drift Sands/Swartklip area, a commencement has been made with the development of the new residential area Khayelitsha on the Cape Flats.

(Report of the South African Transport Service Board Relative to the Construction of a New Line between Philippi an Khayelitsha, Cape Town, 7 mai 1985.)

Technocratiquement, tout ça va de soi : si on tolère les Noirs à Cape Town (région d'où ils étaient légalement exclus), c'est pour servir de main d'œuvre ; pour servir de main d'œuvre, il faut qu'ils puissent venir travailler - ergo, il faut des trains. Logique tout ça.


Gare de Cape Town, la barrière de contrôle pour l'accès au quai. Les énormes structures en acier derrière le contrôleur, ce sont les portillons. Essaye de sauter par dessus, tiens !

Corollaire de la chose : la composition d'un train dépend directement de sa destination. S'il est pour les coquettes banlieues Nord, on aura une moitié de voitures de première classe, le reste étant partagé entre deuxième et troisième classe ; si c'est pour les vastes quartiers coloured et Asian de Mitchell's Plain, pas ou peu de première et troisième classe ; si c'est pour les townships noirs de Crossroads et Khayelitsha, 100% troisième classe.

Et du coup on comprend mieux ce que veut dire un usager qui se plaint, dans Commuting Times, la revue maison de Metrorail-Western Cape, que « la première classe est envahie pas des voyageurs de troisième classe qui d'ailleurs voyagent sans billets. » Il y a des classes qui ne dépendent pas des billets.

Le Plume vous salue bien.

(*) Cf. sur la question du vocabulaire de l'expertise et de la technicité l'excellent article de Deborah Posel, « The Language of Domination, 1978-1983 » dans Shula Marks et Stanley Trapido (éditeurs), The Politics of race, class and nationalism in twentieth century South Africa, Longman, 1987. Garder sa biblio et ses notes sur un sujet auquel on n'a pas touché depuis huit ans est-il un signe de maladie mentale ?



dimanche 19 mars 2006

Petit coup d'ouest

Dimanche printanier et néanmoins dominical - en d'autre terme, je n'ai pas fait grand chose de ce que je voulais faire. Seule réalisation majeure : un kebab curry dont je ne suis pas mécontent.

Bah, manifestement, je ne suis pas le seul à être au repos : un certain Dominique Gallouzeau aurait semble-t-il totalement disparu, sans doute parti courrir les bois et les champs, sa lyre en bandoulière. Si vous le rencontrez, merci de prévenir le palais de l'Élysée où on le cherche abondamment.

Pour changer d'air : une vue du centre de Los Angeles sans (trop) de smog, ce qui est rare.


La vue depuis les terrasses du Getty Center, au dessus de Sunset Avenue, pas bien loin de Beverly Hills tous comptes faits.

Toujours beaucoup de monde au Getty, mais je crains que ce soit plus pour profiter de la vue que des expositions, généralement un peu décevantes. Il est vrai que nous autres européens sommes complètement pourris-gâtés en matière d'expos...

Notez qu'on ne voit pas l'océan. Contrairement à San Diego ou San Francisco, Los Angeles fait partie de ces innombrables villes côtières qui tournent résolument le dos à la mer. Bon, c'est vrai que quand on est du côté de Riverside, techniquement toujours dans l'agglomération de Los Angeles, on n'est plus franchement côtier.

Demain, quoi ? Je tenterai comme tous les jours d'accéder à mon bureau ; j'y parviendrai sans doute. Si ce n'était pas le cas, pour être honnête, je n'en ferai pas une jaunisse. On verra bien.

Le Plume vous salue bien.



samedi 18 mars 2006

...

Bon - journée intéressante, avec plein de pistes de réponses aux questions que je posais hier. En plus, mes petites camarades du Master qui parlaient aujourd'hui on fait de bonnes interventions, ce qui est plaisant.

À côté de ça, deux très bons exposés, l'un, de Jean-Philippe Passaqui, sur les accidents miniers et l'autre, de Jean-Louis Kérouanton, sur le fondage des hélices de bateau montraient, chacun à leur manière, que le patrimoine industriel ne pouvait prendre son sens qu'au terme d'un travail sur les sources, archivistiques, imprimées ou orales. C'est comme cela seulement qu'on peut remettre le travail, donc l'humain, dans le patrimoine industriel. Ou si l'on veut - je réécris un tantinet la chose pour prêcher pour ma chapelle - par le travail de l'historien. Après tout, pour citer ce brave Lucien Febvre :

Un bloc de fer météorique tel qu?il est tombé du ciel, un amas de minerai brut : c?est de l?histoire naturelle. Un bloc de fonte, et déjà, si l?on veut, un bloom ? c?est de l?histoire. Je dirais de « l?histoire humaine » si histoire humaine n?était pas un pléonasme.

(Lucien Febvre, allocution d'ouverture au colloque Le fer à travers les âges, nancy, 1955.)

Pas mon historien préféré, le Febvre (son collègue et ami Marc Bloch était d'une toute autre trempe), mais tout de même, pour les sentences bien balancées, il s'y entendait.

Mais bon, là, je suis lessivé. Soyons francs, ces deux journées (celle du 4 mars et celle-ci) étaient fort stimulante mais, dans l'avenir, il serait charitable de diminuer nettement le nombre de communications. Au delà de dix, c'est de l'ordre des cadences infernales !

Résultat : un canapé et une série américaine, that's all I can deal with right now. Et une image de chemins de fer, franchement pas très bien représentés dans les exposés d'aujourd'hui !


Une voie d'interconnexion du côté de la Villette, 19 août 2005.

Le Plume vous salue bien.



vendredi 17 mars 2006

Patrimoine industriel

[J'avais par erreur posté ce message dans la rubrique histoire de dire. Je le duplique donc ici, avec toute mes excuses.]

Journée d'étude toute la journée de demain sur le thème : « quelle place pour le travail dans le patrimoine industriel ? » J'aime la question, même si en l'occurence j'aurais préféré me tenir au programme « comment botter les fesses à premier ministre hautain. » Bon, au pire, je m'éclipserai une heure ou deux pour aller battre le pavé et je reviendrai. Mais sérieusement, la question est intéressante, en cette époque où tout devient patrimoine, au risque de transformer le pays en un vaste musée. Évidemment, on peut se poser la question autrement : le patrimoine en question a-t-il encore quoi que ce soit d'industriel dès lors que ce n'est plus un lieu de travail ?


Une usine en bord de Somme, amiens, mai 2005.

Qu'on me comprenne bien. Je faisais partie de ceux que la destruction des usines de Billancourt mettait en rogne, parce que vouloir effacer de la ville toute trace des activités de production, ce n'est pas sain. Il y a une tendance à vouloir cacher l'industrie, ce truc un peu sale, l'éloigner de la ville, essayer de ne plus y penser - nos écolos parisiens, qui conçoivent leurs prétendus plans de circulation sans tenir aucun compte des artisans et industriels qui y produisent encore des choses de leurs main, n'est d'ailleurs qu'une variété du phénomène.

Mais d'un autre côté, si ces bâtiments deviennent, comme c'est souvent le cas, de n-ièmes lieux socio-cul, officiels ou non(les Frigos à Paris, la Fonderie au Mans, le Lieu Unique à Nantes...), n'est-ce pas faire un peu la même chose en en détournant le sens, en faisant oublier que ces murs étaient là dans un but précis et que ce but était une activité industrielle ?

Ces bâtiments déserts ou socio-culturalisé, ce n'est pas de l'industrie, c'est un fossile d'industrie - parce qu'un vrai site industriel, ça change tout le temps. On construit un nouvel atelier ici, on installe là la machine-outil récemment livrée, et il faut faire arriver les trains par là, et puis on va augmenter la hauteur de cette cheminée... Il se trouve que, pour mon mémoire, j'étudie un atelier particulier d'une usine particulière. Ce bâtiment existe toujours ; il est le plus ancien de l'usine. Je ne l'ai au demeurant qu'apperçu et n'ai jamais pu le photographier : l'usine, construite pour faire des canons de marine en 1753, se prépare maintenant à armer la nouvelle classe de frégates franco-italiennes qu'on a annoncé l'hiver dernier - secret défense, pas de photos. Ce qui est sûr, c'est que le bâtiment en question, dénommé aujourd'hui mouleries, ce qu'il n'est plus depuis longtemps, a changé maintes fois de fonctions, sans jamais avoir exactement toutes celles qu'on lui destinait. C'est ça, un site industriel vivant. Comment raisonner en termes de patrimoine là-dedans ?

Un de ces jours, je vous expliquerai comment, par incapacité à concevoir l'industrie comme l'objet d'une histoire, on a tué une des plus vieilles sociétés de non-ferreux de France.

Le Plume vous salue bien.



mercredi 15 mars 2006

De la superposition des ordres et des moulages dentaires

Je ne m'en suis pas vanté hier soir, mais j'en ai réussie une bien bonne. J'avais hier matin fait quelques modifications sur le réseau d'un de nos sites distants et je m'étais rendu compte après coup que j'avais oublié de faire la mise à jour système du routeur de site. Bah, qu'à celà ne tienne me dis-je : je la ferais de mon bureau, tranquile peinard . Le seul truc quand on fait se genre de manipulations à distance, c'est qu'à un moment, il faut redémarrer l'équipement et là, il n'est plus joignable tant qu'il n'a pas redémarré normalement.

Évidemment, pour ne pas gêner les utilisateurs, j'ai fait la manip' vers 19h30. J'ai chargé la nouvelle version du système, modifié quelques petits trucs pour être sûr que la nouvelle version soit prise en compte, et redémarré le bousin. Et évidemment, il n'a pas redémarré :

J'ai attendu attendu
mais elle n'est j'amais venue
zaï zaï zaï zaï (etc.)

Et voilà la raison pour laquelle je me suis retrouvé du côté de Saint-Sulpice ce matin, à l'heure (pour moi) très matinale de neuf heures moins dix.


l'église Saint-Sulpice en trois-quarts dos, Paris 6ème, ce matin, 10h45.

La solution du problème m'a pris pas mal de temps et de tentatives infructueuses qui n'ont pas dû me valoir l'amour des utilisateurs locaux (« Oh ! Ça remarche, vite je peux commencer mes saisies... Aaaaah ! C'est de nouveau cassé ! »). Comme c'est souvent le cas, le problème était à la fois très simple et passablement inexplicable. Une heure et demie de jurons avant d'en voir le bout, tout de même.

En cherchant la sortie, je tombe sur une fort jolie salle des thèses, respirant les années 20, avec sur la table du jury des cas pratiques propres à la spécialité du lieu : des moulages dentaires. Normal, il s'agit de l'institut d'odontologie. Je presse le pas.

En détachant le scooter, coup d'œil sur l'église : je ne suis pas un fan de ce genre d'édifices, avec la superposition un peu forcée des ordres (on voit très bien le dorique et le ionique sur la photo ; les laborieux pilastres corinthiens de la tour semblent être partis faire un tour) mais sous cet angle là, elle a un certain charme.

Clin d'œil d'histoire des techniques : regardez au dessus des chapiteaux doriques la ligne plus claire qui passe au centre des colonnes : c'est une saignée, comblée au plâtre, dans laquelle vous trouverez de solides barres de fer forgé liées les unes aux autres. Sans armature métallique, tout l'édifice se casserait la figure, faute de contrepoids pour empêcher les murs de s'écarter. Nouveau jeu : quand vous voyez des bâtiments néo-classiques, tâchez de repérer où est la ferraille : il y en a partout mais, contrairement à ce qui se fait dans le monde méditerranéen, elle est cachée au regard. Ne me demandez pas pourquoi.

Le Plume vous salue bien.



mardi 14 mars 2006

Dans la ville

Comme une majorité d'humains aujourd'hui, je vis en ville. D'ailleurs, j'ai toujours vécu en ville : grande ville portuaire, sous-préfecture de 18 000 habitants, ville moyenne de 50 000 habitants, métropole régionale et universitaire, et maintenant Paris - tout ça, ce sont des villes. Et franchement, je n'imagine pas sérieusement de vivre ailleurs, autrement que pour des vacances éventuellement prolongées.


Porte de Charenton, dimanche dernier, 17h48.

Je suis donc un urbain - pas forcément un parisien, même si à présent je suis ça. Ce qui veut dire que quand je sors de chez moi, je m'attend à ce qu'il y ait de l'humain tout autour. Enfin, de l'humain... toute la campagne européenne est elle aussi le résultat de plusieurs siècles d'occupation humaine ; je veux dire qu'il y a des gens. Trop de gens, parfois, ou un peu trop près ; d'ailleurs, je ne prend pratiquement plus les transports en commun, ça me fiche le bourdon. Deux roues, avec ou sans moteur, c'est parfait pour moi.

La ville, c'est plein d'humains dans un même lieu qui ont chacuns leurs petits itinéraires à eux, en essayant d'éviter les collisions tout en ayant des contacts. Un des trucs que j'aime bien, avec le GPS, c'est de télécharger mes trajets et de les voir sur une carte. Si on pouvait faire ça avec tous les habitants d'une ville pour une journée, on obtiendrait un fouillis indescriptible et incompréhensible de traits ; pourtant, chaque tracé pris individuellement avait ses raisons pour suivre ce trajet là.

Ce fouillis de trajectoires, c'est sans doute ça qui fait la ville. Non ?

Le Plume vous salue bien.



lundi 13 mars 2006

Ah ! Les beaux jours...

Réveil difficile ce matin : presque pas dormi, patraque, mal à un genou, et toute la plonge du week-end qui s'était accumulée. Mieux vaut revenir aux photos d'hier, tiens. Après tout, la météo d'aujourd'hui était tout aussi clémente qu'hier, quoi que tout aussi vivifiante.


Au bois de Vincennes, hier après-midi.

Eh non, ce n'était pas le parc naturel des landes de Gascogne mais bien l'oreille verte orientale de Paris...

Sinon, journée de blocage filtrant habituelle maintenant - avec un enthousiasme renouvelé de la part des grévistes, qui semblent plus nombreux et plus motivés que la semaine passée. Chapeau, M. le premier ministre, ça vallait la peine de mobiliser un plateau télé et les journalistes serviles de la première chaîne - maintenant que même les journalistes de la RAI se rebiffent, ils seront bientôt champions du monde. Ah, et puis le ministre de l'éducation continue son petit jeu idiot de tricher sur le nombre de facs grévistes : pour lui, ni Paris 6 ni Paris 7 ne le sont, bien que les cours soient interrompus depuis mardi dernier. Résultat, étudiants et personnel envisagent les moyens de durcir le mouvement, puisque visiblement pour le ministre ce n'est pas suffisant comme ça. Quel talent. Ça me rappelle Juppé qui, droit dans ses bottes, déclarait qu'il ne bougerait pas tant qu'il n'y aurait pas un million de personnes dans les rues. Évidemment, à la manif' suivante, on y était, et bien d'avantage.

À l'autre bout de la France, le président de l'unversité de Toulon demande la suspension du CPE. Il est élu UDF, comme le ministre de l'éducation déjà cité. Pendant ce temps, Chirac garde un mutisme assourdissant : il n'a jamais oublié les grandes manifestations de 1986. Ça fout le camp dans tous les sens, cette affaire ; à mon avis ça sera réglé dans les huit jours.

Le Plume vous salue bien.



dimanche 12 mars 2006

Mélange dominical

Belle journée. Dans l'air hivernal, des bouts de viande laqués prennent le soleil, sans qu'on puisse déterminer précisément de quelle sorte de viande il s'agit.


10ème arrondissement de Paris, aujourd'hui, vers midi.

Je sais qu'il y a des gens que ça gênent ; j'avoue avoir du mal à comprendre pourquoi. Somme toute, ce ne sont pas mes fenêtres.

Au bois de Vincennes cet après-midi, tout le monde était de sortie ; de nombreux enfants faisaient leur premières tentatives sur la bicyclette qu'ils avaient sans doute reçue pour noël, avec des résultats plus ou moins convaincants. Quant à moi, foin de ces enfantillages : j'inaugurais le support de guidon pour le GPS portable. Que j'avais eu pour noël.

Dans la télévision, notre premier ministre causait, paraît-il. Même pas besoin d'écouter : « le courage de moderniser », « les craintes de notre jeunesse », « la nécessité d'être pédagogue », etc. Faut dire, ils sont cons, ces Français, quand on prend une mesure qui leur nuit, ils s'obstinent à ne pas comprendre que c'est pour leur bien. Dans ces conditions, comment veux-tu ! Villepin avait pu faire illusion quelques mois mais c'est bien fini. Sur France Info, un UMP quelquonque rappelle que « le CPE est un outil fondamental de la lutte contre l'emploi » - c'est pas faux ça.

À propos, il m'est venu à l'esprit que la droite avait naturellement une tournure d'esprit d'ancien régime : elle adore multiplier les types de contrats, les dérogations, les exceptions, jusqu'à ce que chacun ait son propre statut social individuel et portatif ; elle aime affecter des ressources spécifiques à tel ou tel projet (genre, la prétendue journée de solidarité de Raffarin), en contradiction totale avec le principe républicain de l'unicité du trésor public. Cette révélation profigieuse m'étant venue alors que je roulais à vélo, je tenais à vous la faire partager, ah mais.

Sinon, ma rubrique Cartes sur table est dorénavant hebdomadaire et dominicale. En tout cas, elle l'est depuis maintenant huit jours.

J'avais pensé à plein d'autres choses pour ce mélange dominical mais ça m'échappe pour le moment. Dimanche prochain peut-être... Ah, si : image saisie en roulant en vélo sur le boulevard Saint-Martin, un groupe de gamines qui traînent, installées autour du buste de Johann Strauss - toutes vêtues de sweat-shirts dédiés à Nirvana et autres groupes plus récents dont je n'ai pas retenu les noms. J'ai trouvé ça sympa, comme image.

Le Plume vous salue bien.



samedi 11 mars 2006

Des eaux et forêts, des princes du sang et des bibliothèques municipales

J'avance ma rédaction, un peu poussivement, mais j'avance tout de même. J'en suis à l'irruption du comte d'Artois dans le foutoir juridique concernant la propriété de la forge que j'étudie, ce qui donne des paragraphes du genre :

Rappelons qu?au XVIIIe siècle l?apanage ne confère pas à son titulaire d?autorité politique sur l?ensemble ainsi constitué mais lui transfère la totalité des revenus domaniaux associés à ces titres. Ainsi, les forêts domaniales restent sous l?autorité des grands maîtres et maîtres particuliers des eaux et forêt, conformément à l?ordonnance de 1669.

Je sais, je devrais peut-être me contenter de faire marcher des réseaux informatiques... Bref, je suis bon pour essayer de déméler en quelques paragraphes le statut légal des eaux de la Touvre, partie de l'apanage d'Artois mais pas complètement - c'est un peu compliqué.


L'église romane de Touvre, sur la colline qui domine les sources de la rivière du même nom, juin 2004.

Sinon, un coup pour rien aux archives nationales : je cherche depuis des lustres un pan de ma documentation qui me manque cruellement, et je ne l'ai pas trouvé aujourd'hui. Il faut dire que les archives d'ancien régime de la marine sont particulièrement mal fichues, ayant été classées un peu n'importe comment après la fermeture du ministère sous la révolution - il occupait les locaux de l'actuelle bibliothèque municipale de Versailles ; on y était allé pour entendre une conférence de Jean Malaurie il y a quelques années, c'est pas dégueu, comme bureaux.

Ceci dit, comme de juste, je suis tombé sur pas mal de documents intéressants ou curieux qui pourraient bien faire l'objet d'une entrée dans Histoire de dire avant que ça me reprenne.

Le Plume vous salue bien.

P.S. : voilà qui est fait : C'est l'entrée Nantes, farine et chaudières au charbon.



vendredi 10 mars 2006

Back Bay

Journée blanche aujourd'hui : pas rédigé grand chose, fatigué. Voilà toujours un complément à l'entrée d'hier - Boston vu d'un des deux grattes-ciels qui dominent Back Bay, la Prudential Tower.


Boston, juillet 2001.

L'immeuble noir, c'est la petite sœur : la Hancock Tower. À gauche, les avenues rectiligne de Back Bay, des marais draînés au XIXème siècle ; plus loin, devant les immeubles qu'on voyait hier, le jardin public avec, sur sa gauche, les rues arborées de Beacon Hill, le quartier Brahmin par excellence - c'est ainsi que l'on surnomme la vieille élite richissime de la ville :

Where Cabots speak only to Lowells,
And the Lowells speak only to God.

(toast attribué à Samuel Clarke Bushnell)

De l'autre côté du jardin, à quelque rue de là, on est tout de suite dans Chinatown et dans les quartiers chauds de la Combat zone. À gauche de la limite de la photo, de l'autre côté de la Charles, Cambridge (Mass.) possède une des plus fortes concentrations d'universitaires du monde, avec le MIT qui tourne le dos à Harvard. Les combats académiques qui s'y livrent, si rudes soient-ils, laissent tout de même beaucoup moins de monde sur le carreau.

Le Plume vous salue bien.



jeudi 9 mars 2006

Boston Tea Party

Je parlais hier de révolution française. La révolution américaine, elle, a commencé là :


Le front de mer à Boston, Mass., juillet 2001.

Le 16 décembre 1773, un groupe d'hommes déguisés en indiens monta à bord d'un navire de la compagnie anglaise des Indes et jeta à la mer sa cargaison de thé.

Pourquoi du thé ? Parce que, suite à un début de soulèvement en mars 1770, le gouvernement anglais avait supprimé les taxes crées pour remplir les caisses que la guerre de sept ans avait vidées - à l'exception des droits sur le thé, par principe, pour rappeler que c'était un droit du Parlement britannique que de lever de telles taxes. Comme en plus la compagnie des Indes avait reçu le monopole du commerce du thé, au grand dam des marchands de Boston, le thé était devenu le symbole de la domination anglaise sur ses colonies américaines.

Pourquoi le déguisement ? Le travesti est une figure classique des « émotions » populaires du XVIIIème siècle. Les hommes déguisés en femmes sont un classique des émeutes pour le pain ; on en retrouve des traces dans les comptes-rendus policiers des journées des 5 et 6 octobre 1789 (la marches sur Versailles pour ramener à Paris « le boulanger, la boulangère et le petit mitron »). Alors, s'habiller en peaux-rouges pour représenter la fureur américaine, pourquoi pas  ?

Au fait, si vous parlez aux États-Unis de guerre d'indépendance, personne ne comprendra de quoi vous parlez - Revolutionary War est le terme consacré. À méditer. L'historien des idées J.G.A. Pocock avait écrit un article là dessus : la guerre d'indépendance américaine comme révolution contre le compromis parlementaire en place en Angleterre depuis 1688. Je n'ai pas d'avis sur la question. Normal, je n'y connais rien.

Le port de Boston, ça a un peu changé. Pendant des années, c'était des hangars abandonnés et des réglement de comptes entre mafieux sur les quais déserts à la nuit tombée. Aujourd'hui, c'est très chic ; ses retaurants de fruits de mer et de clam chowder sont réputés ; l'aquarium qui occupe un des wharfs est un des plus célèbres du pays ; on y embarque pour une demi-journée en mer, à la rencontre des baleines du cap Cod.

Boston a changé, aussi. Mais ça reste une ville paradoxale, qui n'a rien d'européen contrairement à ce qu'on entend souvent ; une ville dure, aussi, et pas seulement par sa météo hivernale.

Par contre le mot Massachusetts n'a pas changé, toujours impossible à écrire correctement sans s'y reprendre à trois fois.

Le Plume vous salue bien.



mercredi 8 mars 2006

Dansons la carmagnole

Je parlais l'autre jour de Saluzzo ; la ville de Carmagnola se trouve quelques kilomètres plus à l'est. J'ignore quel est le rapport entre la petite ville en question et le chant révolutionnaire bien connu :


Canons de bronze pour l'artillerie de terre, époque révolutionaire, Paris, musée des Invalides.

Madame Veto avait promis (bis)
De faire égorger tout Paris. (bis)
Mais le coup a manqué
Grâce à nos canonniers.
Refrain
Dansons la Carmagnole,
Vive le son, vive le son,
Dansons la Carmagnole,
Vive le son du canon !
Monsieur Veto avait promis
D'être fidèle à son pays.
Mais il y a manqué
Ne faisons plus d'quartier.
(au Refrain)
[...]
Oui, nous nous souviendrons toujours
Des sans-culottes des faubourgs.
A leur santé buvons
Vivent ces bons lurons !

Plus paisibles, tout de même, les barricades d'aujourd'hui. Si quelqu'un a une réponse à mon problème (le rapport entre la ville de Carmagnole et la chanson du même nom), je suis preneur. En fait, les canons sont très légèrement anachroniques puisqu'ils datent de l'an III alors que la chanson date de toute évidence de 1792. Mais on n'est pas à trois ans près. Et les canons du dernier couplet sont intemporels.

Le Plume vous salue bien.

P.S. : je sais, c'est la journée de la femme - mais que voulez-vous, je n'ai pas trouvé de photo appropriée, étant donné bien sûr que je me refuse à utiliser ici des portaits. Ceci étant dit : bonne journée, mesdames.



mardi 7 mars 2006

Lo sciopero

J'étais en grève aujourd'hui mais, je l'avoue : je n'ai pas été manifester. À vrai dire, les grandes foules des manifestations parisiennes m'inquiètent toujours un peu - et puis, c'est toujours trois heures à poireauter à Répu pour une heure de manif', ces affaires-là...

En fait, je pensais réellement y aller, mais voilà : après déjeuner, j'ai commencé à faire une chose, puis une autre, et je me suis rendu compte qu'il était bien trop tard, et puis il s'est mis à pleuvoir... Bref, je n'y suis pas allé. Apparemment, ça c'est plutôt bien passé, ce dont je suis bien content : finalement, ils ont réussi à se débrouiller sans moi, va !


Un grand panda se livrant à des activités de la plus haute importance, zoo de San Diego, 15 août 2004.

Bilan du jour, en ce qui me concerne : pas grand chose - quelques achats ce matin que j'avais repoussés depuis des lustres, un peu de travail sur le mémoire, et l'encadrement de quelques agrandissements photos, pour faire joli.

Le Plume vous salue bien.



lundi 6 mars 2006

Senzo unico

Allez, une petite piqûre de rappel d'Italie, par les temps qui courent, ça ne peut pas faire de mal.


Saluzzo, province de Cuneo, 5 juillet 2005.

Le petit bout de plaque de rue, les ombres portées et une habile consultation de mappy m'indiquent qu'il s'agit de la via vacca, au coin de la via Palazzo di Città. Cependant, nombre d'indices permettent de confirmer que c'est bien d'Italie qu'il s'agit :

Bon. Sinon, n'oubliez pas : Domani, è lo sciopero.

Le Plume vous salue bien.

P.S. : vu à l'instant la fin de Goodbye Lénine. Autre monde. Beau.