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Des photos et des jours

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vendredi 29 septembre 2006

Company or crowd

Bon, il tente de se socialiser, ce petit : après un apéro à la maison devenu largement dinatoire, bibine et grignotis en quantité, conversation passionnante en prime, je tente une deuxième opération sociale : me rendre à la blog party 2, qui somme toute est organisée à deux pas de chez moi.

Mais bon, quand je dis « il tente »... Compte tenue de l'heure tardive et de l'exiguité du lieu, on refuse du monde et il y a la queue dans la rue : retour direct au point de départ. Fort agréable somme toute, le point de départ.

On m'a fait remarquer qu'il y a rarement des gens sur mes photos : c'est vrai, prendre des gens en photos, je ne sais pas trop faire. Et de quelle droit j'utiliserai leur frimousse sur ces pages ? Mais exceptionnellement, en l'honneur de cette activité mondaine effrénée, il y aura des gens sur la photo d'aujourd'hui.


New York City, A train, 42nd street station, 19 septembre 2004.

Après tout, le Truskel avait l'air aussi bondé ce soir que le A train à l'heure de pointe - voire même la ligne 4 à l'heure de pointe, tiens.

Le Plume vous salue bien.



dimanche 15 octobre 2006

Lucknow, New York, Djibouti et autres lieux

C'était dimanche. Repos. Préparer et déguster un korma de gigot d'agneau à la manière de Lucknow. Relire quelques notes prise à Londres il y a douze ans. Regarder les experts expertiser des restes humains du côté de Las Vegas. Ressortir le plan des autobus de Manhattan.

Ledit plan fait l'objet de l'entrée carto du diamnche ; si vous voulez l'intégralité de ce plan, il est caché dans cette image.


L'autobus M104 sur Broadway, New York, 19 septembre 2004 en milieu de matinée.

Les bus de Manhattan sont comme les chameaux dans le désert : ils barraquent pour laisser monter et descendre les voyageurs, surbaissant leurs suspensions avant pour diminuer le nombre de marche.

En 1898 la mission Marchand n'avait pas d'autobus ni de chameaux mais une canonnière à transporter à dos d'hommes entre le haut Oubangui et les affluents du Nil. J'en parlais vendredi dans la rubrique histoire ; j'ai ajouté une carte et un peu de biblio. Je ne sais pas ce qu'est devenue la canonnière, je doute qu'après le fiasco sur le Nil elle ait continué le voyage par voie de terre jusqu'à Djibouti, via Addis-Abeba. Expédition typique de la ruée européenne vers l'Afrique : mal conçue, coûteuse en vies humaine (surtout en vies humaine africaines, dont le même Marchand, devenu général, encouragea quinze ans plus tard la consommation à outrance dans les tranchées de Verdun), elle n'a servi rigoureusement à rien.

Et pour finir par où l'on avait commencé : la cuisine de Lucknow se caractérise par ses mélanges d'épices particulièrement subtils et notament l'usage de la poudre de macis pour parfumer les kormas. Pas mal du tout, pas mal du tout.

Le Plume vous salue bien.



mardi 28 septembre 2004

Manhattan, 4 bis : Avant la pluie

Le même lieu, trois jours plus tôt, alors que les pluies torrentielles n'avaient pas nettoyé l'atmosphère des miasmes d'Ivan -- la tempête tropicale qui a ravagé l'Alabama, rincé le Nord-Est, ballotté l'avion de votre serviteur et re-mouillé ce dernier vendredi soir à Paris. Chaleur humide, brume : voyez plutôt.


Même endroit, le 17 septembre 2004, vers midi.

La météo de Central Park est celle de New York : Your guess is as good as the weatherman's. Et pour finir sur une note littéraire :

Mais où vont les canards de Central Park quand le lac est gelé en hiver ?

J.D. Salinger, The Catcher in the Rye

Le Plume vous salue bien.


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lundi 27 septembre 2004

Manhattan, 4 : Central Park

Je reprends donc ma lente remontée de Manhattan... Après Midtown et la 59ème rue, la ville se divise en deux : Upper West Side et Upper East Side. Entre les deux, une lacune allongée qui est comme une épine dorsale : Central Park. A l'est, les boutiques branchées de Madison Avenue ; à l'ouest, les modestes supérettes d'Amsterdam Avenue. Au Sud, l'opulence caricaturale et bien blanche de Columbus Circle et de Midtown ; au nord, Harlem, ses quartiers populaires, franchement pauvres pour certains, et sa foule multiple et colorée...

Au milieu, des chaos de gneiss et de quartzite, des feuillus, des conifères, des allées qui tournicotent entre les rochers, des lacs, des cyclistes, des joggers (beaucoup), des chiens de toutes les espèces, des clochards, des yuppies, des nourrices avec des poussettes, des enfants des écoles, des mouettes, des canards. Et beaucoup d'eau.


Central Park, le Jackie Kennedy-Onasis Reservoir vu de l'est, le 20 septembre 2004 vers 10h du matin.

New York, looking down on Central Park : En fait, à part quelques très chics immeubles, anciens hôtels particuliers souvent transformés en musées à l'est et résidences plus modernes à l'ouest, New York, du point de vue de l'urbanisme, lui tournerait plutôt le dos. Les New Yorkais, eux, dès qu'ils le peuvent, vont faire le tour du lac en petite foulée (mais seulement dans le sens inverse des aiguilles d'une montre S.V.P., les panneaux sont formels là dessus) ou foncer à vélo sur un itinéraire nettement plus motivant que celui de Longchamp.

Curieusement, Central Park est ce qui à New York ressemblait le moins à mes attentes. Je m'imaginais un vaste jardin public bien plat ; en fait, ça monte et ça descend dans tous les sens, et la seule chose de régulière là dedans est son périmètre parfaitement rectangulaire. La carte n'est pas le pays...

Le Plume vous salue bien.


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dimanche 26 septembre 2004

Manhattan, 1 1/2 : Greenwich Village

Puisque je parlais hier de la zone de bâti moins haut que le reste entre Wall Street et Mid Town, je ne résiste pas à un petit retour en arrière dans ma remontée de Manhattan. J'ai retrouvé une photo qui permet un petit coup d'oeil sur une rue calme, entre deux avenues, du côté de ce qu'il est convenu d'appeler l'East Village.


Manhattan, une rue du sud-est de Greenwich Village, lundi 20 septembre 2004, vers midi.

Voilà : des rues plus calmes, des livreurs mal garés, des immeubles en brique avec les fameuses échelles de secours bien connues des amateurs de séries télé... c'est ça aussi, New York. Entre autres plusieurs choses.

A propos, vu cet après midi The Terminal, de Spielberg. Allez-y si vous voulez passer un bon moment, vous détendre devant un film plaisant et bien ficelé. Si vous êtes un tant soit peu anglophone, tâchez de voir ça en V.O. (cette semaine au Max Linder par exemple), c'est quand même plus sympa. Et puis vous reconnaîtrez sans peine les immeubles de la scène finale si vous avez lu mon entrée d'hier... Une autre bonne raison de voir ce film : ne pas suivre les recommandations des prétendus critiques du Monde qui descendaient le film dans une chronique vomitive de snobisme. Plus ça va, plus ce journal est à gerber. Pas la peine que je m'emballe avec ça, j'en aurais pour des heures. Et personne ne le lit de toute façon.

Le Plume vous salue bien.

P.S. : en sortant du ciné, on tente d'aller prendre un verre ; une serveuse mal embouchée nous fait savoir sans ménagement que la table que nous convoitions était "réservée pour la restauration". Pas de doute, on est bien à Paris...


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jeudi 4 août 2005

« Ils sont tristes à la fête, où qu'ils aillent »

J'étais tout à l'heure plongé dans des abîmes de perplexité, et ce pour des raisons qu'il serait déplacé de raconter ici. Je repensais donc au beau commentaire que faisait l'amie Annnie avec trois n à ma note d'avant-hier :

Je connais ce sentiment. Le "je suis d'ici" qui manque.
Alors après, c'est comme l'adoption.

Commentaire qui m'a d'autant plus touché que les deux termes de cette équation me sont familiers. Et c'est très juste : dans un cas comme dans l'autre il s'agit de décalage, de questions qu'on se pose ou qu'on s'interdit de se poser ; de celles que posent le regard des autres aussi.

Alors, peut-être que mon pays, c'est le pays de ceux qui n'ont pas de pays, la constellation des grandes métropoles reliées entre elles par la traînée des vols intercontinentaux : Paris, Londres, New York, Los Angeles...


New York, Lower East Side, septembre 2004.

Seulement voilà : j'aime rouler à bicyclette entre les talus couverts de fougères, j'aime regarder les étoiles dans le ciel nocturne, j'aime quand mon bateau glisse sur l'eau dans la lumière du soir... Ah, que tout ceci est mal commode !

Le Plume vous salue bien.

P.S. : merci à Michel Berger pour le titre, bien sûr.



jeudi 15 juin 2006

Les longues soirées de Max Weber

Panica generale, je commence à être en retard pour de bon. D'un autre côté, j'ai pris des jours de congés : maintenant, c'est rédac à temps plein jusqu'à achèvement soit du mémoire, soit de son auteur.

En attendant, petite image de Downtown Manhattan, au hasard de mes archives...


New York, 16 septembre 2004, début de soirée.

C'était quelque part entre Wall Street et Chinatown ; une perfusion de work ethic confucéeo-protestante, en quelque sorte.

Le Plume vous salue bien.



lundi 9 octobre 2006

Une espèce d'espace

Décidément, oui : les très grandes villes sont un lieu où l'on peut sentir chez soi quand on n'est pas « de quelque part. » Une curieuse espèce d'espace, ce réseau de nœuds singuliers reliés par les allers-et-retours des jets.


New York, Bryant Park, septembre 2004.

J'aime le calme, les fleurs des champs, pédaler sur une petite route et les grands bords de largue - mais mon pays, c'est bien celui-ci  Paris, Londres, Berlin, New York, Tokyo, Shangai, la planète métropole. Il m'a fallu longtemps pour le comprendre. Je l'accepte, peu à peu.

Ce qui ne m'empêche pas de m'échapper dès que possible. Bien sûr.

Le Plume vous salue bien.

N.B. : titre de l'entrée en hommage à Georges Perec - un concitoyen, en quelque sorte.



vendredi 24 septembre 2004

Manhattan, 2 : midtown. Le grid.

Midtown, c'est la partie de Manhattan qui est juste en dessous de Central Park, disons entre la 34ème et la 59ème rue. C'est le grid, le plan en damier typique, avec les blocks en rectangle assez étirés (les rues sont nettement moins espacées que les avenues). Seul Broadway fait exception, taillant dans le système à un angle variable, se confondant parfois avec les avenues et parfois obliquant vers la gauche, engendrant ainsi les fameux immeubles en lame de couteau, comme le flatiron des photos de Stieglitz ou l'impossible fil à couper le beurre de Time Square.

Car Mid Town, c'est aussi Time Square, le Chrysler Building... L'autre district de gratte-ciels, séparé du financial district par une vaste zone sans élévations majeures, Chelsea, Greenwich Village, Lower East Side... L'Empire State Building est un peu isolé, à la lisière sud de Mid Town.


Vue au nord depuis le haut de l'Empire State Building, lundi 20 septembre 2004, vers 22h.

Et derrière les lumières, presque cachée par les gratte-ciels, la lacune de Central Park, ce vide rectangulaire au coeur de la ville, avec ses arbres, bassins et rochers qui conservent autour d'eux un petit bout de nuit noire.

Le Plume vous salue bien.


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samedi 25 septembre 2004

Manhattan 3, midtown. Time Square.


Time Square, New York, 19 septembre 2004.

Time Square, c'est ce qu'on entend quand on dit "visiter New York". Au croisement de Broadway et de la 42ème rue, c'est le rendez-vous des enseignes lumineuses, des néons, des commerces, des comédies musicales... La fameuse foule des trottoirs new-yorkais, c'est là qu'on la trouve.

Mais, étant venu en bus depuis la 121ème rue (par le M104, que l'on voit sur l'image se diriger vers Broadway), j'ai pu apprécier le caractère tout à fait limité de cet espace : si le bâti s'élève dès Columbus Circle et la 59ème rue, c'est à dire en entrant dans Midtown, ce que dans les derniers blocks que les enseignes se multiplient et que la foule se densifie. Time Square, ou l'image que New York s'efforce de renvoyer d'elle-même ?

Le Plume vous salue bien.


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mardi 20 mars 2007

Route One - New York, New York

En suivant la route n°1, après Boston et les vastes banlieues du Connecticut : New York City, la porte d'entrée du pays ; au début du film1, Kramer y fait son retour, par la mer - comme ces immigrants du siècle avant-dernier, qui croyaient que les rues de New York étaient pavées d'or. Alors qu'elles n'étaient pas pavées d'or ; en fait, elles n'étaient même pas pavées du tout ; d'ailleurs on les attendaient pour les paver.

L'histoire est bien connue. Mais New-York reste ça, le point de premier contact ; la moins américaine des villes américaines2, sans aucun doute, et pourtant symbole de l'Amérique aux yeux du monde - elle l'a payé cher, cette image...


Manhattan, aux environs de Time Square, septembre 2004.

New York ou le paradoxe des villes : pas des places centrales assurant un certains nombres de fonctions pour le plat pays environnant mais un univers à part entière, lieu de la consommation par excellence, ou de production des services mais à un certain niveau la production de service est une forme de consommation comme une autre. Paris est le centre de l'Île-de-France, riche région agricole ; New York n'est au centre de rien du tout, au centre d'elle-même. C'est ça, la ville d'aujourd'hui. C'est nous.

Le Plume vous salue bien.

1 Robert Kramer, Route One/USA, 1989, 255 min (versions courte), disponible en DVD.

2 La seule où un adulte normalement fortuné puisse envisager sans aucun problème de vivre sans voiture - c'est dire !



jeudi 30 septembre 2004

Manhattan, 6 : Morningside Heights, Columbia University.

Plus haut, plus à l'ouest, au delà de Central Park, sur les hauteurs qui surplombent l'Hudson, c'est Morningside Heights. Pourquoi Morningside alors qu'on est face à l'ouest ? Bonne question, merci de l'avoir posée.

En réalité, Morningside Heights, c'est l'université de Columbia -- vénérable université qui fête ces temps-ci son 250ème anniversaire, membre distingué de la Ivy League (derrière Harvard, Yale et Princeton), propriétaire de pratiquement tout le quartier, qui a réussi à maintenir un campus en pleine ville, sur cinq ou six blocs ; son voisinage : Barnard College, juste en face, qui jadis éduquait les futures épouses des Columbians ; l'Union Theological Seminary (ou d'ailleurs nous logions), qui forment oecuméniquement pasteurs et curés, un séminaire israélite en face, un Teacher's College ; des cafés, restaurants et librairies pour toute cette clientèle, y compris Tom's restaurant, le "Tom's diner" de la chanson de Suzanne Vega -- et de la série Seinfield. Bref, un îlot de Cambridge, Mass, coincé entre l'Upper West Side et Harlem.


Columbia University, le 19 septembre 2004 ; le bâtiment vitré au fond est le Lehrner Hall, d'où j'écrivais mes "télégrammes".

Les tentes, ce sont des tentes pour le "Columbia community festival", c'est à dire, au bout du compte et comme l'écrivait sans réserve le journal étudiant, une tentative de l'université pour se rabibocher avec le quartier. Car les habitants de West Harlem, notamment, voient d'un bien mauvais oeil les tentatives d'expansions de Columbia qui les grignotent en douceur ainsi que la "gentryfication" qui s'ensuit... Malheureusement pour Columbia, Ivan s'est chargé de noyer l'essentiel des festivités et, si Dee Dee Bridgewater a chanté, ce fut brièvement, entre les averses avec des heures de retard sur le programme et un public clairsemé.

Le Plume vous salue bien.


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mercredi 21 mars 2007

Alma Mater

Puisqu'on parle de paradoxes new-yorkais : Columbia University - la Ivy League aux portes de Harlem.


La bibliothèque de l'université de Columbia, Manhattan, septembre 2004.

La statue, c'est l'Alma Mater - la mère nourricière, nourricière de savoir bien sûr. Alma mater studiorum, telle était la devise de l'université de Bologne, la doyenne des universités européennes. Quant à la concentration d'ordinateurs portables sur ces escaliers, elle est due à la présence d'un réseau Wifi ouvert sur le parvis de la bibliothèque - on ne m'en a parlé qu'après mon retour, hélas.

Je méditerai un autre jour sur les universités en général et les universités américaines en particulier. Ce soir, on se contentera de la photo. Mais pour en revenir au paradoxe du début : la construction d'une extension de Columbia sur l'emplacement du centre commercial abandonné de Manhattanville, à quelques blocks de là, fait l'objet d'un conflit durable entre l'université et les associations d'habitants de Harlem, qui vivent cette implantation comme une invasion. Il est des frontières que les cartes ne mentionnent pas...

Le Plume vous salue bien.



dimanche 18 septembre 2005

les doigts de pieds en éventail

Alors, aujourd'hui, quoi ?

D'abord une grasse matinée qui redéfinit le sens du mot grasse matinée. Ensuite, un tout petit peu, mais alors un tout petit peu, de rangement. Ensuite pas grand chose. Un petit tour en scooter histoire de ne pas oublier comment on fait, puis une bière fraîche tout en regardant n'importe quoi à la télé. Et puis ensuite, un peu de cuisine : le curry du dimanche soir a repris ses droits.

Bref, globalement, un dimanche les doigts de pieds en éventail et les mains derrière la tête...


Sculpture méso-américaine, National Museum of Natural History, New York, septembre 2004.

Précisons que, si l'attitude de cette statue est exactement celle dont je parle, l'habillement n'est pas tout à fait approprié - surtout pour faire la cuisine.

Le curry du jour, d'ailleurs : poulet aux noix de cajou et épices noires, un plat basé sur une pâte aromatique d'épices qu'on a fait griller avant de les réduire en purée - noix de coco, cajou, graines de coriandre et de cumin, ail, gingembre, oignons, piment. Résultat plutôt satisfaisant, je dois dire.

Le Plume vous salue bien.



vendredi 11 novembre 2005

Des amis et des idées

Des amis avec lesquels échanger des idées ; de longues conversations sur des sujets profonds, ou légers, ou les deux ; des discussions où l'on s'enrichit par ce que l'on entend, et aussi un peu par ce que l'on dit... Il n'y a pas grand chose de plus précieux, je trouve.


Collections d'art amérindien au National Museum of National History, New York, septembre 2004...

...une photos en forme de clin d'œil, s'agissant d'éminents spécialistes de ces cultures. Je m'accorde au passage une médaille pour être parvenu (je crois) à expliquer en anglais le sujet de mon mémoire, et la raison pour lequel ce sujet avait le moindre intérêt. Ce qui, il faut l'admettre, ne vas pas forcément sans dire.

Le Plume vous salue bien.



vendredi 24 mars 2006

Fatrasie du vendredi

Considérations en vrac pour une fin de semaine...


National Museum of Natural History, New York, 19 septembre 2004.

Le Plume vous salue bien.



jeudi 7 juin 2007

Gnossiennes

Avec étonnement, demande la deuxième Gnossienne de Satie à ses interprètes. Les pièces pour piano de Satie : des pièces courtes, une, deux minutes, parfois moins, pas le temps de construire, le monde des années folles va trop vite, il n'y a que le temps de s'étonner. Il invente la lumière électrique, ce monde là, pédale à bicyclette dans les rues, s'élance en voiture, en avion, se photographie, se filme bientôt...

Notre présent qui se croit si rapide est presque immobile par comparaison. Ça devrait nous laisser plus de temps pour réfléchir. À condition de ne pas oublier de s'étonner.


Museum of Natural History, New York, septembre 2004.

Les musiques ne s'annulent pas, ne se succèdent pas comme des règnes - on peut écouter de vastes compositions et de toutes petites pièces pour piano, et tant de choses encore ; des contrepoints savants ou des rythmes robustes... Schubert, Propellerhead, The Who, Paolo Conte, Satie et David Bowie se sont partagé mon temps d'écoute aujourd'hui. Y compris les cinquante secondes de la « valse du chocolat aux amandes ».

Le Plume vous salue bien.



vendredi 9 septembre 2005

Les p'tits bateaux, 3

Puisqu'on en est aux transbordeurs, voici sans doute une des lignes maritimes de transport de passagers qui accueillent le plus de voyageurs par jour : le Staten Island ferry, qui transporte les piétons (pas de voitures, qui peuvent faire le tour par le New Jersey ou par le pont des Verrazzano Narrows) de South ferry, à la pointe sud de Manhattan, jusqu'à l'île-quartier de Staten Island, où résident environ 85.000 habitants - pas loin du double lorsque l'équipe de Baseball des Yankees joue à dommicile, à deux pas de la gare maritime justement.

Les gros bateaux orange et bleu du Staten Island ferry ont plusieurs mérites : c'est un moyen de transport en commun efficace et bon marché - surtout lors de notre passage, l'an dernier, où il était gratuit pour cause de rénovation des terminaux ; c'est une manière sympathique de visiter la baie de New York et de s'approcher de la statue de la liberté ; enfin, ils permettent de se rappeler que New York est, avant toute chose, un port de mer.


l'arrivée d'un bateau au terminal de South Ferry, Manhattan, 16 septembre 2004.

Pour les curieux, j'avais mis en ligne la photo d'un autre bateau de cette ligne en octobre dernier. Un modèle nettement plus rétro, d'ailleurs, pris depuis le terminal opposé.

Puisque l'on parle des États-Unis (j'en ai pas mal parlé ses derniers temps, mais je n'arrivais pas à formuler ce que je voulais dire), j'ai une ou deux remarques à faire sur la situation dans le delta du Mississipi et sur les réactions que cela a occasionné en France.

Tout d'abord, l'inadéquation de la réponse des autorités est suffisamment flagrante pour ne pas mériter de plus ample commentaires - une évacuation partielle et bâclée, des secours qui mettent trois jours pour se mettre en route, etc. L'ineptie de la maison blanche a été particulièrement flagrante, ce qui n'a échappé à personne. Plusieurs commissions d'enquêtes se sont saisies du dossier et il semble que tout ça va être examiné à la loupe. D'un point de vue plus large, le poète Ron Silliman faisait remarquer dans son blog que c'est la culture du Small Governent et le culte de la baisse des impôts qui étaient à incriminer - pensons-y au moment de régler nos propres impôts...

Je trouve tout de même un peu abusif la tendance, flagrante dans nos journaux, à utiliser cette affaire pour régler ses comptes avec le gouvernement américain - ou avec l'Amérique toute entière, après tout, pourquoi faire tant de nuances ? Dans une affaire, qui est somme toute une affaire intérieure, ne convient-il pas de laisser au peuple américain le soin de régler ses comptes avec ses gouvernants ? On sent parfois une certaine délectation devant l'oportunité de tapper sur le Grand Satan, et je trouve ça malsain.*

Qu'on me permette donc de poser une question : Où sont les plans d'évacuation de la ville de Grenoble ? Voilà en effet une grande ville (le tiers de la Nouvelle-Orléans environ) qui est sous la menace d'un risque naturel majeur et clairement identifié : la possibilité d'affaissements de grande ampleur le long de la corniche du Drac, formant un barrage naturel et une gigantesque poche d'eau qui crèverait au bout de quelques heures ou de quelques jours, ballayant comme une gigantesque chasse d'eau la cuvette de Grenoble. Le risque est connu, surveillé ; il suffirait d'un printemps plus chaud et pluvieux que la moyenne, de quelques gros orages d'été... Qui peut m'affirmer aujourd'hui que nous soyons mieux préparés que la Nouvelle-Orléans ?

Sur ces riant propos, je file au gymnase. Enfin, pour être tout à fait honnête, au théatre du Gymnase, voir Boujenah.

Le Plume vous salue bien.

* J'ai sous les yeux le dernier numéro de l'hebdo des socialistes qui se joint à la curée. Est-ce bien là le rôle d'un parti politique français ? Je m'interroge.



lundi 19 septembre 2005

la liberté guidant qui le veut bien

À l'issue d'une journée sans grandes satisfactions je tombe en fouillant dans mes archives sur cette photo de New York :

La statue de la liberté vue depuis South ferry, 16 septembre 2004.

J'ai peut être des joies faciles mais je l'aime bien, cette photo. Et du coup je ne suis pas si mécontent de ma journée, finalement.

Le Plume vous salue bien.



jeudi 8 juin 2006

Rame, rameur, rameurs, ramez...

Pas de message hier soir pour cause de caprice de Blogger. Et ça tombait pas mal puisque j'aurais eu du mal à produire quoi que ce soit...

Il faut dire que je coinçais un peu dans mes savantes rédactions - une sous-partie nécessaire, mais sur un sujet dans lequel j'avais toujours évité de me plonger complètement. De peur de me noyer dans la quantité des sources impliquées, alors même que jen avais déjà pas mal. J'y avais donc trempé le bout d'un prteil, amassant les documents sur lesquels que tombais par hasard, mais sans aller activement à leur recherche. Du coup, j'ai, d'une part, de la documentation ; d'autre part, quelques idées d'ensemble. Mais le lien se fait mal, je n'ai pas une compréhension assez complète pour vraiment le sentir, ce dossier. Donc, ça rame.

Conséquence à J-14 du rendu : mes entrées vont se limiter à des photos tirées de mes archives en fonction de ma fantaisie du moment. Avec en prime quelques jérémiades sur mon triste sort, bien sûr, voir ci-dessus.


L'East River et Brooklyn vu de la pointe sud de Manhattan.
Au premier plan, l'ancienne gare maritime de South Ferry.

Le Plume vous salue bien.



dimanche 3 octobre 2004

Manhattan, 9 : L'Hudson

Pour boucler cette séquence "Manhattan", et avant quelques notes sur les autres Boroughs, il eut été injuste de ne pas montrer le fleuve qui fait Manhattan : l'Hudson.

En effet, si Manhattan est réellement une île, les "rivières" qui la bordent n'en sont pas forcément, des rivières. A l'est, l'East River n'est que le détroit final du Long Island Sound ; au nord, l'Harlem River pourrait à la rigueur et sous réserve de données précises concernant les courrants être considérée comme un bras mort de l'Hudson. Au sud, c'est l'Upper Bay, le plan d'eau compris entre le New Jersey, Long Island (et plus particulièrement Brooklyn) et Staten Island. A l'ouest, par contre, un fleuve majestueux, navigable jusqu'au pied des Adirondacks, 300km plus au nord -- tellement majestueux que seul un pont le traverse, le George Washington Bridge, qui prend sur Manhattan au niveau de la 178ème rue.


L'Hudson RIver et le George Washington Bridge, vus de Tryon Park, le 21 septembre 2004.

Bon, OK, le pont, il est en travaux, et du coup ne se distingue plus guère des immeubles du New Jersey voisin... Pas ma faute, à moi. Par contre, je revendique le respect de la logique géographique de ma présentation, la photo étant prise du belvédère juste au nord des Cloisters. Là.

Quant à la barge, elle vient à point nommer introduire un aspect que je n'ai fait qu'effleurer dans ma premières entrée de la série : que New York, métropole, est aussi un port. Ca a l'air évident, mais pour quelqu'un qui a grandi au son des cornes de brume de la baie de seine, ça n'est pas rien.

Le Plume vous salue bien.


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samedi 2 octobre 2004

Manhattan, 8 : The Cloisters.

Si l'on continue tout droit vers le nord, par exemple en prenant l'autobus M4, on arrive à Inwood, la pointe nord de Manhattan, coincée entre un coude de la Harlem River et l'Hudson, et à Tryon Park, les hauteurs boisées qui la bordent à l'ouest. Au point culminant, un des musées les plus fous que j'aie visité : The Cloisters. En toute rigueur, ce n'est pas un musée à part entière, mais le département d'art et d'architecture de l'Occident médiéval du Metropolitan Museum of Art, qui lui se trouve comme tous les autres le long de Central Park, au coeur du Museum Mile. Pourquoi un annexe aussi lointaine ? C'est que précisément ce sont certaines pièces des collections qui donnent le nom à l'ensemble : les cloîtres. Oui, des cloîtres, de petits jardins entourés d'un déambulatoire couvert, qu'on trouvait au coeur des monastères. Il y en a quatre, ramenés d'Europe en pièces détachées par des collectionneurs fortunés.


The Cloisters, le cloître de Cuxa, 21 septembre 2004.

Celui-ci, espagnol, est le plus grand des quatre, avec ses piliers de pierre rose, le seul qui soit vraiment au diapason de la pierre local du corps de bâtiment lui-même. A côté, on trouve le tout petit cloître de Saint-Guilhem le désert, venu des environ de Clermont-l'Hérault : c'est le plus ancien, récupéré pierre par pierre dans les environs de cette abbaye en ruine, souvent sous forme d'ornement dans les fermes locales. La salle capitulaire voisine servait semble-t-il d'étable...

Les cloîtres, pour spectaculaires qu'ils soient, ne doivent pas faire oublier les collections : de très belles pièces de sculpture et de peinture, du XIème au XVIème siècle, de la céramique, des tapisseries aussi. En particulier les tapisseries de la Licorne, cousines de la dame à la Licorne de Cluny, et rachetées aux ducs de la Rochefoucauld dont elles décoraient le château de Verteuil, près de Ruffec, en Charente (eh !). L'histoire en est connue : la licorne est le symbole de la pureté.  En conséquence, on en représente la chasse et la mise à mort. Logique.

Le Plume vous salue bien.


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mercredi 8 février 2006

Portrait de couple

Tombé par hasard là dessus en parcourant ma photothèque :


Chandelier pascal, Castille-Léon, fin XVème siècle.
New York, musée des Cloisters, septembre 2004.

Plutôt mignons, non, Adam et Ève - le brave Adam a encore son casse-croute à la main, sale affaire ! Quant à l'anatomie d'Ève, elle plaide pour l'inexpérience de l'artiste en matière de nus féminins.

Bah ! Pas si souvent non plus que je mets des photos de nus dans ce blog, finalement.

Le Plume vous salue bien.



jeudi 12 juillet 2007

Faire l'âne pour avoir du son

Une image retrouvée au hasard de mon économiseur d'écran :


Musée des Cloisters, New York, septembre 2004.

Après une journée un peu rude, je me permets de me contenter de vous adresser un amical braiement. C'est toujours mieux que de devenir chèvre.

Le Plume vous salue bien.



mercredi 29 septembre 2004

Manhattan, 5 : Upper East Side, le Guggenheim

Les côtés de Central Park, c'est le "Museum Mile". Côté ouest, il y a surtout le "American Museum of Natural History" et ses dioramas croquignols ; côté est, il y a tout ce qu'on veut : Musée du design, de l'Espagne, du judaïsme (très bon musée d'ailleurs), de divers styles de peinture...

Et puis il y a le Guggenheim. Le Guggenheim, c'est un peu comme si une soucoupe volante s'était garée entre deux immeubles. D'ailleurs, voyez plutôt.


Le musée Guggenheim, 17 septembre 2004. A droite, le parc.

Le musée n'est pas immense en terme de superficie, bien que la spirale ascendante qui en forme le bâtiment principal soit secondée par une annexe de bonne taille au salles plus classiquement rectangulaire. Mais le contenu... le contenu...!

Pas compliqué : si vous vous demandez pourquoi Kandinsky est aussi mal représenté dans nos musées, ne vous fatiguez pas : tout est là-bas. Plus que l'expo temporaire de photos (les expos de photos dans les musées d'arts contemporains finissent par se ressembler toutes) ou de sculpture de Brancusi (Paris croule sous les Brancusi ces dernières années), ce sont les collections permanentes, et notamment les salles Kandinsky, qui m'ont laissées sur le cul. Quand j'étais en seconde, ma prof d'histoire de l'art posait la question : "comment peindre après Kandinsky ?" Je pense qu'elle faisait référence au théoricien plus qu'au peintre, mais les deux vont ensemble.  Eh bien, depuis cette époque, je visite des musées, je lis, je m'intéresse.. Et je n'ai pas encore trouvé de réponse définitive. Bon, si, des succès individuels, l'expressionnisme abstrait de Pollock et Rothko, etc. Mais la peinture comme genre, je ne suis pas sûr qu'elle s'en soit réellement remise.

Question annexe : pourquoi Kandinsky est-il aussi peu connu du grand public français, alors qu'on fait tant de cas d'un Picasso, pour une raison qui d'ailleurs m'échappe aussi un peu ?

Le Plume vous salue bien.


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dimanche 30 juillet 2006

Bagages

Bison futé, il a dit, pas quitter les grandes villes avant quinze heure, alors nous, on est discipliné, on attend cette heure là pour partir. Bon, il y a aussi le fait que je ne me suis pas tiré du lit avant 11h55...

Du coup, emballage vite fait, et en voiture !


Emballage d'une exposition temporaire au musée Guggenheim, New York, septembre 2004.

(On n'en a pas autant que ça, des bagages, tout de même...)

Prochaine connexion depuis le Trégor, par modem ou par le Wifi du port de plaisance.

Le Plume vous salue bien.



vendredi 1 octobre 2004

Manhattan, 7 : West Harlem.

Au nord de Morningside Heights, le terrain redescend vers une vallée sèche aujourd'hui occupée par la 125ème rue. C'est le début de Harlem, de West Harlem, techniquement. A cause de cette vallée, le métro (en l'occurrence les lignes 1 et 9, qui suivent Broadway) sort de terre, contraint et forcé, pour un des rares segments aérien de Manhattan.


Broadway et 125ème rue, la station de métro, 20 septembre 2004.

En venant de Columbia, c'est le début d'un autre monde : la couleur de peau se fait plus sombre, les voiture plus vieilles, les Starbucks sont remplacés par des McDonalds (le bas du bas de gamme du hamburger outre atlantique -- ça vaut pas les Wendy's, tiens) ; les devantures des magasins se mettent à parler espagnol pour la plupart. Oui, espagnol : West Harlem, c'est le quartier des Caraïbes, des Dominicains notamment. Des Haïtiens aussi, du coup on entend quelques mots de français sur les trottoirs.

Les relations entre Noirs et Blancs, à New York, ce n'est pas forcément un fleuve de guimauve, on s'en doute. Probablement plus dures que sur la côte ouest, à vue de nez. Si, blanc de peau, vous demandez votre chemin à un Noir (dans Harlem par exemple), il aura un moment de surprise que vous lui adressiez la parole, et poliment en plus. Pour vous renseigner ensuite, bien sûr.  Peu de couples "mixtes" (que l'expression est belle !) ; nous en avons rencontré un, qui regrettait amèrement sa Californie d'origine. Et, dans les milieu académiques, ma peau vaguement café au lait me mettait souvent dans les plus bronzés de l'assistance, ce qui n'était pas vraiment le cas une fois franchie la 125è rue...

Evidemment, la composante raciale est l'élément majeur de la bagarre entre Columbia et les habitants et commerçants de West Harlem, la community comme on dit là-bas, et notamment de Manhattanville, le complexe de commerces et d'habitations situé entre cette station de métro et l'Hudson. Même si Columbia tente de veiller à la "diversité" de la population -- ce qui fait râler les blancs qui ne sont pas admis sans forcément changer profondément la composition de la communauté universitaire.

Quelqu'un a-t-il une baguette magique à proposer ?

Le Plume vous salue bien.


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samedi 10 décembre 2005

Acier

Aujourd'hui, on trouve de l'acier partout. Voitures, trains, rails, ciseaux, clous, marteau... La majorité des objets en métal que nous manipulons sont fabriqués en acier. Acier spécial, parfois : inoxydable, au tungstène ou au carbure de molybdène ; ou alors de l'acier de base, peut-être galvanisé pour éviter la rouille : cornières, tôles ondulées... Dans les villes comme dans les campagne, nos paysages sont peuplés d'acier.


Manhattan, Broadway & 125th, septembre 2004.

Comme vous me connaissez, vous savez ce quye je vais dire : qu'il n'en a pas toujours été ainsi. J'ai passé ma journée, avec beaucoup de plaisir, au colloque international « l'acier en Europe avant Bessemer » à entendre parler de cette époque où, s'il y a moins d'objet en fer, il y en a surtout une proportion infime qui sont fait d'acier. Petit compte-rendu...

Consultons le Larousse : Bessemer (Sir Henry). Charlton, Hertfordshire, 1813 - Londres 1898. Industriel britannique. Il mit au point un procédé économique de transformation de la fonte en acier (1855) qui s'est imposé. Le procédé Bessemer n'est pas le seul à avoir fait de l'acier une production de masse (l'acier sur sole, procédé Siemens éventuellement modifié Martin, est au moins aussi important d'un point de vue économique), mais il est le premier. À partir de là, l'acier devient un produit courant et progressivement la forme la plus employée du fer.

Rappelons les bases : l'acier, c'est du fer avec un peu de carbone (moins de 2%). Un alliage donc, même si les métallurgistes prèfèrent parler de solution solide de carbone dans du fer. S'il n'y a pratiquement pas de carbone, on parle de fer tout court ou, par convention, de fer forgé. S'il y en a plus de 2%, c'est de la fonte. Des trois, l'acier est le seul à combiner dureté et élasticité, ce qui est tout de même intéressant.

Avant Bessemer, donc, que fait-on ? Plusieurs possibilités. Si on utilise la méthode de réduction directe (sans passer par la fonte), comme dans le procédé à la catalane dont parlaient aujourd'hui Jean Cantelaube (université de Toulouse-le Mirail) et Olivier Codina (ministère de la culture d'Andorre), on obtient, si on s'y prend bien, une certaine proportion d'acier dans la loupe produite. On la casse en morceau et on fait le tri, en forgeant ensuite ensemble les morceaux qui vont bien. Par contre, dans le procédé indirect, ce qu'on obtient, c'est de la fonte. Si on veut produire du fer forgé, pas compliqué : on réchauffe les gueuses de fonte sous le vent d'un soufflet pour en brûler le carbone, ensuite, on bat le fer pendant qu'il est chaud et le tour est joué : c'est l'affinage. Mais si ce qu'on veut, c'est de l'acier, c'est moins simple. On a deux possibilités : essayer d'extraire la majeure partie du carbone mais en en laissant un peu, ce qui n'a rien d'évident, la décarburation n'étant pas quelque chose de simple à ne faire qu'à moitié - c'est ce que faisaient par exemple les aciéries de Rive-de-Gier. Sinon, on décarbure complètement et on remet du carbone après. On appelle ça la cémentation ; c'est un procédé connu depuis le haut moyen-âge mais qu'on commence à appliquer à grande échelle en Angleterre vers la fin du XVIIème siècle - un excellent exposé de Chris Evans (université de Glamorgan) montrait clairement le développement des aciéries à Sheffield et Birmingham à cette époque, pour transformer en acier le fer en barre importé de Suède et de Russie.

Du coup, évidemment, l'acier est très cher, même si du fait de la montée des aciéries britanniques il connait une forte baisse au XVIIIIème siècle ; il se vend d'ailleurs en petites quantités, avec toute une game de qualités en fonction de l'usage voulu. On n'utilise pas le même acier pour faire une lime ou pour faire un ressort de montre - ou une lame de rasoir, d'ailleurs.

L'exposé final, par Helen Clifford, de l'université de Warwick, rappelait le prestige qu'avait encore l'acier au XVIIIème siècle : on a alors une vague de la bijouterie en acier taillé ; pas de la joaillerie de haut de game, certes, mais des boutons, boucles et broches, parés de cabochons d'acier dont les facettes reflètent la lumière. À en croire une gravure publicitaire d'époque, l'effet est imparable : face au rayons de lumière émanant de l'habit que le gentleman a fait orner de boutons d'acier taillé, la jouvencelle tombe en pamoison. C'est quelque chose, tout de même !

Le Plume vous salue bien.



mercredi 16 mai 2007

Jaywalking ?

Je me demandais depuis longtemps d'où venait l'expression anglaise jaywalking pour désigner l'action de traverséer la chaussée en dehors des passages prévus à cet effet. La réponse m'est fort opportunément parvenue hier par la poste, sous la forme d'un article dans la revue Technology and Culture :

Peter D. NORTON, « Street Rivals: Jaywalking and the Invention of the Motor Age Street », Technology and Culture, vol. 48, n°2, avril 2007, pp. 331-359.
Fort opportunément parce que je prépare un cours pour l'an prochain qui prend l'automobile comme point de départ pour montrer comment travaille l'historien des techniques ; la question du partage de l'espace et de l'adaptation des infrastructures est une de celles que je compte aborder.


Broadway au niveau de la 125e rue, Manhattan, septembre 2004.
Sur le viaduc, les lignes 1 et 9 du Subway - fort mal nommé dans ce cas.

Détail : il est nécéssaire pour que je donne ce cours que je sois inscrit en thèse et donc, pour cela, que je boucle mon mémoire de M2. Pas si simple... En gros, Il n'y a qu'à l'écrire...

Pour revenir au jaywalker : avant d'être le piéton qui traverse « hors des clous :», il est le badaud imprévisible qui s'arrête, change de direction pour aller écouter un bonimenteur, repart dans un sens ou dans l'autre - comme un geai sur une pelouse, quoi.

Rien à voir donc avec le cri peu gracieux du même oiseau, qui n'est pas sans rappeler le coup de klaxon du yellow cab confronté au piéton imprudent.

Le Plume vous salue bien.



mercredi 22 septembre 2004

...et retour.

Et voilà : le M60 nous mena bien de la 121e rue et Broadway à la 125 et Manhattan Avenue, sauf que si elle ne s'était pas avisée de changer de nom à cet endroit (c'est à dire le sud de Harlem), on aurait pas raté l'arrêt -- mais bon, les distances entre arrêts de bus sont courts. De là, we took the A train,  mais bon, si je suis à peu près sûr que c'est de cette ligne de métro que parle l'air de jazz que vous connaissez tous (bon le nom au moins. Non ? Tant pis), je suppose que la chanson suggère de le prendre vers le nord, vers Harlem donc ; nous le prîmes vers le sud -- direct de la 125e à la 59e (le sud de Central Park), puis traversée de downtpwn Manhattan, puis Brooklyn dans la grande largeur avant d'aboutir à JFK via un petit train tout moderne). Conseil au voyageur : de ou vers JFK, le métro, ça marche, surtout si on n'est pas trop chargé, et ça ne coûte que $7 par tête de pipe, ce qui place haut le seuil de rentabilité des tacs.



JFK (Queens, New Yorj), station de l'airtrain au terminal 1, hier, 19h30 heure locale.


Voilà, sinon, voyage sans histoire, à part un peu de tôle ondulée au milieu du chemin, reste d'Ivan transformé en perturbation atlantique et qui fait route vers ici après nous avoir saucé samedi. Mon obstination quasi neurotique à vouloir regarder par le hublot fut vaincue par l'océan et les nuages là où ça commençait à devenir intéressant, le sud-ouest de l'Irlande, tout ça. Pourquoi ce besoin de regarder, si possible de voir, et de savoir où on est ? Le pilote ne va pas venir me demander son chemin, tout de même...

Et puis ce matin, arrivée à Paris. Terminal mal fichu, attenre interminable au contrôle de passeports (trois préposés ; il y en avait une vingtaine lorsque nous avions débarqué à New York à l'aller) ; engueulade avec un beauf coupe-file, taxi limite glissade sur le rail de sécurité pour aller plus vite.  Tout juste la France qu'on n'avait pas envie de retrouver.

Et puis, arriver chez soi, papoter avec un voisin, déballer les affaires, se doucher, être chez soi.

Le Plume vous salue bien et passe pudiquement sur la "journée de travail" qui a suivi.


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mardi 5 octobre 2004

Staten Island, 2 : le ferry

Le Staten Island Ferry, le voilà :


L'un des deux ferries en rotation le jour de notre passage, au départ alors que nous arrivions à Staten Island, 16 septembre 2004.

...avec sa tête un peu vieillotte de bateau du Mississipi, ses deux timoneries pour ne pas avoir à faire demi-tour, ses passerelles pour déverser ses centaines de piétons d'un côté ou de l'autre. Un gros autobus géant, dévolu à d'incessants allers et retours dans la baie. Avec parfois des petites approximations à l'arrivée. D'où les grosses structures en poteaux de bois, comme au premier plan, idéales pour amortir les chocs en cas de léger flou dans le cap.

Le Plume vous salue bien.


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lundi 4 octobre 2004

Staten Island, 1: Upper Bay

Quelques photos de Brooklyn et de Staten Island, pour finir la série ; comme je l'annonçais hier, ces entrées seront nettement maritimes.

Staten Island est le plus petit et le moins connu des cinq boroughs de New York. Nettement détaché des quatre autres, il n'a été rattaché par voie de terre au reste de New York que dans les années 60, avec la construction du Verrazano Narrows Bridge qui le relie à Brooklyn. Il est nettement plus proche du New jersey dont il est séparé par de petits bras de mer, les kills.

En fait, le trait d'union entre Staten Island et le reste de New York, ce sont surtout deux attractions majeures : le Yankees Stadium, stade de Base Ball de la principale équipe de New York, d'une part ; d'autre part, le Staten Island Ferry, qui transporte en continu les passagers de la pointe sud de Manhattan à la pointe nord-est de Staten Island, avec vue imprenable sur la statue de la liberté. Inutile de dire qu'aux heures creuses, le ferry est principalement rempli de touristes qui de Staten Island ne connaissent que le terminal des ferries. Ce qui après tout est presque notre cas : nous avons poussé l'aventure jusqu'à la sortie du parking du terminal. Sur le quai, des bancs, pour contempler un paysage urbain et portuaire unique.


Staten Island, vue de l'Upper Bay depuis le quai de St. George, le 16 septembre 2004.

Une statue de la liberté est cachée dans cette image, entre New Jersey et New York. Et puis, ces remorqueurs rouges à la timonerie surélevée, afin de pouvoir également servir de pousseurs à l'occasion. Caché dans le fond à droite, la flèche de l'Empire State Building, derrière les immeubles de Downtown Manhattan. Parmis ces derniers, l'absence des tours jumelles. Mais ça,  j'en ai déja parlé, je crois.

Le Plume vous salue bien.


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dimanche 10 octobre 2004

Pour finir...

Pour en finir, quitter New York, si tant est qu'on puisse vraiment quitter New York : sortir de la baie, passer entre Staten Island et Long Island,  par les Verrazano Narrows, vers l'océan, vers l'Europe...


Le Verrazano Narrows Bridge, 16 septembre 2004.

Car c'est par là qu'est venu tout ce qui a fait New York, des premiers explorateurs aux émigrants d'Ellis Island. On lui avait dit que les rues de New York étaient pavées d'or. En débarquant, il s'est rendu compte qu'elles n'étaient pas pavées d'or, qu'elles n'étaient pas pavées du tout d'ailleurs, et qu'on l'attendait pour les paver. Ou pour construire des ponts, et pas pour des ponts d'or. New York est une ville faite d'espoir, malgré tout, d'espoir d'une vie meilleure, pour les Irlandais affamés de 1848, pour les Juifs de Russie, pour les Noirs quittant le sud, pour des Italiens, des Chinois, des Coréens, des Ukrainiens...

Aujourd'hui New York n'est plus un passage obligé pour qui vient de l'Europe aux anciens parapets. Les jets nous conduisent directement à Chicago, à Detroit, à Fort Worth ou à Atlanta. Mais New York, ça reste un rêve d'Amérique qui ne meurt jamais complètement. C'est précieux, les rêves.

Le Plume vous salue bien.


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vendredi 22 octobre 2004

"veuillez nous excuser pour la gêne occasionnée"

J'avais prévu une photo récente pour aujourd'hui, mais je me dois de remettre cela à plus tard, et voilà pourquoi : après une journée de boulot au pas de course, j'avais promis à une amie (lectrice régulière de ce blog par ailleurs, elle se reconnaîtra) de l'amener à Orly. Etant en vélo, véhicule impropre à ce genre de transport, je rentre dans mon Xème arrondissement chercher l'autre véhicule, automobile celui là, laissant ordinateur et accessoires variés au bureau pour passer les reprendre au passage, retour d'Orly.

Tout se passe comme prévu, si ce n'est quelques difficultés de stationnement du coté de Jussieu, et j'arrive à la porte du couloir où se trouve mon bureau, couloir dont l'accès est contrôlé par badge en dehors des heures de bureau.

Badge que, vous l'aurez deviné, je n'avais pas. Oublié sans doute sur mon bureau alors que je revenais chercher quelques affaires oubliées la veille au soir -- distrait probablement par la présene d'une demi compagnie de CRS sur le campus, venue mettre fin à la rituelle occupation automnale de la scolarité de Paris 7.
Bref, pas de badge, pas de matos ; pas de matos, pas de photo, le cordon adéquat se trouvant juste à côté du portable, sur mon bureau. Avec un peu de chance, dès demain, les affaires reprennent.

Mais ne nous laissons pas emporter par le découragement : de ma série new-yorkaise manquait un seul borrough, le Bronx (puisque l'aéroport JFK se situe dans le Queens). Mais nous sommes passés avec le taxi qui nous amenait de l'aéroport par le Triboro Bridge, qui relie le Nord de Manhattan, le Bronx et le Queens, franchissant au passage Ward Island, dont je me demande si elle ne fait pas techniquement partie du Bronx. Voici donc une photo du Triboro Bridge, qui est peut-etre prise dans le Bronx, ou alors pas loin.


Le Triboro Bridge vu du taxi, le 16 septembre 2004, heure incertaine compte tenue du jet lag.


Le Plume vous salue bien et va directement au lit, enjambant pour celà le chaos généré par les travaux en cours dans l'appartement.


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jeudi 23 septembre 2004

Manhattan, 1 : downtown

Beaucoup à dire, beaucoup de photos aussi, autant organiser ça un petit peu -- géographiquement, par exemple.

New York, certains le savent sans doute, est composé de 5 districts (boroughs) : Manhattan, le Bronx, Brooklyn, Queens et Staten Island. Manhattan n'est ni le plus grand, ni le plus peuplé (1,5 millions d'habitants, alors que Queens et Broolklyn dépassent les deux millions chacun), mais c'est incontestablement le centre, le coeur, le moyeu.

Manhattan est un rectangle d'à peu près 20 km de long par 5 de large, pointu au sud et  biseauté au nord. C'est techniquement une île, puisque séparé du continent (le Bronx, en l'occurrence) par la Harlem River, un étroit bras de mer, au nord ; de Long Island (où se trouvent le Queens et Brooklyn) par l'East River (en fait l'ultime rétrécissement du détroit de Long Island) ; du New Jersey par l'Hudson River, un vrai fleuve, pour le coup.

La pointe sud, ou plutôt sud-sud-est, mais ne pinaillons pas, est celle qui pointe vers l'entrée de la baie ; c'est le district financier, avec Wall Street et des gratte-ciels partout. C'est le fameux New York Skylines, particulièrement spectaculaire vu de Staten Island ou du ferry qui y mène -- d'Ellis Island aussi, sûrement.


Manhattan, la pointe sud vue du Staten Island Ferry, 16 septembre 2004 après-midi.

Mais sur la gauche du paysage, derrière le premier rang d'immeubles, une absence imposante, celles des tours du World Trade Center. Même quand on est à New York pour la première fois, c'est un paysage que l'on connaît tant, par la photo, les films, etc. que c'est un manque presque palpable. Et pour tous les New Yorkais, une figure de mort au quotidien, d'une vie in the shadow of no towers (Art Spiegelman). Des amis New Yorkais, désignant le George Washington Bridge, à l'autre bout de Manhattan : "En rentrant à New York après le 11 septembre, c'est là que nous avons commencé à sentir l'odeur de fumée"...

Nous n'avons pas été voir Ground Zero. Touriste, peut-être ; touriste de la mort à grande échelle, non, sans façon.

Le Plume vous salue bien. 


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mardi 12 septembre 2006

In the Shadow of No Towers

Le titre de l'album d'Art Spiegelman consacré au 11 Septembre est éloquent - même si le contenu du livre est décevant, à mon avis, mais peu importe. Je voudrais développer un peu mon entrée d'hier à ce sujet.


New York sans les tours, septembre 2004.

Je me souviens du 25 juillet 1995. Je rentrais du boulot plus tôt que d'habitude, dans une vieille rame inox du RER C surchauffée par le soleil. Le train s'arrête en pleine voie ; après un temps certain, passage d'un jeune contrôleur suant à grosses gouttes, l'air un peu perdu : « Je ne sais pas, il paraît qu'il y a eu une bombe.. Il y a des morts... Je ne sais pas... » Le pays avait été traumatisé, à juste titre : on pouvait mourir de rentrer du boulot, comme ça, par un bel après-midi d'été.

Je me souviens du 11 septembre 2001. Il faisait beau, là aussi ; j'étais à mon bureau, en face du jardin des plantes, de retour d'un déjeuner tardif. C'est par un chat IRC que j'ai appris la nouvelle. Une bonne partie des participants la trouvaient très drôle, la nouvelle - les participants qui se réjouissaient ainsi, ce n'était pas des extrémistes, c'étaient des employés, des chercheurs, de bons Français « de gôche »... J'ai compris ce jour-là que l'anti-américanisme, en France, ce n'était pas seulement des propos en l'air, ou une résistance politique à une domination ressentie comme abusive, mais une vraie haine, celle qui fait se réjouir que d'autres puissent mourir pour être arrivé à l'heure à leur bureau, par un beau matin d'été.

Voilà pourquoi, quel que soit mon aversion pour la politique extérieure du gouvernement américain actuel (et qui, soit dit en passant, est en elle-même la plus belle victoire des terroristes), je supporte mal qu'on traite à la légère les événements du 11 Septembre.

Et maintenant, parlons d'autre chose.

Le Plume vous salue bien.



lundi 25 décembre 2006

America America (once again)

Laissez-moi passer j'ai mon billet mon visa
Je suis déjà dans l'avion going to America

Laurent Voulzy, « Rock Collection »

Ouais, on fait dans la citation intello, ce soir. Pour compenser, un film d'Elia Kazan est caché dans le titre. Mais je vous rassure : on ne va pas voyager entassés dans l'entrepont d'un vieux transatlantique mais bien dans la classe touristes d'un avion d'US Airways. Et même si les efforts de rentabilité des compagnies aériennes tend à diminuer l'écart qu'il y a entre ladite classe touristes et l'entrepont précité, il reste un peu de marge.


Statue de la Liberté, New York, septembre 2004.

Autre différence par rapport aux émigrants du film de Kazan : on ne part que quatre jours. Et on n'arrivera pas sur les rives de l'Hudson mais sur celle de la Delaware : à Philadelphie.

Je ne doutes pas de trouver un accès internet sur place ; avec un peu de chance, je pourrai donc vous raconter mes pérégrinations en direct, ou presque. En attendant, faut que j'aille finir de ranger un peu !

Le Plume vous salue bien.



jeudi 17 mars 2005

L'Émigrant de Landor Road

Le chapeau à la main il entra du pied droit

Chez un tailleurs très chic et fournisseur du roi

Ce commerçant venait de couper quelques têtes

De mannequins vêtus comme il faut qu'on se vête

La foule en tous sens remuait en mêlant

Des ombres sans amours qui se traînaient par terre

Et des mains vers le ciel plein de lacs de lumière

S'envolaient quelquefois comme des oiseaux blancs

Mon bateau partira demain pour l'Amérique

Et je ne reviendrai jamais

Avec l'argent gagné dans les prairies lyriques

Guider mon ombre aveugle en ces rues que j'aimais

Car revenir c'est bon pour un soldat des indes

les boursiers ont vendu tous mes crachats d'or fin

Mais habillé de neuf je veux dormir enfin

Sous des arbres pleins d'oiseaux muets et de singes

Les mannequins pour lui s'étant déshabillés

Battirent leurs habits puis les lui essayèrent

Le vêtement d'un lord mort sans avoir payé

Au rabais l'habilla comme un millionnaire

Au dehors les années

Regardaient la vitrine

Les mannequins victimes

Et passaient enchaînées

Intercalées dans l'an c'étaient les journées veuves

Les vendredis sanglants et lents d'enterrements

De blanc et de tous noirs vaincus des cieux qui pleuvent

Quand la femme du diable a battu son amant

Puis dans un port d'automne aux feuilles indécises

Quand les mains de la foule y feuillolaient aussi

Sur le pont du vaisseau il posa sa valise

Et s'assit

Les vents de l'Océan en soufflant leurs menaces

Laissaient dans ses cheveux de longs baisés mouillés

Des émigrants tendaient vers le port leurs mains lasses

Et d'autres en pleurant s'étaient agenouillés

Il regarda longtemps les rives qui moururent

Seuls des bateaux d'enfant tremblaient à l'horizon

Un tout petit bouquet flottant à l'aventure

Couvrit l'Océan d'une immense floraison

Il aurait voulu ce bouquet comme la gloire

Jouer dans d'autres mers parmi tous les dauphins

Et l'on tissait dans sa mémoire

Une tapisserie sans fin

Qui figurait son histoire

Mais pour noyer changées en poux

Ces tisseuses têtues qui sans cesse interrogent

Il se maria comme un doge

Aux cris d'une sirène moderne sans époux

Gonfle-toi vers la nuit Ô mer Les yeux des squales

Jusqu'à l'aube ont guetté de loin avidement

Des cadavres de jours rongés par les étoiles

Parmi le bruit des flots et les dernier serments

Guillaume Apollinaire, Alcools


New York, Ellis Island, 16 septembre 2005.

Je l'avoue : je n'avais jamais lu, vraiment lu, ce poème de Guillaume Apollinaire. Je l'avais forcément apperçu en feuilletant Alcools, mais, disons, d'une paupière distraite. Et là je suis tombé dessus... On peut y passer du temps, le lire, le relire, le compter -- ne jamais oublier qu'Apollinaire écrit dans un monde où le vers se compte. Exercice, compter les entorses au règles de la versification classique dans ce poème. Il y en a, peu, et forcément signifiantes. Ou y chercher les intertextes, les références. Ou juste le lire et le relire encore.

Quant à l'illustration, elle n'est pertinente que parce qu'elle parle de l'arrivée des imigrants aux États-Unis à l'époque où Apollinaire écrit ; mais bien sûr, si une des principales missions du centre d'Ellis Island était bien de combattre parasitoses et épidémies, il ne s'adressait qu'à ceux qui y arrivaient effectivement...

Le Plume vous salue bien.



samedi 22 septembre 2007

Grand Pardon

La synagogue voisine se trouve (ça ne s'invente pas) rue Notre-Dame de Nazareth. C'est un lieu magnifique, édifié vers 1820, d'un extérieur plutôt anodin mais d'un intérieur grandiose, à la fois solennel et joyeux. Le jour de Yom Kippour, toutefois, la solennité est un peu éclipsée par la foule qui s'y presse, au rez-de-chaussée comme aux balcons - et même dans la rue, surtout lors de la prière d'Yiskor, à la mi-journée, à laquelle ceux dont leurs parents sont en vie ne doivent pas assister. Il paraît qu'elle est très belle ; je m'en passe volontiers, et pour longtemps.


Une petite synagogue à Philadelphie, décembre 2006.

Je ne me suis pas converti au judaïsme, ayant trop peu de religion pour en changer, mais j'ai toujours plaisir à me rendre à la synagogue ces jours-là. Se baigner dans l'ambiance un peu chaotique d'une communauté bariolée qui se retrouve, venue du quartier ou de lointaines banlieues, et qui s'échange des nouvelles de l'année passée - malgré le bedeau en bicorne qui renonce à faire régner un semblant de calme. De ce point de vue, on est bien loin des accablantes messes de minuit que je fréquentais à l'occasion quand j'étais gamin...

Bonnes fêtes à tous, donc !

Le Plume vous salue bien.



dimanche 31 décembre 2006

Philadelphia / Convention Center

L'ancienne gare de Reading, en plein centre de Philadelphie, fait maintenant partie du Convention Center de Philadelphie, à côté des grands hôtels, pas bien loin du City Hall. La grande verrière était déserte : la convention pour laquelle nous étions venus se passait dans une autre partie du complexe. Au rez-de-chaussée, le marché couvert d'East Market fourmille de monde ; on peut y acheter de la charcuterie amish, des accessoires de cuisine, du poisson, du fromage ; y manger des huîtres grillées, du cheese steak, de la crème glacée ou tout ce qu'on veut.


Philadelphia, Reading Terminal, 12th and Market Street, 30 décembre, 14h36 EST.

Au sous-sol, par contre, on prend toujours le train : c'est Market East, une gare de banlieue. On peut se rendre à Trenton (New Jersey), à Wilmington (Delaware) et dans différents coins du Sud-Est de la Pennsylvanie. Pour les trains de grandes lignes (il y en a : Philadelphie est au centre du North-East Corridor qui relie Boston à Richmond via New York, Philadelphie, Baltimore et Washington), il faut se rendre à la monumentale gare de 30th Street, à quelques blocks de là.

Nous y prenions quant à nous le train pour l'aéroport. Le contrôleur, en grande forme, faisait virevolter sa pince à bousiller les billets avec une agileté comparable au cuistot du grill japonais de la veille. De l'annonce des stations comme show - and you all have a safe holiday week end and a happy new year !

Le voyage de retour : fatiguant, comme d'habitude, surout pour quelqu'un qui ne dort pas dans l'avion, ou si peu. Ça m'a permis de voir quelques navets, c'est toujours ça de fait. Et il n'est pas déplaisant de rentrer chez soi.

Le Plume vous salue bien.



mercredi 10 janvier 2007

Classic Philly

Un truc que j'aime bien, à Philadelphie, ce sont les immeubles de bureaux du tournant du siècle, paréllélépipèdes parfaits avec le nombre d'or dans tous les coins. Le Stephen Girard Building, sur 12th Street (pas très loin de l'ancienne gare que je vous avais montré l'autre jour), construit en 1896 par l'architecte James Windrim, auteur de plusieurs bâtiments à Philadelphie et d'un casino à Atlantic City (la ville du Monopoly !), concepteur également de la grande percée diagonale qui mène du centre de Philadelphie au musée des beaux-arts et au vaste espace vert de Freemont Park.


Stephen Girard Building, Philadelphie, 21 S 12th Street, 30 décembre 2006.

On n'est pas forcé d'aimer cette architecture, qu'on pourra trouver à la fois maniériste et compassée. Elle est par excellence l'expression urbaine de la lutte des classes dans ses années les plus féroces, dix ans après les grèves sanglantes de mai 1886 à Chicago - son expression du côté des plus riches, un combat pour garder la maîtrise du tissus urbain.

Le bâtiment tient d'ailleurs son nom d'un des premiers miliardaires américains : Stephen Girard, né Étienne Girard à Bordeaux en 1750, marin, navigant au commerce dans les Caraïbes, installé comme marchand à Philadelphie pendant la guerre d'indépendance, et devenu un des premiers bailleurs de fond de la jeune république des États-Unis. Le père fondateur du Grand Capital américain est donc français. Curieux, non ?

Revenons à nos moutons : je les aime bien, moi, ces immeubles. Na.

Le Plume vous salue bien.



mercredi 17 janvier 2007

Dans un magasin de porcelaine

Les rues nord-sud de Philadelphie sont numérotées : Second Street, Twelfth Street... C'est classique dans les villes américaines en damier mais Philly est, historiquement, la première à s'y mettre.

En fait, il n'y a pas (ou plus) de First Street, remplacée par l'autoroute urbaine qui longe le fleuve. Il y a par contre une Second Street, au bout de la ville historique. On y trouve par exemple le plus vieil ensemble locatif du pays (il date du début du XVIIIe siècle). C'est surtout, pour une raison qui m'échappe, là que se concentrent tous les fournisseurs d'articles pour restaurateurs. Faïence, batteries de cuisine... Tout ce qu'il vous faut pour monter le petit resto dont vous avez toujours révé.


Philadelphie, 2nd Street, 29 décembre 2006.

Heureusement, pas d'éléphant à signaler dans ce magasin de porcelaine. Ni de taureau d'ailleurs, puisqu'en anglais le proverbe parle de bull in a china shop. De toute façon, l'éléphant est la mascotte du parti républicain alors que Philly est solidement démocrate...

J'aime bien cette façade. J'aime bien cette deuxième rue qui tourne mal sous le colossal tablier du pont suspendu qui traverse le fleuve. J'aime bien Philadelphie

Le Plume vous salue bien.



dimanche 13 mai 2007

Coin de rue

Philadelphie. Au coin de Race Street et de Second Street, la rampe d'accès au Benjamin Franklin Bridge coupe le tissus urbain, marquant de fait la limite du centre historique et le début des vastes banlieues qui forment l'essentiel de l'agglomération philadelphienne.


Philadelphie, 29 décembre 2006.

De loin, le pont est fait de grandes courbes harmonieuses, un lien avec la petite sœur d'outre-Delaware, Camden (New Jersey). De près, c'est une barrière d'acier en pleine ville, un peu comme le Green Monster, à Boston. Tiens, je ne sais pas où en est le chantier du Big Dig, là bas - le remplacement des autoroutes urbaines surélevées (le Green Monster) par un système de tunnels. Un chantier record, notamment en terme de retards, de surcoûts et de malversations diverses.

La cheminée d'usine nous rappelle le passé industriel de ces villes de la côte Est. Mais ici non plus on ne produit plus grand chose : au premier plan, un panneau annonce la réalisation prochaine d'un projet immobilier de prestige. Tout en haut, des réverbères veillent sur le mince trottoir qui permet aux piétons courageux de franchir le fleuve par leurs propres moyens. Faute de temps, j'avais préféré prendre le métro.

Le Plume vous salue bien.



mercredi 27 décembre 2006

Philadelphia / City Center

Philadelphie : la cité de l'amour fraternel, à en croire ses fondateurs. Et de fait, pas désagréable comme ville, moins artificiel que Washington, moins démesuré que New York... Ce qui est démesuré, c'est l'immensité pavillonnaire que l'on apperçoit de l'avion ; le centre-ville, quand à lui, ne fait quelques kilomètres, entre le fleuve Delaware à l'Est et la rivière Shuykill à l'Ouest.

Le centre-ville, c'est le plus ancien plan en damier d'Amérique du Nord : la ville a été conçue ainsi dès le début du XVIIIe siècle. Au centre, l'hôtel de ville, style Second Empire dopé aux anabolisants ; autour, c'est la cohabitation des immeubles parallélépipédiques du siècle dernier et des gratte-ciels de verre et d'acier qui marquent le réveil de la ville depuis la fin des années 1980...


L'angle nord-est du City Hall et le quartier des affaires, Philadelphie, ce matin, 9h20.

Aujourd'hui, journée studieuse, sur le campus de l'université de Pennsylvanie (à un quart d'heure du centre-ville en autobus, sans doute moins en métro) : bibliothèque, librairies, etc. J'en reparlerai sûrement. Et ce soir, les mondanités commencent : pas pour rien que j'ai amené le costard, tiens !

Le Plume vous salue bien.



mardi 12 juin 2007

En musique, toujours

Rachmaninov, Rhapsodie sur un thème de Paganini. La musique de chambre est d'un abord plus facile pour moi que la musique d'orchestre pour le moment, mais ce n'est pas une raison pour ne pas essayer. En plus, Rachmaninov, à qui Stravinsky reprochait son conformisme, est finalement parfaitement déjanté.


Philadelphie, le Business District vu des environs de City Hall.

La rhapsodie en question est sur le principe du thème et des variations, un peu comme la célèbre sonate pour piano de Mozart qi se termine par la marche turque. Un petit air assez classique et plutôt léger, quelques variations savantes... Et puis tout fout le camp : à la septième variation, un Dies Irae solennel fait irruption avec ses gros sabot, et ce n'est plus le même jeu. À moins que le thème de Paganini n'ait lui même été qu'une variation du Dies irae en dentelle virtuose ; la gravité était déjà là mais on ne le savait pas.

Détail amusant, l'extrait le plus connu de l'œuvre (la 18e variation), quelque peu gentillette, est en décalage complet avec le reste de l'œuvre : l'air en est l'image miroir par rapport au milieu de la portée du thème principal, le tout formant une sorte de pose au milieu de cette course-poursuite entre piano et orchestre. Comme quoi : se méfier des morceaux choisis !

Le Plume vous salue bien.



vendredi 29 décembre 2006

Philadelphia / Penn's Landing

Longue promenade à pied aujourd'hui dans le quartier historique de Philadelphie et sur les quais de la Delaware. Ces derniers sont dédié au fondateur de la ville, le Quaker William Penn, qui débarqua à cet endroit en 1682. Cependant, le grand homme de l'histoire de Philadelphie, c'est Benjamin Franklin, imprimeur et philosophe, l'un des pères de la révolution américaine - le pont qui relie Philadelphie à Camden porte son nom.


Penn's Landing et le Benjamin Franklin Bridge, aujourd'hui, vers midi.

Au musée maritime voisin, acheté un ou deux livres, l'un sur les chantiers navals de Philadelphie et Camden au XIXe siècle et l'autre, plutôt un fascicule, sur les tentatives de construction de navires en béton au début du XXe. Ils viennent s'ajouter aux livres achetés sur le campus avant-hier sur le USS Monitor, sur les égouts de Paris et sur les voitures électriques des années 1890. Sans compter divers romans policiers et la douzaine d'ouvrages achetés par Madame dans sa propre spécialité : les valises vont peser plus lourd à l'aller qu'au retour, c'est certain. Moi aussi, d'ailleurs, compte tenu des spécialités gastronomiques locales dont je vous parlerai demain...

Le Plume vous salue bien.



jeudi 4 janvier 2007

...and crossing back.

Suite de la précédente : après la Pennsylvanie vue du New Jersey, le New Jersey (et le New Jersey) depuis la Pennsylvanie.


Le USS New Jersey derrière la poupe du Moshulu, Philadelphie, Penn's Landing, 29 décembre 2006.

De ce côté-ci de l'Atlantique, les choses avancent : fini les tas de cartons dans un local surchauffé du bâtiment Condorcet ; notre service est maintenant dans ses murs et dans ses meubles aux Grands Moulins de Paris. Un grand moment !

Par contre, il n'y a pas de chauffage. On peut toujours aller se réchauffer au bâtiment Condorcet quand on commence à avoir froid aux pieds.

Le Plume vous salue bien.