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Des photos et des jours

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lundi 19 février 2007

Retour au turbin, tagada tsoin tsoin

Pour le lundi, une photo du quartier des Grands Moulins, puisque j'ai dû m'y traîner pour gagner mon pain à la sueur de mon front. N'exagérons rien - mais tout de même : six étages sans ascenseur, pensez-vous... Notons d'ailleurs une intervention magistrale du réparateur d'ascenseur qui s'est déplacé pour fixer à la porte une affichette « hors service ». Très fort, si, si.

D'un autre côté, je le comprends, cet ascenseur. On lui a expliqué, comme à la presse et au ministre, que le bâtiment était terminé, livré, inauguré, en service ; qu'il (l'ascenseur, pas le ministre) n'aurait plus à transporter que des étudiants malingres ou un occasionnel livreur. Mais voilà : au quatrième étage, plâtriers et électriciens sont en plein travail, y compris aux abords immédiats de la cage (sans porte) dudit ascenseur ; au sous-sol, on construit le compactus de la bibliothèque : on descend donc les plaques d'agglo et les rayonnages en tôle par palettes entières ; au troisième étage on voit encore des brouettes remplies de sable emprunter le même ascenseur, répandant à l'occasion une partie de leur chargement dans les délicats mécanismes. Finalement, il n'y a guère qu'à notre sixième qu'on utilise l'ascenseur comme un ascenseur et non comme un élévateur pour l'exploitation minière. Et du coup on monte à pied.


Les chantiers de la ZAC rive gauche vus du huitième étage des Grands Moulins cet après-midi.

À propos d'élévateurs : avez-vous remarqué que les constructions humaines les plus audacieuses et les plus graciles de nos villes sont des constructions temporaires - les grues. Autant de petites tours Eiffel unijambistes, au molet nettement plus fin et délié que la vraie en plus. Et tout compte fait, il n'en tombe pas si souvent que ça...

Notons d'ailleurs que malgré un ou deux accidents spectaculaires ces dernières années, personne n'a encore eu l'idée de les interdire, ces fameuses grues. C'est bon signe : l'imbécillité collective qui se fait appeler « principe de précaution » n'a pas encore tout envahi...

Le Plume vous salue bien.

P.S. : il y a un séminaire de philosophie des sciences sur cette notion qui se tient dans mes fameux Moulins ; je crois que j'irai y traîner mes guêtres à la prochaine séance. Ça pose des problèmes fort intéressants, malgré tout.



dimanche 18 février 2007

Rivières

Je me suis mal exprimé dans mon entrée d'hier : la grisaille était bien entendu tout intérieure ; il faisait, autant que j'aie pu m'en rendre compte, fort beau hier et aujourd'hui. Autant que j'aie pu m'en rendre compte : je ne suis guère sorti, sinon à la nuit tombée, pour faire les courses. Ce qui m'a permis d'ailleurs d'arriver à ma supérette au moment où le rideau de fer se refermait, malin, ça, non ?

Résultat : je n'ai pas profité du temps qu'il faisait, mais j'ai profité du temps dont je disposais pour me remettre sur pied, ce qui n'est pas une si mauvaise manière d'occuper son temps. Qui plus est, je me suis replongé goulûment dans mes dossiers d'archives, mise en fiche, tri de photos d'archives, mise en fiche de nouveau... Un travail long mais indispensable, qui me permet de répondre par l'affirmative à la question fatidique : oui, j'ai clairement assez de documentation pour écrire mon mémoire de M2. Il y a plus qu'à.

Et mes fiches bristol fraîchement imprimées m'ont replongé à la poursuite d'anciennes forges, les documents d'un côté, la carte IGN de l'autre ; suivre du doigt les rivières et les étangs...


Le Bandiat à Bunzac (Charente), 29 décembre 2003.

Sur les cartes, sur le terrain : l'histoire de la métallurgie ancienne se fait au fil des cours d'eau. Le Bandiat, par exemple, faisait mouvoir les affineries du Limousin et les hauts fourneaux du Périgord avant de se perdre dans le karst du plateau de la Braconne. Bonne petite rivière à son entrée en Charente, elle n'est plus qu'un ruisseau à Bunzac avant de disparaître totalement. Et encore était-on en période de hautes eaux au moment de ce cliché ; pas sûr qu'on y trouve la moindre goutte lorsque l'été arrive.

La neige est tombée peu après ; comme tout le monde, lorsqu'il neige, j'essaye d'avaler des flocons en marchant. Quitte à arrêter la voiture au bord d'une route forestière déserte pour ça.

Le Plume vous salue bien.



samedi 17 février 2007

Cape Town

À Cape Town, l'après-midi, la montagne de la Table se drappe d'une nappe de brouillard qui s'étend progressivement à la montagne du lion voisine, à Signal Hill, et à l'avant-port, juste en dessous. Du coup si le bateau-pilote revient au port en fin de journée, c'est vers la grisaille qu'il pointe son étrave.


Entrée du bateau-pilot au bassin Victoria & Albert, Cape Town, février 1997.

La grisaille : le moins que je puisse dire est qu'on y est en plein, ces jours-ci. Un moment à passer.

Le Plume vous salue bien.



jeudi 15 février 2007

Portland, Maine

Autre terre, autre mer, autre port... À Portland (Maine), les homards ont un accent très particulier. Enfin, s'ils parlaient, ils en auraient un, c'est sûr.

Plus on remonte vers le Nord le long des côtes de la Nouvelle-Angleterre, plus les accents s'épaississent et moins les specials débités prestissimo par les serveuses à votre table sont intelligibles. Passé Newburyport, commander un plat du jour devient périlleux ; de la haute voltige une fois rendu dans l'État du Maine.


Retour d'un Lobsterman, Portland (Maine), juillet 2001.

À Portland, le plat du jour, ce sera sans doute du homard. J'y avais pourtant mangé un bar de ligne qui se posait un peu là. J'ai déjà dû dire du bien de Portland par ici, de toute façon. Je persiste et signe.

Outre les repas de fruits de mer, nous y avions acheté de jolies mezouzoth et quelques accessoires de photo ; surtout, marché sur les docks, dans le vent et la lumière. Portland, Maine : je reviendrai.

Le Plume vous salue bien.



mercredi 14 février 2007

Portofino

Pluie et vent sur la voie sur berges ce matin ; journée grise, grise, grise. Alors, se souvenir de la côte ligure un jour d'été, même un peu gris luis aussi - des barques vernies allignée face au vieux château.


Portofino, juillet 2005.

Deux, trois images et puis s'en vont...

Le Plume vous salue bien.



mardi 13 février 2007

Démarrages

Bien sûr, Julia Kristeva a raison : le projet de nouveau campus de l'université Paris-Diderot est sous-financé, pas forcément bien pensé et sa réalisation a été suivie par un incroyable empilement d'éléphants blancs. Mais quand même : après des années à en entendre parler, à y travailler un peu aussi, voir les premiers bâtiments commencer à vivre leur vie de bâtiments universitaires, ça n'est pas rien.


La Halle aux farines et les bâtiments Condorcet et Buffon.
Vue du huitième étage des Grands Moulins, vendredi dernier, fin d'après-midi.

Bon, il faudra que les étudiants s'y fassent plus nombreux pour que ça devienne intéressant ; que fritiers, barmen et bouquinistes s'installent dans les rues voisines. Une question de temps, sûrement.

Le Plume vous salue bien.



lundi 12 février 2007

Fendre les flots

Un peu de couleur pour un jour de pluie : l'étrave de l'USS Olympia, croiseur américain de la guerre hispano-américaine de 1898. Ça ne date pas tout à fait d'hier, c'est le moins qu'on puisse dire.


USS Olympia, Penn's landing, Philadelpie, décembre 2006.

Oui : je revendique mon droit à écarquiller les yeux sur des bateaux de guerre, qu'ils soient américains, français ou moldo-valaques. Restons gamins, quoi !

On aura tout loisir après de méditer sur le premier expansionisme américain qui s'ouvre avec la guerre de 1898, se poursuit avec la politique du big stick de Teddy Roosvelt et la participation, bon gré mal gré, à la première guerre mondiale, avant de s'embourber dans les expéditions de soutien à la Russie blanche et de s'achever par un retour brutal à l'isolationisme au début des années 20. Ce qui correspond précisément à la carrière de l'USS Olympia. Mais on n'a pas besoin d'être historien à jet continu, non plus.

Le Plume vous salue bien.



dimanche 11 février 2007

Hivernage

Il pleut. Une pluie d'hiver, une pluie qui dure. Sous les fenêtres le zinc qui couvre le cinéma voisin se mouchette d'abord, puis prend un gris sombre uniforme. Le vent agite les branches de notre petit jardin suspendu parisien. J'ai toujours 36 ans.

À ce propos j'ai trouvé un joli texte de Saint-Exupéry sur l'âge d'un homme - dans Lettre à un otage, que j'ai lu d'une traite, debout, la tranche du livre appuyée sur le rayonnage où je l'avais découvert. Mais l'âge dont il s'agit, c'est 37 ans ; ça attendra l'an prochain.


La gare d'Orsay vue du quai des Tuileries, lundi 5 février 2007.

Le projet qui m'avait amené au musée d'Orsay la semaine dernière est bouclé, puisque les agrandissements des photos que j'y avait faites sont arrivés jeudi chez leur destinataire en Californie du Sud. Le format de l'enveloppe Fedex utilisée (10×15") ne me permettait pas de m'y glisser.

Le Plume vous salue bien.



vendredi 9 février 2007

Tempus fugit

J'ai 36 ans aujourd'hui. Comme le temps passe...


L'horloge de l'ancienne gare d'Orsay, Paris, lundi dernier, 11h13.

Pour changer de sujet : les photos d'hier et d'aujourd'hui sont réalisées avec un film Fujicolor Pro 400H, aux couleurs beaucoup plus neutres que les Superia destinées au grand public - qui essayent toujours de transformer le monde en costume d'arlequin vivement coloré. Là, ce sont les gris, les beiges... Très bien pour l'hiver parisien, je trouve.

Le Plume vous salue bien.



jeudi 8 février 2007

Sur les quais

De temps en temps, on fait une phto dont on est vraiment content, toujours par hasard - les fins de rouleaux se prêtent bien à ça. Fin de rouleau donc, lundi dernier, quai des Tuileries.

Le Plume vous salue bien.



mercredi 7 février 2007

Neige sur un patio coréen

La pénombre d'hier, ce n'était pas l'effet de mes paupières à moitiés closes ni d'un pare-brise à moitié crade - c'était un ciel de neige, tout simplement. Hier on a eu les nuages, ce matin la neige ; elle ne faisait que passer. Même pas fait semblant de tenir sur les chaussées, et tant mieux pour le trajet en scooter, mais ça faisait plaisir de la voir quand même.


Les Grands Moulins sous la neige ce matin.

Ah, oui : ce patio est un jardin coréen, inauguré en grande pompe par M. l'ambassadeur de Corée il y a quelques mois de ça. Juste à côté de la bibliothèque de l'UFR des langues et civilisations orientales, il est vrai. Et je crois qu'à terme il y aura plus de plantes.

Parce que là, il y a pas, même avec la neige, c'est sobre.

Le Plume vous salue bien.



mardi 6 février 2007

Pénombre

Il était question de lumière dans l'entrée d'hier ; ce matin, il y en avait tellement peu dans le ciel de Paris que je me demandais si je n'avais pas les yeux aux trois-quart fermés. Ce qui aurait été d'une part plausible, vu que je suis à ramasser à la petite cuiller, et d'autre part gênant, puisque j'étais alors au volant.

E la nave va. Au boulot, toute l'équipe commence à être usée de fatigue. Demain, petits fours et tralalas : inauguration officielle du nouveau campus, ça c'est important, bien plus que l'état de fatigue des coupeurs de joints qui travaillent en coulisses. La priorité du jour n'était pas pour nous mais pour les services techniques : il fallait de toute urgence poser des bâches pour masquer à la vue des officiels les chiottes des ouvriers du chantier. Parce que le chantier est loin d'être terminé, mais il faut faire comme si... N'en parlons plus.


Le pont de la rue de l'aqueduc vu de la rue Lafayette, samedi 3 févirer 2007.

L'autre jour je parlais des aiguillages. La pièce clé d'un aiguillage, c'est la pointe de cœur - le point de rencontre entre le rail de droite de la voie de gauche et le rail de gauche de la voie de droite. Rails qui se croisent, évidemment, puisque le rail de gauche de la voie de droite va à la rencontre du rail de gauche de la voie de gauche, et idem pour les rails de droite. Je ne sais pas si vous me suivez.

La vitesse à laquelle peut être franchie un aiguillage dépend de l'angle que font les rails à la pointe de cœur ; pour que les trains aillent vite, cet angle doit être faible - et la pointe de cœur ressemble plutôt à une lame de couteau.

Je ne sais plus au juste pourquoi je voulais parler de ça. Si ça me revient, je vous en reparlerai.

Le Plume vous salue bien.



lundi 5 février 2007

X X X X X

Dans ma tête depuis plusieurs jours : White Rabbit des Jefferson Airplanes, ballade psychédélique sur le thème d'Alice au pays des merveilles. Pour le coup, c'est sûr, ce n'est pas très bon signe.

Tell'em a hookah-smoking caterpillar
Has given you the call

Mais si l'espace est saturé d'images, votre communication pourra-t-elle aboutir ?


Sur le pont de la rue Lafayette, samedi après-midi.

Pour faire de belles images, prenez de la lumière. De la couleur, aussi, si vous voulez. Pas forcément vives, les couleurs, mais c'est plus facile. À condition d'avoir de la lumière. On peut aussi faire complètement autrement, je suppose.

Remember what the dormouse said
Feed your head
Feed your head

Le Plume vous salue bien.



dimanche 4 février 2007

Aiguillages

Les postes d'aiguillage sont le centre nerveux des voies ferrées - impossible de faire fonctionner le système si l'on doit crapahuter à travers les voies pour faire bouger l'aiguille. Et sans mouvements d'aiguilles, pas de réseau ferré, juste des tronçons séparés et sans grand intérêt, comme ce fameux aérotrain Bertin dont le monorail en béton traverse la Beauce - mais allez faire des aiguillages en béton armé !


Poste d'aiguillage de la gare de l'Est, rue Philippe de Girard, samedi après-midi.

Mais cependant, pour le permissionnaire de retour de Mourmelon ou le banlieusard qui rentre à Lagny-Thorigny, le poste d'aiguillage, c'est un édifice peu spectaculaire qu'il ne regarde même pas. Paris, poste 1. Dans les rapides à numéro pairs, on se bouscule pour descendre d'improbables valises des portes-bagages ; dans le train de banlieue, le voyageur replie sont journal ou sort son crayon pour reprendre son sudoku. Derrière les murs, derrière les vitres, se décident les directions de chacun.

Le Plume vous salue bien.



samedi 3 février 2007

Ferroviaire

Belle lumière aujourd'hui - donc matériel photo en bandoulière et départ en vespa pour... nulle part en particulier, juste prendre des photos. Pas bien loin, finalement : juste au nord de la gare de l'Est (et d'ailleurs à l'est de la gare du Nord), là où les rails se mélangent à la ville. Rue Lafayette, rue de l'Aqueduc, rue Louis Blanc, rue Philippe de Girard... Des coins qu'on traverse parfois, où l'on s'arrête rarement.


Les voies de la gare de l'Est et le pont du boulevard de la Chapelle vus de la rue Louis Blanc, cet après-midi, 15h30.

Puis, parti vers le Père Lachaise photographier le buste d'un peintre académique du siècle dernier, casé entre un président de la Troisième République et un grand homme de la Deuxième. Je vous en reparlerai.

Plus ça va, plus j'aime photographier. C'est sûrement signe de quelque chose mais je ne sais pas de quoi.

Le Plume vous salue bien.



vendredi 2 février 2007

Fumeux

Bon. Je suis complètement brouillardeux aujourd'hui, claqué, naze, HS, lessivé, rincé, ciré. Faute d'autre idée, c'est donc le moment idéal pour répondre à la question que vous vous posez tous : quelle est mon opinion sur l'interdiction de fumer dans les lieux publics ?


Rien de tel qu'une bonne pipe, dit-on : vitrine au Palais-Royal, janvier 2006.

Eh bien, voyons voir... Voilà : je n'en pense rien. Ou pas grand chose. Les fumeurs ne vont pas s'arrêter de fumer pour si peu. Les seuls endroits où ça pourrait faire une différence, c'est dans les bistrots ou les restos, où la mesure ne s'applique pas. Je suis non fumeur ; j'ai un peu de mal à supporter les ambiances très enfumées. En même temps, je ne me transforme pas en monstre vert à la vue d'une cigarette. Par contre, étant uni pour le meilleur et pour le pire à une fumeuse, les kilomètres de couloirs parcourus dans les aéroports à la recherche de lieu où la cigarette est tolérée me pèse autant qu'à elle, si ce n'est davantage... Par contre, c'est vrai qu'il y a des asthmatiques pour qui la cohabitation avec la fumée de cigarette est un vrai problème.

Bref, c'est ce que je disais au début : je n'ai pas la moindre opinion sur la question. Ah, si : ça va faire chier cet empaffé de José Bové. Il y a donc du bon là dedans.

Le Plume vous salue bien.



jeudi 1 février 2007

Nouvelle d'un monde flottant (3)

La révolution industrielle qui a fait le monde que nous connaissons, ce n'est pas celle des années 1730 à 1830, la machine à vapeur, le haut fourneau au coke et la naissance du prolétariat. C'est, beaucoup plus près de nous, celle qui voit l'arrivée de deux énergies nouvelles donnant à l'homme mécanisé une agilité à laquelle il ne s'attendait pas - les dérivés du pétrole et l'électricité.

Les souvenirs de celà : les vieilles centrales électriques comme celle de Philadelphie, structure massive au bord de la Delaware, par où arrivait le charbon, avec les taches de rouille qui marquent le temps - cette fée électricité n'est plus une jeune fée clochette qui virevolte devant les espoirs des hommes.


Philadelphie : la centrale électrique vue des berges du centre-ville, décembre 2006.

C'est ce monde industriel-là qui vieillit sous nos yeux, mort et enterré à Billancourt, poussiéreux dans les vallées alpines, rouillé à Detroit ou à Pittsburgh. Le monde d'une industrie que nous n'aimons plus, tout en consommant ses produits plus que jamais. Il nous faut du naturel, maintenant - comme si ça voulait dire quelque chose...

Le Plume vous salue bien.



mercredi 31 janvier 2007

Nouvelles d'un monde flottant (2)

La marée basse et la brume s'entendent parfois pour jouer aux ombres chinoises avec bateaux, arbres et maisons à toits d'ardoise.


Baie de Perros, 25 avril 2004.

Balise rouge à voyant rectangulaire : laisser à bâbord en rentrant au port. Mais il n'y a pas d'eau et le port est fermé. Si d'aventure vous tentez de traverser à pied, gare à vos bottes : d'aucun ont ainsi laissé les leurs dans des tenaces vasières. Ni terre, ni mer : c'est l'estran.

Le Plume vous salue bien.



mardi 30 janvier 2007

Nouvelles d'un monde flottant (1)

Aux confins Ouest de la ville du Cap, bien au delà de la métropole proprement dite, l'Apratheid avait relégué les Noirs, que l'idéologie officielle considérait comme étranger à la province du Western Cape. Pour fournir aux mêmes populations un habitat décent, la démocratie post-Apartheid n'a trouvé d'autre solution que de construire encore plus loin alors même que les coûts des transports pèsent lourd dans les budgets de ceux qui ont un emploi.


Blue Deft, dernier fragment d'une ville sans contours, février 1997.

Est-on en ville ? Dans une banlieue ? Dans quelque chose d'autre ? Qui peut le dire... Les villes sud-africaines mettent à mal les dictionnaire de géographies.

Je ne sais pas si ce weblog a un objectif ou une vision précise ; mais si quelque chose devait s'en dégager, j'aimerais bien que ce soit ça : au jour le jour, parler d'un monde en flottement.

Le Plume vous salue bien.



lundi 29 janvier 2007

Interlude charentais

Avec tout ça, mes chères études sont un peu à la traîne... Heureusement, il y a les copains : on m'envoit une liasse de documents récupérés par une association avec laquelle il fait bon percer des tonneaux pour boire des canons ; parmis ceux-là, un certain nombre de pièces (enfin, leur copies ou transcriptions, bien sûr) que j'avais cherchées en vain dans divers dépôts d'archive.


Blés verts et toits de tuiles, Chazelle (Charente), 6 juin 2004.

Bien joué, les gars. Du coup, il y a plein de trucs qui s'éclairent et une cohérence qui se forme. Le travail de recherche avance aussi par ces biais là.

Du coup, je lève un verre rempli de pineau régional aux historiens bon vivants d'Angoumois ou d'ailleurs !

Le Plume vous salue bien.



dimanche 28 janvier 2007

Le père Lachaise est de retour

Le cimetière du Père Lachaise ferme à 17h30 en cette saison - ce qui signifie qu'une promenade là-bas, si l'on a un peu traîné après le déjeuner, est forcément hâtive. Il est vrai que les résidents du lieu sont là pour longtemps ; on pourra toujours repasser plus tard. Et en attendant, si on veut atteindre le mur des fédérés via le tombeau d'Oscar Wilde, mieux vaut ne pas partir du bas des escaliers.


Cimetière du Père Lachaise, mars 2005.

Pas beacuoup de photos aujourd'hui - pas de photos sans lumière et, de lumière, il n'y avait guère ; encore moins passé l'heure du thé. Promenade au milieu d'histoires de vie que résument sur des pierres quelques mots et quelques dates. On tente de reconstruire des narrations de ce squelette de biographie. Cette jeune fille à l'air un peu sévère dont la sculpture orne le caveau est-elle la jeune épouse de cet homme ou bien sa fille ? Ayant contourné le caveau et trouvé les noms de sa femme et de sa belle-mère, nous abandonons la première hypothèse pour la seconde, à notre grand regret narratif.

Un peu plus loin, c'est l'histoire collective qui se montre, « pour mémoire » - ce qui ne veut pas dire grand chose, évidemment, sinon qu'il est bon de se souvenir que, parfois, on rencontre l'incompréhensible. Au bout du cimetière, le mur où furent fusillés les insurgés de la Commune ; juste en face, Waldeck Rochet tente de faire ainsi oublier qu'il est mort dans son lit et Maurice Thorez lors d'une croisière de luxe en mer Noire.

Le cimetière fermait ses portes - l'employé communal a verrouillé derrière nous la poterne qui débouche sur la rue de la Réunion. Nous n'avons donc pas vu la tombe de Thomas Couture (Senlis, 1815 - Villiers-le-Bel, 1879), peintre académique français dont nous ignorions d'ailleurs totalement qu'il était enterré là.

Le Plume vous salue bien.



samedi 27 janvier 2007

Au passage

Sur les bords de l'Interstate, quelque part dans le High Californian Desert, les arbres de Josué regardent s'écouler le trafic...


Interstate 15, San Bernardino County, Californie, août 2004.

Un séjour en Californie cet été est de plus en plus probable. En tout cas, on en a de plus en plus envie. J'aimerai étendre ce voyage au Sud-Ouest des États-Unis, plus généralement - Nevada, Utah, Arizona... On verra. On triera le possible, l'impossible, le pas impossible mais presque, etc.

Apparté : mes statistiques indiquent que j'ai quelques lecteurs ou lectrices en Belgique. Amis beligicains : à partir du 3 février, allez faire un tour à la gallerie Erna Hecey, 1C rue des Fabriques/Fabrieksstraat, à Bruxelles. Eleanor Antin y expose ses œuvres, qu'on voit encore trop peu en Europe. On envisage d'y venir depuis Paris, alors, si vous êtes sur place, ce serait dommage de vous priver :!

Le Plume vous salue bien.



jeudi 25 janvier 2007

Paris au fil des jours

Les journées se suivent et se bousculent. Du coup, pas de longs discours : un boulevard parisien (celui que j'honore de ma domiciliation) par un beau jour de début d'été, une saison en pente douce, léger faux plat vers les grandes vacances, année mille neuf cent quatre vingt dix-neuf.


Paris, Boulevard de Strasbourg, juin 1999.

Vous savez l'effet que font les comédies française des années 70, Un éléphant ça trompe énormément, etc. Les images de Paris qui montrent Paris mais aussi le temps qui a passé depuis ; les mêmes bouches de métro, mais d'autres voitures, d'autres habits, une autre ambiance... Cette photo me fait un peu cette impression-là. Pas si loin, pourtant ! La forme d'une ville...

Le Plume vous salue bien.



mercredi 24 janvier 2007

Ce que parler veut dire

À l'École nationale des Beaux-Arts ce soir on ne dessinait pas, on ne sculptait pas : on écoutait parler. Le poète américain David Antin parlait - sa poésie à lui, c'est la parole. Pas de lecture : un monologue improvisé dont il tire les textes qu'il publie. Ou alors, si c'est une lecture, c'est une lecture par anticipation, puisque les textes correspondants ne seront publiés que plus tard.


La Jolla, San Diego (CA), été 2003.

David fait partie des poètes et artistes qui se sont installés à San Diego dans les années 1960 pour travailler à l'université de Californie, San Diego qui venait d'être créée - initialement sous le nom d'UC-La Jolla puis d'UCSD. L'écouter me ramène un petit peu en Californie, bien sûr - les plages de La Jolla ou de Solana Beach ou les canyons de Carmel Valley. Mais l'essentiel n'est pas là.

Quand il parle, David parle de langage, de vie et de mort. De mort en général mais aussi en particulier - la mort d'un proche, tué sans raison dans un salon de thé de Hillcrest (un quartier de San Diego) où nous avions dégusté il y a quatre ans de délicieuses tartelettes. La mort comme limite du langage et du sens. David Antin observe qu'en français parlé on utilise le vocabulaire de la volonté pour parler de signification : il y a ce qu'on dit et ce que ça veut dire. Que peut signifier le verbe vouloir dans une tournure impersonnelle ? Si ça veut, qu'est-ce que c'est que ça ?

Bien sûr, qu'on en sait rien. Mais on (David Antin, vous, moi) peut jouer avec la question - puisqu'on est vivants.

Le Plume vous salue bien.



mardi 23 janvier 2007

Feuilleté culturel

J'avais dit hier que j'achevais ma mini-série sur le Japon ; seulement voilà : je ne le peux. En effet, montrer seulement des photos de temples comme si le Japon se limitait à ça, ça me déplait. Donc, un petit bout de Japon contemporain s'impose. Ça tombe bien, il n'est jamais très loin.


La gare de Kyoto vue de la terrasse, août 1998.

Allez au Japon pour chercher je ne sais quelle sagesse orientale immémoriale, c'est perdre son temps. Ce qui importe, c'est le feuilletage : les hautes technologies et les sanctuaires shintô, le base ball et la calligraphie traditionnelle... et toutes les combinaisons possibles en terme de résurgence, de réappropriation, d'ironie, de marchandisation, de recyclage culturel. C'est ça, ce qui mérite le voyage !

Le Plume vous salue bien.



lundi 22 janvier 2007

Salon de thé

Pour terminer cette mini-série japonaise : la reconstitution d'un pavillon de thé, construction dédiée spécifiquement aux rafinement de la cérémonie du Chanoyu - la préparation du thé.


Kinkakuji, Kyoto, août 1998.

Lesdits raffinements semblent d'ailleurs laisser perplexe un touriste japonais de passage (car les touristes japonais sont particulièrement nombreux au Japon - étonnant, non ?). Ou bien est-ce, tout simplement, qu'il faisait déjà très chaud du côté du Pavillon d'or en cette fin de matinée...

Le Plume vous salue bien.



dimanche 21 janvier 2007

De mousse et de buis

Les jardins de sable sont des jardins de lumière ; les jardins de mousse sont des jardins d'ombre. Curieusement, l'art du jardin de mousse ne fait guère couler d'encre et ne déplace pas les touristes du monde entier ; c'est pourtant l'autre versant du jardin à méditer des temples Zen. Il faut dire qu'il y fait froid et humide, comme il convient au développement des mousses, que c'est une construction qui se regarde de près, alors que les raies du rateau dans le gravier ne prennent forme qu'à distance ; que toute ces caractéristiques réunis en font des jardins peu photogéniques, ce qui n'aide pas à les promouvoir.


À défaut d'un jardin de mousses, un jardin avec de la mousse :
le bassin du temple du pavillon d'argent, Kyoto, août 1998.

Mais comme le jardin de sable, le jardin de mousse parle du temps et de l'homme - l'homme qui achemine les gouttes d'eau sur la roccaille pour favoriser tel type de mousse à tel endroit, au fil des ans... Transformation plutôt que construction, petits arrangements avec l'univers.

Le Plume vous salue bien.

P.S. : tout ça est bel et bon, mais je n'arrive pas à envoyer de mail au Japon, justement. C'est quand même un comble !



samedi 20 janvier 2007

Collection de sable

Kyoto est sans doute une des villes les moins maritimes du Japon. Les seuls îlots battus par les flots qu'on y trouve, ce sont les rochers du jardin de sable du Ryoanji.


Jardin de sable du Ryoanji, août 1998.

On avait contemplé ces rochers tout en lisant Italo Calvino dans une entrée d'il y a bientôt deux ans. Quelle serait la durée additionnée des instants passés par chaque spectateur à les regarder ?

Ajoutons qu'en temps linéaire usuel cette photo a, à deux semaines près, l'âge du fils aîné d'un ami que je vais revoir bientôt - l'ami, le fils et le reste de la famille. Voilà une nouvelle qui fait d'aujourd'hui une belle journée.

Le Plume vous salue bien.



vendredi 19 janvier 2007

Promenons-nous dans les bois...

...pendant que le loup n'y est pas...

Les habitués de ces pages se rappellent peut-être de la conférence à laquelle j'avais participé l'été dernier à Varaignes et Etouars (Dordogne). Comme je crois comprendre que les membres de l'association organisatrice ont récemment découvert ce blog, voici un petit clin d'œil qui rappellera l'été !


Un paléométallurgiste polonais dans le taillis de châtaigner d'Hautefaye (Dordogne), 16 juillet 2006.

Le lien entre taillis et métallurgie est évident : c'est ainsi qu'on produisait les bûchettes propres à être transformées en charbon de bois. Lequel était le combustible exclusif des hauts-fourneaux jusqu'à la toute fin du XVIIIe siècle - le coke, produit à partir de la houille, ne le remplace que graduellement au siècle suivant1. Le lien avec la Pologne est plus circonstanciel : les associations organisatrices2 avaient convié des spécialistes polonias de la métallurgie ancienne à se joindre à nous.

Si on combine le tout, on obtient quoi ? De bons moments, sympas et fructueux. Quand je pense qu'il y en a pour trouver l'histoire des techniques trop austère...

Le Plume vous salue bien.

1 les tonnages de fonte produite au coke ne dépassent lade fonte au bois qu'en 1853, les deux courbes étant alors ascendantes. Le tonnage de fonte au bois commence cependant sa décroissance quelques années plus tard.

2 La Route des Tonneaux et des Canons et le Centre permanent d'intitiatives pour l'environnement du Périgord-Limousin.



jeudi 18 janvier 2007

Pendant ce temps...

Et pendant ce temps, à Kobe, un bœuf en bronze massif vétu d'un tablier de soie regarde passer les porte-containers.


Kobe, 30 août 1998.

Il faut dire que le bœuf de Kobe est célèbre : en gros, c'est un bœuf qui passe ses journées vautré sur un canapé à manger du riz en regardant le sumo à la télé. Une viande très tendre, très persillée, savoureuse, et bien entendu hors de prix. Il méritait donc bien d'avoir son sanctuaire sur un promontoire au dessus du « quartier européen » de Kobe !

Le Plume vous salue bien.



mercredi 17 janvier 2007

Dans un magasin de porcelaine

Les rues nord-sud de Philadelphie sont numérotées : Second Street, Twelfth Street... C'est classique dans les villes américaines en damier mais Philly est, historiquement, la première à s'y mettre.

En fait, il n'y a pas (ou plus) de First Street, remplacée par l'autoroute urbaine qui longe le fleuve. Il y a par contre une Second Street, au bout de la ville historique. On y trouve par exemple le plus vieil ensemble locatif du pays (il date du début du XVIIIe siècle). C'est surtout, pour une raison qui m'échappe, là que se concentrent tous les fournisseurs d'articles pour restaurateurs. Faïence, batteries de cuisine... Tout ce qu'il vous faut pour monter le petit resto dont vous avez toujours révé.


Philadelphie, 2nd Street, 29 décembre 2006.

Heureusement, pas d'éléphant à signaler dans ce magasin de porcelaine. Ni de taureau d'ailleurs, puisqu'en anglais le proverbe parle de bull in a china shop. De toute façon, l'éléphant est la mascotte du parti républicain alors que Philly est solidement démocrate...

J'aime bien cette façade. J'aime bien cette deuxième rue qui tourne mal sous le colossal tablier du pont suspendu qui traverse le fleuve. J'aime bien Philadelphie

Le Plume vous salue bien.